L’Iran rejette les accusations du G7
Outre le rejet du réquisitoire du G7, l’Iran a accusé Israël d’avoir préparé un «scénario» coïncidant avec l’entrée en fonction de son nouveau Président Téhéran s’est dit «pleinement engagé» à «sécuriser la voie maritime stratégique du golfe Persique et du détroit d’Ormuz et la considère comme faisant partie de sa sécurité».
L’Iran a rejeté hier les accusations du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada) et de l’armée américaine selon lesquelles il est à l’origine d’une attaque fin juillet contre le pétrolier Mercer Street. «Nous condamnons fermement le communiqué sans fondement des ministres des Affaires étrangères du G7 et du haut représentant de l’Union européenne chargé des affaires politiques, dans lequel des accusations sans fondement sont portées contre la République islamique d’Iran», a déclaré hier le porte-parole de la diplomatie iranienne, Saeid Khatibzadeh, selon des propos recueillis par l’agence iranienne Isna. Il a relevé que cet «incident a eu lieu quelques jours avant l’investiture du nouveau président iranien, qui représente le transfert démocratique du pouvoir en Iran». Le nouveau président, Ebrahim Raïssi, a été intronisé mardi par le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei, avant de prêter serment devant le Parlement jeudi, succédant à Hassan Rohani. Pour le diplomate iranien, «de tels scénarios sans fondement» sont «souvent soutenus par le régime sioniste (Israël, ndlr)». Ils «apportent des clients qui sont immédiatement prêts à des conclusions irréalistes et irrationnelles. En fait, pour les experts et ceux qui connaissent l’histoire de cette région, la planification de telles conspirations par le régime sioniste à différentes époques n’est pas nouvelle». Il a affirmé que son pays «est pleinement engagé» à «sécuriser la voie maritime stratégique du golfe Persique et du détroit d’Ormuz et la considère comme faisant partie de sa sécurité». Et de poursuivre : «l’Iran est toujours prêt à coopérer avec les pays de la région pour établir et assurer la stabilité du système de sécurité collective régionale. Il n’hésitera pas à défendre ses droits de souveraineté dans ce domaine.»
Vendredi, les ministres des Affaires étrangères des Etats membres du G7 ont déclaré dans un communiqué que l’Iran menace la paix et la sécurité internationales et toutes les preuves disponibles montrent que Téhéran est à l’origine de l’attaque contre le pétrolier Mercer Street. «Toutes les preuves disponibles désignent clairement l’Iran. Il n’y a pas de justification pour cette attaque», est-il indiqué dans le communiqué cité par l’agence Reuters. «Le comportement de l’Iran, parallèlement à son soutien aux forces agissant par procuration et aux acteurs armés non étatiques, menace la paix et la sécurité internationales.» En la circonstance, ont ajouté les sept puissances industrialisées, «nous appelons l’Iran à mettre un terme à toutes les activités incompatibles avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU, et appelons tous les parties à jouer un rôle constructif dans la promotion de la stabilité de la région et de la paix».
De son côté, le commandement militaire central (Centcom) de l’armée américaine a publié vendredi les résultats de son enquête. Selon son communiqué, deux drones piégés ont d’abord manqué leur cible, avant qu’un troisième, «chargé d’explosif à usage militaire», ne vienne s’abattre sur le pétrolier. Les experts américains «ont pu récupérer plusieurs morceaux de ce troisième drone» et «ont conclu, sur la base de preuves», qu’il «avait été fabriqué en Iran», a-t-il affirmé. Le 29 juillet, le MT Mercer Street, un pétrolier géré par une société appartenant à un milliardaire israélien, a été la cible d’une attaque au large d’Oman, qui a conduit à la mort d’un garde de sécurité britannique et d’un membre d’équipage roumain. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Israël ont accusé dimanche dernier l’Iran, qui a démenti toute implication.
ANTÉCÉDENTS
Depuis février dernier, plusieurs navires liés à l’Iran ou à Israël ont été la cible de sabotages et d’explosions. Le 25 février, le MV Helios Ray, un bateau israélien transportant des véhicules et qui effectuait le trajet entre la ville saoudienne de Dammam et Singapour, est touché par une explosion au large du sultanat d’Oman, selon la société Dryad Global spécialisée dans la sécurité maritime. Le 1er mars, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a accusé l’Iran d’être à l’origine de l’explosion. Téhéran a rejeté ces accusations. Le 10 mars, un cargo de la compagnie de transport maritime publique iranienne IRISL est touché à la coque par un engin explosif alors qu’il naviguait en mer Méditerranée, selon des médias iraniens. Le 15, le porteparole des Affaires étrangères iranien a déclaré que «compte tenu du lieu du sabotage, tout laisse penser que le régime d’occupation de Jérusalem (Israël, ndlr) est derrière cette opération». Le 6 avril, un «navire commercial iranien» est «légèrement endommagé en mer Rouge, près des côtes de Djibouti (...), par une explosion dont l’origine fait l’objet d’une enquête», selon le porte-parole des Affaires étrangères iranien. Le New York Times a rapporté que le Saviz a été la cible d’une attaque de «représailles» israélienne après «des frappes de l’Iran contre des navires israéliens». Le 13 avril, des médias israéliens ont affirmé qu’un navire appartenant à une société israélienne a été la cible d’une attaque près des côtes des Emirats arabes unis.