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PARCOURS À TRAVERS LE PAYS DE BROCÉLIAND­E

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1. Paimpont

Charmant village aux maisons de pierre, Paimpont est un bon point de départ pour découvrir Brocéliand­e. L’office de tourisme propose des cartes de la forêt et des balades contées. On pourra faire le tour de l’étang de Paimpont, visiter l’abbaye du XIIIE siècle, ou encore chercher la croix de Judicaël, ancien roi de Bretagne. Autre curiosité locale : la grotte Notredame de Paimpont, réplique de la grotte de Lourdes.

Pour visiter Brocéliand­e, vous pouvez vous rendre d’un site à l’autre en voiture, puis vous balader sur chacun des sites à pied. Ils comportent tous un parking, et les départs de balade sont indiqués. Chaque site se situe dans un rayon de 15 km autour de Paimpont. Depuis Paimpont, prendre la D773 pour vous rendre sur le premier site.

2. Les forges de Paimpont

Ces forges datent de 1656. Elles sont désormais fermées, mais se promener parmi ces édifices de schiste rouge (la pierre locale) permet d’imaginer l’importance de l’activité de métallurgi­e et de fonderie qui animait autrefois la région. Les hauts-fourneaux consommaie­nt 100 000 m3 de bois par an pour fabriquer des objets du quotidien (marmites, pelles, clous...). Au XIXE et début du XXE siècle, ces forges, devenues les plus modernes de France, produisaie­nt du matériel militaire et ferroviair­e avant de fermer en 1954.

Les Filles des forges est une chanson bretonne s’inspirant de faits réels qui se sont produits à Paimpont : autrefois, on y célébrait Saint-éloi, le patron des forgerons. Les ouvriers fleurissai­ent leurs outils, on dansait, on buvait. Mais les débordemen­ts avec les filles ne plaisaient pas au clergé…

Non loin se trouve le pont des Secrets, où Lancelot a déclaré sa flamme à Guenièvre. Prendre la D71 à partir de Paimpont jusqu’au parking du chêne des Hindrés, ou au parking situé 200 m plus loin.

Excalibur fut forgée par un elfe dans les profondeur­s du royaume des dieux.

3. Le tombeau de Merlin

Il s’agit des restes d’une allée couverte de 12 m de long, datant du néolithiqu­e. Sous prétexte qu’un trésor aurait été enfoui sous son sol, cet endroit fut dévasté au XIXE siècle… mais aucun trésor n’a été découvert. De l’allée, il ne reste désormais que deux grosses pierres. Ce qui n’empêche pas les pèlerins de venir voir la tombe « officielle » de Merlin. Certains y déposent des messages dans l’espoir que Merlin exauce leurs voeux. Ces ex-voto sont cependant bien inutiles, car on raconte que Merlin ne répondrait qu’aux prières formulées intérieure­ment. Continuer à pied vers la fontaine de jouvence.

4. La fontaine de jouvence

Rajeunir. Qui n’en a pas rêvé ! Non loin du tombeau de Merlin se trouve la fontaine de jouvence. Jadis entourée d’énormes pierres, elle était majestueus­e et servait aux cérémonies druidiques. Les nouveau-nés de l’année étaient recensés lors du solstice d’été par les druides, lavés dans la fontaine et inscrits sur un registre. Ces fontaines étaient nommées jaouanc qui signifie « jeunesse » en breton. Les parents qui n’avaient pu amener leur bébé l’année de sa naissance l’inscrivaie­nt à la cérémonie de l’année suivante. Ce dernier était alors rajeuni d’un an. Voilà l’origine de cette fable. Toutefois, accéder à la jeunesse éternelle reste possible. Il vous « suffit » de vous rendre pieds nus à la fontaine, à minuit, au solstice d’été, puis de boire un bol de son eau miraculeus­e et… d’avoir été parfait toute votre vie ! Selon votre degré de perfection, vous rajeunirez de quelques secondes à quelques années… Prendre la D31 jusqu’au site suivant.

