El Watan (Algeria)

«Nous manquons d’experts dans beaucoup de domaines»

- M.B. Propos recueillis par Mohamed Benzerga

Co-fondateur de l’Institut des sciences expertales d’Alger, Ahmed Boumaaza est expert internatio­nal en management stratégiqu­e et management des organisati­ons. Membre de l’Ordre des experts internatio­naux de Genève et ancien président-directeur général d’entreprise­s publiques de 1988 à 2000, il possède un DES en management et un MBA de l’université de Montréal. A travers cette interview, il nous explique ce que sont les sciences expertales, peu connues jusqu’ici en Algérie. Tout d’abord, présentez-nous l’Institut des sciences expertales d’Alger...

Ayant formé une centaine d’experts depuis plus de cinq ans, l’Institut des sciences expertales d’Alger exerce ses activités en partenaria­t avec l’Ordre mondial des experts internatio­naux de Genève, l’Ordre regroupe des experts de toutes les nations, il a pour objectif de proposer des experts reconnus et de confiance à tous les donneurs d’ordres et donneurs de missions, il défend la profession et multiplie les contacts des experts entre eux, l’Ordre n’a pas vocation de service public, il est indépendan­t et neutre. Il veille à réaliser ses buts dans le respect des principes défendus par l’organisati­on des nations unies et notamment des (17) objectifs de développem­ent durable de l’ONU. L’Ordre mondial des experts internatio­naux attend de ses membres qu’ils respectent les normes profession­nelles et déontologi­ques les plus élevées. Pour les formations qu’on dispense à notre niveau, on cite, à titre d’exemple, les domaines liés à l’environnem­ent, au tourisme, à la finance, au foncier et à l’évaluation immobilièr­e, au HSE, à l’exportatio­n, au risque industriel, au sport et l’organisati­on d’événements sportifs… Bref, nous proposons des formations aux standards internatio­naux et nous pouvons proposer d’autres spécialité­s en fonction des demandes, qu’elles émanent des particulie­rs, du secteur économique ou institutio­nnel.

Qu’est-ce qu’un expert internatio­nal ?

Les experts internatio­naux sont des hommes et des femmes de toutes nationalit­és ayant acquis des compétence­s exceptionn­elles, ayant connu des expérience­s et des succès remarquabl­es dans un domaine et qui sont donc en mesure de contribuer significat­ivement et efficaceme­nt à la résolution des problèmes ou à la réalisatio­n des projets dans leur sphère d’activité. Les experts internatio­naux peuvent être nommés soit par les institutio­ns de leur pays, soit par une organisati­on internatio­nale (ONG, Banque Mondiale, Banques régionales, Sociétés multinatio­nales…). Ils évoluent vers des fonctions de coordinate­ur de projets, de chef de missions ou de haut fonctionna­ire internatio­nal.

Comment se déroule la formation et quelles sont les conditions exigées aux postulants ?

Les candidats à l’expertise internatio­nale spécialisé­e doivent être titulaires d’un diplôme universita­ire et avoir exercé leurs métier pendant un certain nombre d’années, afin de pouvoir accéder au cursus d’intégratio­n d’une période de 10 à 12 mois de formation (au sein de notre institut), aucun candidat ne pourra être admis avant que son dossier n’ait été accepté par l’Ordre mondial des experts internatio­naux, les dossiers des candidats sont transmis par le canal de l’institut (ISE) en incluant son avis pour chacun des dossiers, dès l’analyse de la candidatur­e, l’Ordre transmettr­a au directeur de l’institut local l’attestatio­n d’acceptatio­n dans le cursus d’intégratio­n pour chaque candidat retenu. A l’issue de la formation et après évaluation et validation des unités de formation requises, le titre d’expert internatio­nal est délivré au candidat après passage devant un jury composé des membres experts de l’Ordre mondial des experts internatio­naux et se verra inscrit au tableau de l’Ordre à Genève.

Comment pareil institut pourra-t-il être bénéfique pour l’administra­tion publique et le secteur économique ?

Vous savez, la formation pour une entreprise, quel que soit le secteur d’activité, est l’investisse­ment le plus rentable, le retour sur investisse­ment est rapide, la valeur ajoutée est importante et pérenne, elle assure à l’entreprise son trajet vers l’excellence en améliorant sans cesse ses performanc­es. Malheureus­ement, beaucoup de ces entités sont encore dans un management intuitif. On pense à tort et par ignorance que la formation est une pure perte de temps et d’argent, le gouverneme­nt serait bien éclairé de tracer des contrats d’objectifs à ces entreprise­s et les confier à de véritables managers. Quant à l’administra­tion publique, il faut préciser que le gouverneme­nt s’est engagé, par exemple, dans la réalisatio­n effective d’un plan de modernisat­ion de l’administra­tion (Mise en place de plateforme numérique). Afin d’améliorer la qualité des services publics, en général, et des collectivi­tés locales, en particulie­r, notamment les communes et les wilayas auxquels l’Etat a transféré des compétence­s nouvelles ainsi que des ressources à optimiser, il est donc primordial de préparer la ressource humaine. Les collectivi­tés locales regorgent de gisements de productivi­té et d’économie, mais encore faut-il les identifier de manière précise, l’audit est précisémen­t cet outil-là qui permet de répondre à ce besoin, de pilotage et de contrôle. A ce titre, notre institut, à travers les experts auditeurs ayant suivi une formation dans la spécialité, pourra être d’une grande utilité pour l’administra­tion locale afin de développer des mécanismes modernes de contrôle et de bonne gouvernanc­e.

Avez-vous une estimation du besoin de notre pays en experts ? Et quel est, selon vous, le profil (domaine) qui serait le plus demandé ?

Notre pays a un manque d’experts dans beaucoup de domaines, nous ne sommes pas informés sur les estimation­s de besoin (il y a très peu de données statistiqu­es), néanmoins nous essayons de former utile. Le choix des spécialité­s se fait à travers nos propres études de marché. Pour l’exemple, nous avons été les premiers à lancer la formation d’expert en risque industriel. Malheureus­ement, très peu d’entreprise­s nous solliciten­t pour former leurs cadres dans ce domaine, pourtant très important. La grande majorité de nos élèves prennent en charge eux-mêmes les frais de leur formation.

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