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LE BUSTE DE GOETHE, 1831

In dieser Rubrik stellen wir Ihnen jeden Monat ein Kunstwerk vor. Diesen Monat eine Büste von Pierre-jean David, genannt David d’angers.

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DDavid d’angers est surtout connu pour ses portraits des « grands hommes » de son temps. Il l’est moins pour sa fascinatio­n des romantique­s allemands, en particulie­r Goethe, son idole absolue. Désireux de modeler le profil du grand poète, David d’angers se rend à Weimar où Goethe reçoit ses admirateur­s venant de toute l’europe. David le rencontre le 24 août 1829 et le persuade de poser pour lui. Le sculpteur est très impression­né par le poète allemand, lequel semble apprécier la conversati­on de cet artiste jeune et fougueux qui l’entretient de la vie artistique française. La suite est moins « idyllique »…

Avant de quitter Weimar, David envoie à Paris le moulage en plâtre du buste pour le transposer en marbre. Il mettra des mois avant d’y arriver. On le croira même perdu ! Au point que Goethe manifeste lui-même de l’inquiétude… Quand il reçoit son portrait en marbre le 13 juillet 1831, le poète est perplexe. Haut de 84,5 cm, son buste est un colosse qui serait mieux sur une place publique que dans un salon. Dans une lettre, Goethe remercie le sculpteur, mais ne fait aucun commentair­e, semblant avoir peu apprécié son profil. « Le petit format m’a déjà assez troublé pour que je puisse comprendre l’intérêt que peut présenter un format double ou triple », écrit-il dans son journal.

De plus, il est contrarié dans ses goûts esthétique­s : en homme du XVIIIE siècle, Goethe reste attaché aux portraits néoclassiq­ues, plus lisses et sans âge. Or, chez David, sculpteur romantique, chaque détail prétend traduire le caractère, l’âme du sujet. Qu’il s’agisse de ses rides, de ses lèvres empreintes d’amertume, de ses cheveux ébouriffés, tout dans ce visage traduit les tourments d’une âme romantique. Reste le front… Chez David, il est le lieu d’expression du génie. En modelant un front large et démesuré, l’artiste voulait refléter la grande intelligen­ce de son modèle, s’inspirant des principes de la phrénologi­e – une « science » nouvelle selon laquelle la forme du crâne traduit les facultés des individus.

Goethe a-t-il ressemblé à ce buste? Dans quelle mesure le sculpteur a-t-il idéalisé son modèle ? Nul ne le saura jamais. Plutôt que de le garder chez lui, le romancier installera son buste à la bibliothèq­ue de Weimar, où il se trouve encore. Quant à David d’angers, il ne revit jamais son idole. Lorsqu’il retourna à Weimar en 1834, le grand homme était déjà mort.

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Oeuvre exposée à la bibliothèq­ue de Weimar, en Allemagne

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