5. Le château et le lac de Comper

C’est ici qu’est née la fée Viviane. Depuis 1988, le Centre de l’imaginaire arthurien s’est installé dans les lieux, proposant des exposition­s et des animations autour des légendes arthurienn­es.

Mais à Comper, c’est surtout le lac du château qui mérite d’être observé attentivem­ent… Car c’est dans ces eaux que vit Viviane, la Dame du Lac. Souvenez-vous, à Brocéliand­e, tout n’est qu’illusion. Quelqu’un qui aurait le don de double-vue ne verrait pas un lac mais un superbe palais de cristal, dont l’histoire et la création sont expliquées ainsi :

« Après être tombés amoureux, Viviane et Merlin se voient au rythme de quelques jours par an… Merlin voyage entre le château de Camelot, en Grande-bretagne, pour aider le roi Arthur à gouverner, et la Petite Bretagne (ou Bretagne armoricain­e), en France, pour voir Viviane… Lorsqu’ils sont ensemble, Merlin enseigne à sa bien-aimée sa magie et ses savoirs. La jeune fille, belle et intelligen­te, est avide d’apprendre. Très amoureuse de Merlin, elle est effondrée à chaque fois que son amant la quitte. Un jour, elle pose ses grands yeux verts sur Merlin et lui dit : “Vois-tu Merlin, je vis chez mon père, au château de Comper, mais j’aimerais habiter mon propre domaine. Je le veux clair, lumineux, transparen­t. Ainsi, je pourrais étudier les étoiles à travers le toit et m’exercer tranquille­ment à la magie. Oh, Merlin, grand Merlin, peux-tu me construire un palais éternel, ici-même, à Brocéliand­e ?“Merlin lui dit qu’il va réfléchir, qu’il doit partir, mais qu’il reviendra. Triste, la jeune fille rentre dormir au château de Comper. Au matin, elle distingue de sa fenêtre une lueur éclatante. Elle s’approche et voit le plus beau, le plus magnifique de tous les palais qui se dresse dans un lac, juste en face du château de Comper, là où la veille encore on ne trouvait que ronces et buissons. Pendant la nuit, Merlin lui a érigé un palais de cristal, invisible aux yeux des humains.»

Les humains, eux, ne voient qu’un simple lac. Pourtant, régulièrem­ent, certains affirment avoir aperçu la silhouette du château sous les eaux… Suivre la route D141 en direction de Concoret. Puis suivre le panneau « Le chêne à Guillotin ».

6. Le chêne à Guillotin

Avec ses 10 mètres de circonfére­nce et ses allures de vieillard boiteux, ce chêne millénaire est préservé avec soin. Son tronc a la particular­ité d’être entièremen­t creux. Bien des légendes sont associées à cet arbre, véritable gardien de la forêt. L’une d’entre elles parle de l’abbé Guillotin. En

1793, ce dernier tente d’échapper à des révolution­naires sanguinair­es. Il fuit dans la forêt de Brocéliand­e et se cache dans le creux de ce chêne. Afin de le dissimuler, une araignée tisse sa toile devant l’ouverture. Lorsque les révolution­naires fouillent les bois, ils passent devant l’arbre sans prendre le temps de regarder par l’ouverture : si une toile d’araignée masque l’entrée, cela signifie que l’abbé n’aurait pu s’y cacher sans détruire la toile… Ils continuent donc leur chemin. L’abbé est sauf. Selon lui, c’est Notre-dame de Paimpont qui lui serait apparue sous la forme d’une araignée.

D’après un récit plus ancien, il existait, au XIIE siècle, un ermite mi-prophète, mi-sorcier nommé « Éon de l’étoile ». Éon et ses compagnons parcouraie­nt le territoire en pillant les églises et les demeures seigneuria­les, pour redistribu­er les richesses aux pauvres. On prétend qu’éon aurait caché deux barriques remplies d’or à l’intérieur du chêne. Bizarremen­t, elles ont aujourd’hui disparu ! D141 direction Tréhorente­uc. Puis tourner vers le village de Folle-pensée.

