Je ne suis pas parisienne
ESSAI
Posez la question autour de vous : qui incarne la femme française ? Brigitte Macron, Sophie Marceau, Catherine Deneuve, Laetitia Casta ? Et la Parisienne ? Les mêmes ? Quels points communs ont ces personnalités ? Elles sont forcément sveltes, élégantes, cultivées, séduisantes, pleines d’humour… Bref, on nage en plein fantasme ! L’auteure Alice Pfeiffer a passé son adolescence à Londres. Elle a le recul nécessaire pour croquer tous les types de Françaises. Car elles sont nombreuses, variées, issues de différentes cultures et religions. Loin de l’image publicitaire que l’on croise sur les affiches dans les aéroports ou sur les flacons de parfums vendus dans le monde entier. Loin des diktats de la mode aussi. Dans cet essai, on retrouve le souhait de déconstruire le mythe de la Parisienne et plus globalement de la Française. On découvre de nouvelles facettes avec la « beurette », la « cagole », la « cougar », la « pique-assiette », la « parvenue »… toutes françaises et fières de l’être.
Je ne suis pas parisienne, éloge de toutes les Françaises.
Attablée dans une brasserie de la gare du Nord, fraîchement descendue de l’eurostar, j’entends : « Vous allez pas reprendre des frites quand même ?! » Je lève les yeux vers un garçon de café goguenard, penché au-dessus de moi. Il tapote ses hanches, hilare, comme pour m’alerter sur la destination redoutable que vont prendre les calories. Je suis bel et bien de retour à Paris, la ville où j’ai passé les quinze premières années de ma vie, mais ce qui ne suffit visiblement pas à faire de moi une Parisienne en bonne et due forme. Encore moins après une décennie passée de l’autre côté de la Manche, où j’ai absorbé les fâcheuses habitudes culinaires qui vont avec. Là-bas, à la fois si près et si loin, de l’autre côté de cette grosse flaque salée, j’ai découvert les prémices d’une vie adulte selon des codes radicalement opposés à ceux de ma ville natale.