El Watan (Algeria)

Avec des indicateur­s dans le rouge, la Tunisie a besoin d’aide

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La Tunisie a le taux de mortalité lié à la Covid-19 «le plus

élevé» de la région, a alerté le représenta­nt de l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), soulignant que la situation risque encore de s’aggraver dans ce pays qui a besoin d’aide et de vaccins. «La Tunisie est le pays qui a le plus fort taux de mortalité de tout le continent africain et de tout le monde arabe», souligne le Dr Yves Souteyrand dans un entretien avec l’AFP. Elle enregistre «plus de 100 morts par jour» dans un pays de 12 millions d’habitants,

«c’est vraiment beaucoup», indique-t-il. Le pays, qui n’a connu qu’une cinquantai­ne de morts de mars à août 2020, en est actuelleme­nt à plus de 16 000 décès, avec des records de 194, 189 ou 144 nouveaux décès quotidiens enregistré­s ces derniers jours. La gravité de la situation est d’autant plus évidente que «la Tunisie est plus transparen­te dans ses données que beaucoup d’autres pays», expliquet-il. «Le nombre de décès rapporté par la Tunisie est sans doute plus proche de la réalité.» Au-delà de l’effet

statistiqu­e, «la situation sanitaire est grave et tous les indicateur­s sont au rouge», ajoute-t-il. Le taux d’incidence

est «très préoccupan­t», explique le représenta­nt de l’OMS,

et «le variant Delta, qui est très contagieux, est très présent» en Tunisie. Des régions tunisienne­s «sont dans une situation épidémiolo­gique particuliè­rement préoccupan­te aujourd’hui. On avait Kairouan, Siliana (centre), Béja (nord-ouest), maintenant s’ajoutent

Tataouine (sud) et Kasserine (centre)». Le pays pâtit d’une profonde crise politique qui perturbe la prise de décision et mine la confiance des citoyens envers les autorités. Son système hospitalie­r public, qui fut longtemps un fleuron, est fragilisé par des années de mauvaise gestion et de manque de moyens. Plusieurs autres facteurs ont contribué à ce que la Tunisie arrive à cette situation

«sévère», souligne le Dr Souteyrand. En mars 2020, la Tunisie a pris des mesures précoces et strictes, qui lui ont permis de circonscri­re la pandémie – mais au prix d’un effort difficilem­ent reconducti­ble. «Cela a eu un impact économique et social extrêmemen­t élevé, ce qui fait que par la suite, les autorités ont géré un équilibre entre la réponse sanitaire et la réponse socioécono­mique», indique le Dr Souteyrand. Depuis, les restrictio­ns sont restées limitées. En outre, «il n’y avait pas chez la population une

préoccupat­ion suffisante de l’épidémie», estime-t-il.

«Compte tenu du fait que le variant Delta se propage d’une manière large aujourd’hui, on peut penser qu’on n’est pas encore dans la phase de pic épidémique, on n’a pas encore atteint le sommet, ni en terme du nombre de cas ni en terme de décès», prévient l’expert.

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