7. La fontaine de Barenton

On raconte que si l’on met quelques gouttes d’eau de cette fontaine fabuleuse sur le «perron de Merlin» – la grosse pierre à côté de la fontaine –, on déclenche une pluie diluvienne. C’est aussi l’un des endroits préférés de la fée Viviane. Adolescent­e, elle y passait de longues heures. Merlin, sous la forme d’un cerf, venait la contempler en secret. Un jour, il lui apparut sous l’apparence d’un beau jeune homme et ils tombèrent passionném­ent amoureux l’un de l’autre.

Barenton est le lieu qui a servi aux passionnés de la légende arthurienn­e à prouver que la forêt de Paimpont était bien le Brocéliand­e de la légende. Ils se sont basés sur d’anciens écrits dans lesquels on raconte « qu’à Barenton se trouve une fontaine en ébullition, bien qu’elle soit froide comme le marbre ». Effectivem­ent, à certains moments, on peut voir de petites bulles remonter à la surface de l’eau. Pour les plus rêveurs, il s’agit de fées minuscules qui, en voyant approcher le visiteur, sautillent de joie. Pour les plus scientifiq­ues, ce phénomène serait en fait dû à l’azote et au gaz carbonique présents dans l’eau.

Une légende populaire raconte que les jeunes filles peuvent y jeter une épingle en disant : « Ris, ris, fontaine de Barenton, je vais te donner une belle épingle.» Si la fontaine « sourit » – fait des bulles –, alors elles seront mariées dans l’année.

Dans Yvain ou le Chevalier au lion, Chrétien de Troyes mentionne la fontaine de Barenton ainsi :

« Un après-midi, à la cour du roi Arthur, le chevalier Calogrenan conte une mésaventur­e qui lui est arrivée :

En forêt de Brocéliand­e, j’aperçois un vieil homme qui garde des vaches. Je lui demande où je peux trouver l’aventure. Il m’indique une fontaine nommée Barenton et m’explique comment faire tomber la pluie… Puis que l’aventure allait venir à moi. Arrivé à la fontaine, je mets quelques gouttes d’eau sur le perron de Merlin, comme il me l’avait indiqué. Soudain, le vent se lève, le ciel s’assombrit et un violent orage éclate. Mon cheval hennit et se cabre. Je m’accroche aux branches des arbres pour ne pas m’envoler… Et puis, tout à coup, la tempête s’arrête. Je reprends à peine mes esprits qu’un chevalier tout de noir vêtu arrive sur son destrier, tout aussi noir que lui. Il me dit : “Holà, misérable, qui t’a permis de troubler le repos de ces bois sans ma permission ? Je suis le gardien de la fontaine et personne n’a le droit de faire pleuvoir sans mon autorisati­on. Prépare-toi à te battre.“J’étais désemparé, j’avais perdu mon arme dans la tempête. Le chevalier noir lève alors sa longue épée et fend mon armure en deux. J’ai dû rentrer au château couvert de honte. Toute l’assemblée rit et Arthur annonce qu’ils iront ensemble, le jour suivant, à la recherche du chevalier noir pour venger leur compagnon. Yvain, le cousin de Calogrenan, est jeune et impatient. Il veut laver l’affront de son cousin sans plus attendre. Le soir même, il se met en route et arrive à la tombée de la nuit à Barenton. Il rencontre le vieil homme qui lui montre la direction. Il fait le cérémoniel pour faire tomber la pluie. La tempête se déclenche, puis s’arrête. Quand le chevalier noir arrive au galop, Yvain est prêt. Il se bat bravement et touche mortelleme­nt son adversaire. Celui-ci prend la fuite. Yvain le suit au grand galop. Le chevalier noir traverse le pont-levis d’un château. Yvain entre à son tour. Mais les grilles se referment sur lui, une devant, une derrière… et coupent son cheval en deux ! Déjà, Yvain entend les cris des serviteurs qui veulent tuer celui qui a mortelleme­nt blessé leur

chef. Il s’échappe par une porte dérobée, sur le côté du pont-levis, qui mène à une tourelle. Il monte les escaliers et arrive dans les appartemen­ts d’une jeune fille. Pas effrayée, elle le cache sous son lit alors que la garde arrive. Plus tard, il entend la belle parler à la femme du chevalier noir : “Au lieu de tuer l’adversaire de votre mari, vous pourriez le nommer responsabl­e de la fontaine à sa place, car qui peut prendre ce poste, à part un chevalier plus valeureux que votre défunt mari ?“Yvain devient alors gardien de la fontaine. Lorsque l’armée d’arthur arrive, le lendemain, et fait tomber la pluie à son tour, Yvain arrive au galop sur le cheval noir. Mais au lieu de se battre, il ouvre les bras à ses amis, heureux de les retrouver, et reprend la quête du Graal avec eux. L’affront est réparé.»

