L’Algérie renoue avec la contestation
l Depuis lundi dernier, une grève générale est observée – notamment par les commerçants – en soutien aux revendications des chômeurs et aux personnes arrêtées suite aux émeutes.
La colère de la population face à des problèmes de gestion de l’Etat (coupure d’eau, absence de ramassage des ordures...) ou à des questions liées à la crise économique (chômage, pénuries…) s’est manifestée, ces dernières semaines, par des actions de protestation dans diverses régions du pays. Les protestataires ont eu recours à des actions violentes : émeutes, coupures de route, ordures incendiées…
Dans le sud du pays, le mouvement de protestation des chômeurs se poursuit depuis plusieurs jours à Ouargla. Il avait tourné à l’affrontement suite à l’intervention des services de sécurité pour disperser une marche organisée par les chômeurs à Hassi Messaoud. Depuis lundi dernier, une grève générale est observée – notamment par les commerçants – en soutien aux revendications des chômeurs et aux personnes arrêtées suite aux émeutes. La grogne trouve son origine dans l’affichage des offres d’emploi pour des filiales de Sonatrach, sans que les personnes intéressées par les postes proposés puissent déposer leurs dossiers de postulation. Les premiers rassemblements ont d’abord viré aux coupures de route, avant de se transformer en émeutes en réponse à l’intervention violente des forces de l’ordre. En février dernier, des citoyens de Touggourt avaient également manifesté pour réclamer des postes de travail et dénoncer ce qu’ils considèrent comme une «injustice». La situation n’est pas plus reluisante dans la capitale, qui voit émerger les «émeutes de la soif» suite à un plan de rationnement de l’eau potable. Dans la nuit de lundi dernier, des habitants ont coupé la route à Hammamet, près de Baïnem, sur la côte ouest d’Alger, mettant le feu à des objets hétéroclites au milieu de la chaussée. Des scènes similaires de citoyens excédés ont été observées le 8 juillet dans quelques quartiers d’Alger, comme Bordj El Bahri, Qahwat Chergui et Chateauneuf.
A deux reprises, depuis fin juin, la route de l’aéroport d’Alger a été fermée par les habitants de la cité AADL de la Réconciliation nationale de Bab Ezzouar, pour crier leur colère face à la gestion des ressources en eau.
Aux grands maux les grands remèdes. A Aïn Ouessara, les habitants ont brûlé les poubelles sur la voie publique en plein centre-ville pour protester contre l’absence de ramassage des ordures et appeler le wali à assumer ses responsabilités. Les photos qui circulent donnent une impression de chaos. Des images qui tendent à se multiplier, tant le volcan en ébullition n’est pas près de s’éteindre, alimenté par une crise multidimensionnelle nécessitant une prise en charge urgente.