L’ÉCOLE PARALLÈLE DES COURS PARTICULIERS
A l’approche des examens trimestriels, les cours de soutien s’imposent, pour de nombreuses familles, comme ultime choix pour combler les lacunes des enfants. Garages, domiciles, salles de prières et maisons de jeunes se transforment en enceintes scolaires
Al’approche des examens trimestriels, les cours de soutien s’imposent pour de nombreuses familles comme ultime choix pour combler les lacunes des enfants. Garages, domiciles, salles de prières et maisons de jeunes se transforment en enceintes scolaires, où sont dispensés les cours. Dans certains cas, ces cours s’érigent en véritable école parallèle pour mieux assimiler les programmes validés dans l’école «officielle».
Recourir à un professeur après les heures de l’école est le seul moyen trouvé par de nombreux parents «qui n’arrivent plus à suivre le rythme avec leurs enfants». Ali Benzina, président de l’Association nationale des parents d’élèves, estime : «Les parents ont de plus en plus de difficultés à suivre leurs enfants, le programme étant très dense.» Cette association considère que la méthodologie adoptée dans les programmes issus de la réforme n’est pas à la portée de tous les enseignants, ce qui se répercute directement sur le niveau des élèves. Le constat est là : «Les enfants ont du mal à assimiler les cours dans les matières essentielles, et ce, dès le primaire», souligne le président de la même organisation. Le recours à d’autres méthodes est donc un besoin dont la satisfaction demande des moyens dont disposent les parents, sachant que les élèves sont issus de milieux de différentes conditions sociales.
Pour Abdelawahab Lamri Zegar, membre du bureau national de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), pour comprendre le recours qui se généralise à tous les niveaux
aux cours particuliers de soutien scolaire, «il faut effectivement, s’interroger sur la maîtrise des méthodes actuelles par les staffs pédagogiques amenant certains enseignants à donner des cours dans des circonstances qui sont loin de la norme». Cet ancien enseignant d’anglais du secondaire énumère la surcharge des classes et celle des programmes entre autres facteurs rendant le métier pénible… L’Unpef estime donc que «ce phénomène n’est qu’une suite d’une politique qui a pour fin d’abandonner l’Etat social». Pour ce syndicat, il y aurait une volonté politique pour préparer le terrain à une privatisation du secteur.
«Après le processus de démantèlement des établissements économiques publics, les passionnés du libéralisme sauvage en Algérie envisagent de privatiser d’autres secteurs publics, à savoir la santé et l’éducation. En ce qui concerne la santé, un projet de loi tentant de mettre fin à la gratuité des soins, est déjà prêt au niveau du comité de santé au sein de l’APN. Quant à l’éducation gratuite, elle risque de subir le même sort», argue notre interlocuteur, constatant l’abandon du volet pédagogique vu le manque de moyen attribué à la formation. La qualité de l’enseignement n’est plus garantie avec la fermeture des instituts techniques d’enseignement et le nombre réduit des enseignants formés aux Ecoles normales supérieures, enchaîne M. Zegar. Le manque de formation est criant vu le recours du ministère au recrutement «irrégulier» des jeunes universitaires afin de combler le déficit en personnel pédagogique. «Ce sont des universitaires qui n’ont jamais subi une formation spécialisée dans le domaine. Beaucoup parmi eux sont venus à l’éducation par contrainte sociale et n’arrivent pas à assimiler et appliquer les méthodes nécessaires», fait remarquer M. Zegar. C’est un point de vue partagé par Mhand Hand Ouali, chargé de la pédagogie au Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Pour ce dernier, les recrutements massifs effectués par la tutelle pour faire face à l’hémorragie subie suite à la révision de la loi sur la retraite n’ont pas été accompagnés par la formation