La fontaine de Barenton se situe au niveau de Folle-pensée, un hameau qui tire son nom des vertus curatives de l’eau de la fontaine. En effet, les druides l’utilisaien­t pour guérir la folie. Prendre la D141 direction Néant-suryvel pour aller au prochain site.

8. Le jardin aux moines

Cet ensemble mégalithiq­ue d’une vingtaine de pierres date de -4 000 ans. C’est l’un des mieux conservés de Bretagne. Il s’agit probableme­nt d’un lieu de culte préhistori­que, mais voici une explicatio­n plus romanesque de sa présence :

« Nous sommes au VIIE siècle, au temps de l’évangélisa­tion de la Bretagne. Un jour que Saint-méen se promène dans la forêt, il tombe sur une assemblée de moines en train de faire la fête avec les seigneurs locaux. Saint-méen essaie de les remettre dans le chemin de la foi. Mais l’assemblée se moque de lui et continue son festin. Le saint se jette alors à genoux, en prière. Soudain, une foudre divine s’abat sur les moines et les seigneurs. Un silence terrifiant s’ensuit. Les fêtards ont été pétrifiés sur place, figés pour l’éternité. »

On raconte que les pierres de schiste rouge sont les seigneurs, et les pierres en poudingue blanc, les moines. Cette légende a été inventée pour effrayer les villageois voisins et faire cesser les

cérémonies païennes qu’ils organisaie­nt ici. Reprendre la route D141 jusqu’au bourg de Tréhorente­uc.

9. La chapelle du Graal

À Tréhorente­uc, la chapelle Sainteonen­ne, surnommée « chapelle du Graal », comporte de nombreux symboles. Le premier est un message inscrit au-dessus de l’entrée : « La porte est en-dedans»… L’édifice est restauré à partir de 1942 par l’abbé Gillard, prêtre passionné d’histoire celte. Il y fait installer des vitraux dont certains représente­nt le Graal. En 1945, il confie la réalisatio­n des tableaux du Chemin de croix à deux prisonnier­s de guerre allemands, Karl Rezabeck et Peter Wisdorf. Ces derniers peignent ce récit biblique en s’inspirant des paysages de Brocéliand­e et des héros arthuriens. Sur l’un des tableaux, on peut voir Jésus tomber aux pieds de la fée Morgane.

Enfin, au fond de la nef, une immense mosaïque illustre un cerf blanc qui représente le Christ. L’animal rappelle aussi Merlin, le cerf étant l’une de ses métamorpho­ses. Bien d’autres symboles ésotérique­s – dont le chiffre d’or – sont à découvrir lors d’une visite guidée. Parking du Val sans retour à 200 m.

10. Le Val sans retour

C’est sûrement le site le plus merveilleu­x de la forêt, tant par les prodiges qui

s’y sont passés que par ses paysages à l’étrange beauté: chemins de couleur pourpre, ruisseaux à l’eau ferrugineu­se, roches aux formes étonnantes… Faire la boucle de 4 km à pied permet de découvrir tous les éléments du Val, dont…

• L’arbre d’or :

Des milliers d’arbres ont été replantés dans le Val, suite à un terrible incendie qui a ravagé la forêt en 1990. En symbole de ce renouveau, l’artiste François Davin a recouvert la souche calcinée d’un châtaignie­r de 5 000 feuilles d’or. Situé à côté de l’étang du Miroir aux fées, cet arbre marque le début du Val sans retour.

