Saad Hariri présente son gouvernement au Président
l Saad Hariri espère obtenir une réponse aujourd’hui pour mettre fin à une impasse politique qui dure depuis plus de neuf mois l «C’est le moment de vérité», a déclaré Saad Hariri, qui a déjà occupé la fonction de chef du gouvernement libanais.
Le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, a annoncé hier avoir présenté au président Michel Aoun une liste de ministres susceptibles de former un gouvernement, rapporte l’agence Reuters. Il espère obtenir une réponse aujourd’hui pour mettre fin à une impasse politique qui dure depuis plus de neuf mois. «C’est le moment de vérité», a déclaré Saad Hariri, qui a déjà occupé la fonction de chef du gouvernement libanais. «Selon moi, ce gouvernement est capable de sauver le pays et d’éviter l’effondrement», a déclaré Saad Hariri, mandaté en octobre dernier pour former un gouvernement mais qui a éprouvé les plus grandes peines à constituer un cabinet d’union nationale face à l’ampleur de la crise politique, économique et sociale.
La communauté internationale conditionne toute aide au pays du Cèdre à la formation d’un gouvernement. Lundi, l’Union européenne (UE) a annoncé par la voix de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, qu’elle prépare pour la fin juillet des sanctions ciblées contre les dirigeants politiques libanais responsables du blocage dans ce pays afin de le sortir de l’impasse. «L’échec et mat politique se poursuit au Liban et l’UE est manifestement plus préoccupée de cette situation que les dirigeants politiques du pays», a déclaré J. Borrell après une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE. Il a évoqué un régime de sanctions «équilibré». «Il ne ciblera pas les communautés, mais il sanctionnera des comportements», a-t-il soutenu.
TORNADE
Le Liban est confronté à une crise multidimensionnelle marquée par l’effondrement économique aggravé par la pandémie de Covid-19 et l’explosion d’août au port de Beyrouth. En 2018, le pays du Cèdre s’est engagé à faire des réformes en contrepartie de promesses de prêts et de dons d’un montant total de 11,6 milliards de dollars. Le 17 octobre 2019, le gouvernement annonce une taxe sur les appels effectués via WhatsApp. Cet impôt de plus dans un pays à l’économie exsangue fait exploser la colère des Libanais. Le gouvernement renonce à la taxe, mais la colère de la rue est loin d’être apaisée. Le 19, des dizaines de milliers de Libanais se rassemblent à Beyrouth, Tripoli, Tyr (sud), Baalbek (est). Plusieurs axes routiers sont bloqués. La mobilisation culmine le lendemain avec des centaines de milliers de protestataires qui réclament le renouvellement de toute la classe dirigeante, quasi inchangée depuis des décennies et jugée corrompue et incompétente. Le 29, Saad Hariri et son gouvernement démissionnent. Les manifestants reprennent leurs sit-in sur des artères à Beyrouth. Le 3 novembre, plusieurs milliers de personnes envahissent les rues, après un rassemblement de partisans du président Michel Aoun. Le 12, celui-ci attise la colère en conseillant aux mécontents d’«émigrer».
Le 19 décembre, Hassan Diab est désigné Premier ministre, mais l’appui apporté à sa nomination par le Hezbollah et ses alliés avive l’ire d’une partie de la rue. En janvier 2020, les manifestations reprennent après une période d’essoufflement. Le 21, le Liban se dote d’un gouvernement, formé par un seul camp, celui du Hezbollah et ses alliés. Le 11 février, le Parlement accorde sa confiance au gouvernement, en dépit de l’opposition de centaines de manifestants. Le 13 mai 2020, le Liban entame des négociations avec le FMI. Mais le processus est depuis au point mort. Mi-juin, des manifestations éclatent après une nouvelle dégringolade de la livre. Le 4 août, une énorme explosion dévaste le port et des quartiers entiers de Beyrouth et fait plus de 200 morts.
Le Premier ministre, Hassan Diab, a démissionné dans la foulée mais son successeur désigné, Saad Hariri, nommé en octobre, n’a pas réussi à former un nouveau gouvernement en raison de désaccords avec le président Michel Aoun. Conformément aux accords de Taëf d’octobre 1989, qui ont mis fin à la guerre civile au Liban (1975-1990), la structure du gouvernement du pays est tripartite : elle est partagée entre un président de la République chrétien, un président du Conseil sunnite ainsi qu’un président de la Chambre des députés de confession chiite.