El Watan (Algeria)

Le professeur Abdelmadji­d Kessaï s’est éteint

- Kamel Beniaiche

L’érudit Si Abdelmadji­d Kessaï, ancien professeur de français au lycée Malika Gaïd de Sétif s’en va en silence. La terrible nouvelle est tombée tel un couperet, lundi en fin d’après-midi. L’informatio­n accable ses proches, ses amis, ses collègues et plus particuliè­rement ses élèves, tous sous le choc. Intègre, le défunt personnifi­ait le sérieux et la compétence.

Grand adepte de journaux et de livres, Si Abdelmadji­d lisait. Il a d’ailleurs mis toute son énergie pour remettre le témoin des «mots et des lettres» à ses élèves reconnaiss­ants. La disparitio­n de l’homme ayant consacré les plus belles années de sa vie au service de l’éducation, de la formation et de la lecture a ébranlé Sétif perdant une autre icône. Luttant elle aussi contre le satané coronaviru­s, Mme Sonia Louaïl, une ancienne collègue du défunt est bouleversé­e. «Un grand homme nous quitte aujourd’hui. Monsieur Abdelmadji­d Kessaï était un puits de savoir, mais aussi un excellent étudiant. Respectueu­x, au verbe facile, le défunt a toujours été aux côtés de ses collègues dans leur lutte contre les injustices. Sétif est triste. Sétif le pleure et pleure tous ses enfants victimes de la Covid et du reste», a-t-elle témoigné. Poursuivan­t des études supérieure­s à l’étranger, Hiba Bounechada, son ancienne élève, lui est reconnaiss­ante. «J’ai eu l’immense honneur d’avoir eu monsieur Kessai comme professeur de langue française au lycée Malika Gaid. Plus de douze ans se sont écoulés depuis. Douze longues années sont passées, mais monsieur Kessai est resté à jamais gravé dans ma mémoire non seulement comme l’un des meilleurs profs que j’ai eus pendant mon cursus académique, mais aussi comme une personne brillante, affable et surtout bienveilla­nte. Les années sont passées, mais ce que monsieur Kessai nous a inculqué est resté à jamais gravé dans ma mémoire. C’était monsieur Kessai qui nous disait qu’une soirée en compagnie d’un livre est la meilleure des soirées. C’était monsieur Kessai qui nous a initiés aux fables de la Fontaine et à Albert Camus en disant que Camus est un écrivain de chez nous. C’était monsieur Kessai qui nous a fait lire des passages de l’Étranger un livre que j’ai lu et relu. Dire que monsieur Kessai m’a marqué est en fait un euphémisme. Il n’était pas juste un prof, il était un homme d’idées, passionné de littératur­e. Au-delà du manuel scolaire, il nous a appris des leçons de vie sur la tolérance, l’esprit critique. Plus énorme que mon chagrin est mon regret de ne jamais avoir montré la gratitude que je dois à cet homme exceptionn­el, je me rappellera­i toujours de vous nous dire : Il faut lire, les jeunes», a révélé à El Watan la jeune post-graduée montrant à quel point Si Madjid était vénéré par ses élèves, ses enfants.

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