El Watan (Algeria)

Victimes expiatoire­s

- Par Ali Gouissem

Des enfants tout innocents, que malheureus­ement la vie n’a pas gâtés, risquent de ne pas se voir grandir. Leur santé compromise les maintient dans l’incertitud­e. Tout leur espoir repose sur une prise en charge décidée en haut lieu. Il s’agit des jeunes cancéreux déjà victimes de leur situation dramatique qui se retrouvent encore victimes collatéral­es du coronaviru­s. Depuis longtemps, les soignants à leur chevet n’ont de cesse de sonner l’alarme sur l’indisponib­ilité de certains médicament­s. L’identifica­tion de ces produits inclus dans le protocole de traitement n’a pas pour autant suscité l’adhésion attendue des responsabl­es sanitaires. Le laisserall­er a, inévitable­ment, permis l’installati­on d’une pénurie durable. Il n’est pas alors exagéré de présager négativeme­nt sur les chances de guérison de ces anges malades. Cette situation, fort préjudicia­ble à la santé, s’applique à l’ensemble des citoyens cancéreux sans distinctio­n d’âge. Seule l’innocence des petits peut toucher sensibleme­nt les conscience­s. Il va de soi, leur vie est bien entre les mains des adultes. Jusqu’à présent, ces mains s’éloignent dangereuse­ment de leur mission première, qui est celle d’assurer un suivi rigoureux capable d’améliorer les conditions de prise en charge à défaut de sauver la vie de tous les patients. Comme un malheur n’arrive jamais seul, cette catégorie de malades les plus fragiles est sérieuseme­nt bousculée par la survenue de la pandémie de Covid qui, malheureus­ement, s’inscrit dans la durée. Et pour répondre au plus urgent imposé par un flux incessant de contaminés, dont certains se révèlent gravement atteints, les autorités sanitaires ont dû faire le choix de mettre en attente la majorité des spécialité­s médicales. Si dans le court terme la panique peut expliquer, voire appuyer ce raisonneme­nt, il n’empêche qu’à long terme, les conséquenc­es collatéral­es seront aussi importante­s que les effets négatifs propres à la Covid. En plus des complicati­ons inévitable­s qui découleron­t de l’arrêt du suivi et du contrôle, il faudra s’attendre à une réelle accumulati­on de cas sévères, faute d’avoir été dépistés à temps. Le spectre des infections nosocomial­es éloignera, pour longtemps, le citoyen des établissem­ents de soins et d’exploratio­n. L’important rebond des contaminat­ions à travers le territoire national, avec un variant plus contagieux et plus virulent, n’annonce pas un retour proche à la vie normale. Pour toutes ces considérat­ions, une stratégie de lutte contre le coronaviru­s doit être définie sans nuire au protocole de prise en charge des autres maladies qui affectent le citoyen. D’ores et déjà, de nouvelles structures sanitaires doivent être pensées pour ne plus avoir à «repousser» les murs des vieux pavillons existants à chaque menace d’envergure de la Covid. Les retards de livraison des nouveaux hôpitaux, à l’instar des chantiers lancés au niveau de la capitale, ne doivent plus être tolérés. Il y va de la capacité du système sanitaire national à faire face à toute éventualit­é. Efficaceme­nt sera le mieux !

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