Nouvelle offensive des forces rebelles
L Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté une résolution appelant au retrait immédiat des troupes érythréennes du Tigré.
Les forces rebelles ont affirmé hier avoir lancé une nouvelle offensive dans la région éthiopienne du Tigré (extrême nord), rapporte l'AFP. L'opération intervient deux semaines après la reprise de la capitale régionale Mekele, par les insurgés, qui a conduit le gouvernement éthiopien à déclarer un cessez-le-feu. «Hier, nous avons lancé une offensive dans la région de Raya (sud du Tigré) et nous sommes parvenus à mettre en déroute les divisions des forces de défense fédérales et des forces amhara», a déclaré un porteparole des rebelles, Getachew Reda. «Nous sommes parvenus à sécuriser la majorité du sud du Tigré», a-t-il ajouté, affirmant contrôler, notamment, Alamata, principale ville de cette zone. «Nous avons promis de libérer chaque centimètre carré du Tigré», a indiqué le porte-parole. A l'ouest, zone située aux confins de l'Ethiopie, de l'Erythrée et du Soudan, des combats sont en cours, a-t-il aussi indiqué. Hier matin, une source onusienne a fait état de tirs d'artillerie près d'Emba Madre, une localité de l'ouest.
Plus tard dans la journée, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a adopté une résolution appelant au retrait immédiat des troupes érythréennes du Tigré. Comme il a exprimé son inquiétude face aux violences dans cette région. «Ce qui se passe dans la région du Tigré en Ethiopie est épouvantable», a déclaré l'ambassadeur Lotte Knudsen, cheffe de la délégation de l'Union européenne (UE) auprès des Nations unies à Genève, qui a présenté la résolution. «Il est impératif que le Conseil des droits de l’homme se saisisse de la situation», a-t-elle dit. La déléguée de l'Ethiopie, qui ne fait pas partie des 47 membres du Conseil, a déclaré qu'elle rejette la résolution. «Cette résolution est une manifestation de mépris à l’égard de l’enquête conjointe en cours, dans l’intention d’influencer sa conclusion», a déclaré Mahlet Hailu Guadey, faisant référence à une enquête menée par la Commission éthiopienne des droits de l'homme avec les Nations unies sur des violations présumées. A Bruxelles, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep
Borrell, a appelé lundi ses membres à considérer l'adoption de sanctions contre Addis-Abeba, affirmant que la situation «n’a jamais été pire» au Tigré. De leur côté, les Etats-Unis ont à nouveau affirmé lundi que des «actes de nettoyage ethnique» ont eu lieu au Tigré et appelé toutes les parties à protéger les civils.
DU RÉTABLISSEMENT DE L'ORDRE À LA GUERRE
Après des mois de tensions, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, annonce, le 4 novembre 2020, le lancement d'une opération militaire contre les autorités du Tigré, qu'il accuse d'avoir attaqué deux bases de l'armée fédérale dans la région. Accusations rejetées par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Le 9 novembre, A. Ahmed promet une intervention rapide. Des informations commencent à attester de la présence de troupes venues d'Erythrée. Le 26, il ordonne le lancement de l'offensive finale contre la capitale régionale Mekele. Deux jours plus tard, il déclare contrôler la ville, affirmant que l'opération militaire est «terminée». Mais les combats se poursuivent. Pendant des mois, Addis-Abeba et Asmara, deux pays de la Corne de l'Afrique, nient toute présence militaire érythréenne au Tigré. Le 23 mars, le Premier ministre éthiopien reconnaît cette présence, puis annonce trois jours plus tard que les troupes érythréennes vont se retirer. Début avril, l'Ethiopie assure que l'évacuation des troupes érythréennes a commencé. Le 23 mai, Washington impose des restrictions de visa à des responsables érythréens et éthiopiens. Le 21 juin, l'Ethiopie organise des élections législatives et régionales, scrutins reportés au Tigré. Selon des résultats annoncés le 10 juillet, le Parti de la prospérité d'Abiy Ahmed a remporté une large majorité dans les circonscriptions où s'est tenu le vote. Le 28 juin, les forces pro-TPLF, qui se font appeler les Forces de défense du Tigré (TDF), entrent dans Mekele. Les autorités dissidentes du Tigré assurent que leur lutte va «s’intensifier» jusqu'à ce que tous les «ennemis» quittent la région, malgré un cessez-le-feu décrété par le gouvernement éthiopien.