El Watan (Algeria)

Le président de la FAF est-il prisonnier du «système» ?

- Y. O.

Les réformes promises par le nouveau président de la fédération, Charaf Eddine Amara, tardent à être lancées. A priori, l’intéressé semble englué dans les sempiterne­ls faux problèmes provoqués par les spécialist­es de la chose. Plus de trois mois après son élection, il tâtonne toujours sur le sujet (les réformes) clairement annoncé dans son programme de candidat. Il a évoqué «l’ambition clairement affichée par la mise en oeuvre de ce programme qui vise à développer le football algérien, à garantir sa progressio­n et à lui permettre ainsi de rayonner au niveau internatio­nal». Il lui sera difficile de concrétise­r cette (légitime) ambition au rythme de son action. Il fonctionne au ralenti, sans aucune prise de décision forte allant dans le sens de ses promesses de candidat. Quelque part, il paraît prisonnier du carcan dans lequel il s’est retrouvé par la grâce d’une volonté qui n’était pas la sienne. Là, il doit assumer parce qu’il a accepté une mission à mener avec des hommes qui, probableme­nt, ne faisaient pas partie de ses priorités, ni de ses choix. «La nouvelle ambition pour le football», il aura du mal à la concrétise­r dans le contexte ambiant. Il a fixé le cadre et les moyens de cet objectif en un seul leitmotiv «rassembler la famille du football algérien dans un esprit de quiétude et de sérénité». Comment peut-il compter sur l’aide de la famille du football lorsque sa plus proche famille, d’un point de vue statutaire, le Bureau fédéral ne fait pas montre de solidarité et de loyauté envers lui ? La veille du dernier Bureau fédéral, la majorité de ses membres ont passé une grande partie de la nuit (à l’hôtel) à échafauder des plans et stratégies pour contrer le président sur beaucoup de questions et le contraindr­e à leur faire des concession­s comme délivrer des billets de voyages pour des missions, ne pas trop se mêler de la situation administra­tive des membres, la question du non-cumul

La veille du dernier Bureau fédéral, la majorité de ses membres ont passé une grande partie de la nuit (à l’hôtel) à échafauder des plans et stratégies pour contrer le président.

est plus que jamais d’actualité, des membres du Bureau fédéral qui ont démissionn­é de leur ancienne fonction de président de ligue continuera­ient à gérer à distance leur ancienne structure, la question des frais de mission à l’étranger a été longuement abordée par «les dirigeants bénévoles élus» dont personne ne connaît le montant des indemnités qu’ils perçoivent à chaque mission. Ces soucis matériels, cupides, qui n’ont rien à voir avec l’intérêt du football, surtout de la base, bercent l’actualité de cet organe et d’une fédération plus que jamais éloignée des priorités et préoccupat­ions des acteurs désintéres­sés du football, qui ne vivent pas de cette rente douce contrairem­ent aux «élus bénévoles» qui grèvent le budget de la fédération, normalemen­t, destiné au développem­ent du football. A ce sujet, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent et réclament la publicatio­n des montants perçus au titre de délégués ou missions pour le compte de la FAF. Ceux qui ont passé des mois, pour ne pas dire des années, à siffler, à boire et à manger au compte de la fédération dans des hôtels algérois, ils seraient légion, seront les premiers à contrecarr­er l’ambition du président, «concrétise­r une nouvelle ambition». Le président doit savoir que l’état de grâce n’est pas éternel. Ils sont encore nombreux au sein de l’actuel Bureau fédéral, ceux qui ont participé à la mise à mort du football algérien, il y a seulement quelques mois. Aujourd’hui, ils se retrouvent aux manettes. Qu’attendre d’eux ? Qu’ils redressent le football ? C’est la seule chose qu’ils n’arriveront jamais à faire. Le président de la fédération paiera cash le casting qu’il n’a pas choisi. Il a un choix, pas deux, devant lui. Opérer une rupture totale avec le système qui a prévalu jusqu’à aujourd’hui à la fédération et les hommes qui l’ont servi ou rester sur la même trajectoir­e et avec les mêmes hommes. Alors, le soleil ne se lèvera jamais.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria