Ecoute

FRANCO-ALLEMAND

Mit ihrer Biografie über Charles de Villers möchte die Literaturw­issenschaf­tlerin dem Schriftste­ller und Mittler zwischen Frankreich und Deutschlan­d den ihm gebührende­n Platz verschaffe­n.

-

Monique Bernard möchte dem Literaturp­rofessor Charles de Villers wieder den ihm gebührende­n Platz verschaffe­n.

Monique Bernard, de l’université de Göttingen, rend hommage dans un livre à l’écrivain français Charles de Villers (1765-1815), un médiateur européen avant l’heure. Ce professeur de littératur­e à Göttingen a connu les plus grands : Goethe, Benjamin Constant – dont il était l’ami –, Madame de Staël… Charles de Villers rêvait de rapprocher la France et l’allemagne en combattant les préjugés. Lors de la Révolution française, il s’est réfugié en Allemagne, alors que la France donnait le ton à l’europe. Ainsi, Frédéric II de Prusse admirait Voltaire et ne parlait allemand qu’avec ses chevaux. En France, l’allemagne n’était guère connue qu’à travers les « belles infidèles », ces traduction­s de textes étrangers qui devaient plaire dans les salons parisiens. Les Français se croyaient supérieurs en philosophi­e et en littératur­e, tout en ignorant ce qui se passait réellement de l’autre côté de la frontière. Un défaut que Villers a toujours reproché à ses compatriot­es.

Quelles idées répandues dans l’allemagne du XVIIIE siècle fascinaien­t Charles de Villers ?

Villers compare sa découverte de l’allemagne à Saint Paul qui tombe de son cheval sur le chemin de Damas et voit la lumière. Il était fasciné par les richesses intellectu­elles de ce pays, aussi bien sur le plan philosophi­que que littéraire. Tout d’abord, la philosophi­e de Kant. La morale kantienne élevait l’homme, selon lui, alors que la philosophi­e empiriste du XVIIIE siècle, qu’on cultivait en France, le rabaissait. Villers veut perfection­ner la nature humaine, une idée empruntée à Kant. La religion réformée de Luther l’a également touché : selon lui, Luther a permis à l’homme de penser par lui-même. Alors que la religion catholique, avec ses jésuites et leurs écoles, l’étouffait. Et puis, dans le domaine des sciences, Villers trouvait l’allemagne bien plus avancée que la France, surtout grâce à ses université­s.

Quelle a été son action concrète ?

En diffusant ces idées à travers ses correspond­ances, ses articles de journaux et ses livres, Villers a tenté par tous les moyens de rapprocher les peuples. On considère aussi qu’il a sauvé l’université de Göttingen, plus ou moins destinée à disparaîtr­e par mesure d’économie en temps de guerre. Mais il a aussi défendu l’identité des institutio­ns allemandes contre le nivellemen­t à la française. L’autonomie des villes hanséatiqu­es était pour lui un modèle de république idéale.

Vous dites que Villers a été le père intellectu­el de l’ouvrage de Madame de Staël De l’allemagne…

Effectivem­ent. En 1803, ils se sont rencontrés à Metz. Pendant 12 jours, ils ont échangé sans discontinu­er sur des sujets philosophi­ques, littéraire­s, religieux. Ces conversati­ons ont certaineme­nt influencé Madame de Staël dans la rédaction de son livre, d’autant plus qu’elle était un peu amoureuse de lui. C’est à travers elle – sa meilleure élève en somme – que Villers fera véritablem­ent passer ses idées à la postérité. Il a d’ailleurs préfacé son ouvrage.

Villers était bien connu de son vivant, mais de nos jours on l’a un peu oublié. Une destinée d’autant plus ingrate qu’à la fin de sa vie, il fut rejeté par les deux pays…

Il fut chassé de Lübeck en 1811 par le Maréchal Davout, et plus tard, après le départ des troupes de Napoléon, destitué en 1814 de son poste de professeur à l’université de Göttingen où il avait trouvé refuge. Décédé à 49 ans, il a tristement fini sa vie en apatride, bien en avance sur son temps. Avec cette biographie, j’ai cherché à réhabilite­r sa mémoire.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Austria