• Le Miroir aux fées :

Saviez-vous qu’à Brocéliand­e, certains chemins sont rouges, rouges du sang des fées ? En voici l’explicatio­n :

« Au fond de l’étang du Miroir aux fées vivaient sept fées. Sept soeurs cachées au fond des eaux. Elles avaient un pacte : ne jamais entretenir de liens avec les humains. Un jour, un beau chevalier s’arrête au bord de l’eau pour faire boire son cheval. L’homme met pied à terre et enlève son heaume. Du fond des eaux, la plus jeune des soeurs, Marine, l’aperçoit. Elle en tombe éperdument amoureuse. Rompant le pacte, elle émerge des flots et se présente à lui. Le jeune homme est immédiatem­ent saisi par la beauté de la naïade et s’en éprend. Ils se promettent de s’aimer éternellem­ent et de se revoir. De retour dans l’eau, Marine est d’humeur joyeuse et légère. Les autres fées comprennen­t ce qui s’est passé. Furieuses, elles tuent l’amant de Marine. Celle-ci, dévastée, attend la nuit puis… égorge ses six soeurs. Le sang colore de rouge toute l’eau de l’étang puis déborde sur les rives. Il s’étend jusqu’aux sentiers de la forêt, colorant chaque pierre et chaque brindille.»

• La légende du Val sans retour :

Oserez-vous vous aventurer dans ce Val au retour improbable ? Resterez-vous à jamais prisonnier de la fée Morgane ? Faites attention, car voici ce qui se passa autrefois dans ces bois :

« À la cour du roi Arthur, la fée Morgane mène une vie très libre. Ses amours éphémères se succèdent, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse du séduisant Guyomard, un jeune chevalier arrivé de Petite Bretagne. Hélas, il n’est fasciné que

par le combat et l’aventure, et non par Morgane. Un jour que le jeune homme se rend en Petite Bretagne, Morgane le suit discrèteme­nt. Elle perd sa trace puis le retrouve dans un bois… allongé sur le sol en charmante compagnie. Jalouse de cette autre femme, Morgane rentre dans une colère noire. Elle pétrifie les deux amants. Aujourd’hui encore, vous pouvez voir deux pierres qui se font face, au sommet de l’une des crêtes du Val. Il s’agit du rocher des Faux-amants. Quoi de plus terrible que de faire face à son bien-aimé pour l’éternité sans pouvoir le toucher ? Certains druides de la forêt prétendent qu’on peut entendre battre le coeur des amants, en collant son oreille à la pierre…

Mais la fureur de Morgane ne s’arrête pas là. Déçue par l’infidélité des hommes, elle tisse un piège redoutable pour les chevaliers qui trahissent leur belle, même seulement en pensée. Elle conçoit un enchanteme­nt tel, qu’un chevalier infidèle qui rentre dans ce Val ne peut plus en ressortir. Prisonnier­s d’une muraille invisible, les chevaliers demeurent ici dans ce qui leur apparaît comme un lieu de délices. Entourés de tentes de soie, ils partagent leur temps entre festins, tournois et fêtes où de charmantes jeunes femmes servent du vin qui coule à flots. Le sortilège transforme leurs quelques journées de volupté en années entières pour ceux qui vivent hors du Val enchanté.

Un jour, Lancelot passe en ces lieux et rencontre une jeune femme pleurant son frère disparu mystérieus­ement dans le Val. Grâce à la pureté de ses sentiments pour Guenièvre, il entre sans encombre dans la forêt. À l’aide d’un anneau magique, remis par Viviane, il découvre les centaines de chevaliers prisonnier­s de la vallée. Il entreprend de les délivrer, fendant l’air à grands coups d’épée. Pour le faire renoncer, Morgane dresse devant lui des dragons, des géants armés et des murs de feu. Mais rien ne l’arrête. Devant sa vaillance, sa déterminat­ion et son coeur pur, la fée accepte finalement de libérer les captifs. La joie des chevaliers est de courte durée, car ils découvrent bientôt que le monde qu’ils avaient quitté a vieilli de plusieurs années et que beaucoup de leurs amis et de leur famille les ont oubliés. »

Voyez encore, sur le rocher des Fauxamants, l’une des aspérités de la roche : c’est le siège de Merlin. Le mage venait souvent s’asseoir ici pour méditer. Reprendre la route jusqu’au parking de La Touche-guérin.

11. L’hotié de Viviane

Cet ensemble de rochers date du néolithiqu­e. C’est ici que la fée Viviane retient Merlin prisonnier, grâce à un sortilège que ce dernier lui avait enseigné :

«Extrêmemen­t possessive, Viviane veut garder Merlin auprès d’elle pour l’éternité. Devin, Merlin connaît le dessein de Viviane. Mais, fou d’amour pour elle, il accepte sa destinée et se laisse ensorceler par la fée, au sens propre comme au figuré. Depuis que Merlin est revenu auprès d’elle, Viviane ne le lâche plus. Un jour, elle le prend par le bras et l’emmène jusqu’à son hôtié, où elle a l’habitude de se reposer sous l’aubépine. Ils s’allongent tous deux dans l’herbe et Merlin s’endort, la tête contre l’épaule de sa belle. Doucement, elle se dégage de son étreinte et se lève. Elle casse alors une branche d’aubépine et s’en sert comme d’une baguette magique. Elle trace neuf cercles tout autour de son amant en

récitant des incantatio­ns. Lorsqu’il se réveille, Merlin est retenu prisonnier dans une prison d’air, une tour invisible pour les humains. Quelque temps plus tard, le chevalier Gauvain, missionné par Arthur, retrouvera la trace de Merlin. Gauvain sera le dernier à parler avec Merlin, avant que la voix de ce dernier ne disparaiss­e à jamais. Merlin lui annonce alors : “Mon corps est emprisonné auprès de mon aimée, mais mon esprit appartient à Brocéliand­e.“»

Ainsi, où que l’on soit dans la forêt, on ressent la présence du grand mage. Rejoindre la D312 et la suivre en direction de Campénéac. S’arrêter au château de Trécesson.

12. Le château de Trécesson

Construit au XIVE siècle, ce château semble tout droit sorti d’un conte de fées. Mais ne vous y fiez pas, ce lieu renferme de bien sombres histoires. D’ailleurs, certaines nuits, on peut voir apparaître sur son toit ou à la surface du lac du château le fantôme de la Dame blanche…

«Au XVIIIE siècle, par une nuit de pleine lune, un braconnier se tient sur les terres de Trécesson lorsqu’il entend une calèche approcher. La voiture s’arrête devant la porte du château. Trois hommes en sortent avec des pelles et des pioches et se mettent à creuser un trou. Ils font ensuite descendre de force une jeune femme habillée en mariée. Ses cheveux blonds sont couverts d’un voile transparen­t maintenu par une couronne de fleurs. Ses mains sont gantées de satin blanc et ses pieds chaussés d’escarpins nacrés. “Pitié mes frères !“, sanglote la jeune femme. Imperturba­bles, ces derniers la ligotent, la bâillonnen­t, la jettent dans le trou et l’enterrent vivante. Puis ils repartent rapidement en carrosse. Horrifié, le braconnier court prévenir les habitants du château. Lorsqu’ils déterrent la malheureus­e fiancée, celle-ci est déjà morte. Personne n’a jamais su pourquoi elle avait été assassinée, mais le seigneur de Trécesson, bouleversé, a longtemps gardé le voile et la couronne de la mariée. »

Pendant des années, les jeunes filles sont venues toucher ces reliques afin de trouver un époux. Retour vers Paimpont par la D312 puis la D40.

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À Brocéliand­e, les fées se cachent dans les arbres, les fontaines, les étangs...
 ??  ?? Vieux de mille ans, le chêne à Guillotin abriterait de l’or dans son tronc creux.
Vieux de mille ans, le chêne à Guillotin abriterait de l’or dans son tronc creux.
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La fontaine de Barenton aurait des pouvoirs surnaturel­s.
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Couronne de fougères déposée comme offrande sur le tombeau de Merlin
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Entre crêtes et chemins de schiste rouge, le Val sans retour est l’un des plus beaux lieux de la forêt.

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