Ras-le-bol chez les flics
« Solidarité avec les policiers ! », scandaient de nombreux Français dans les rues de Paris au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de l’hyper Cacher, en janvier 2015, rendant ainsi hommage aux forces armées qui avaient neutralisé les terroristes.
Quatre ans plus tard, en avril 2019, des manifestants du cortège parisien des Gilets jaunes crient aux forces de l’ordre : «Suicidez-vous!», alors que la police se trouve touchée par une importante vague de suicides depuis le début de l’année (voir article p. 28). Qu’a-t-il pu se passer en France ces dernières années pour que les relations entre les citoyens, entre certains citoyens, et les forces de l’ordre se dégradent de la sorte ?
Nombreuses ont été les manifestations, souvent violentes : contre la loi Travail (en 2016), contre la réforme des retraites (fin 2019-début 2020), ou encore celles des Gilets jaunes (depuis novembre 2018)… On y accuse les policiers, pourtant surexposés aux projectiles de manifestants agressifs, de violences, d’usage abusif, entre autres, de leurs lanceurs de balles de défense (LBD).
Et de racisme. Les portables et les réseaux sociaux n’arrangeant rien à la situation. Le moindre dérapage prend ainsi très vite des proportions démesurées. Impopulaires, victimes de haine et même d’agressions, les forces de l’ordre sont épuisées et en ont marre. Car elles manquent également de moyens, de personnel, de matériel… et de soutien. De la population et de leur hiérarchie. Elles se sentent abandonnées par le ministère de l’intérieur. Et par la Justice. En juin dernier, les propos du ministre de l’intérieur Christophe Castaner concernant le racisme au sein de la police et son annonce de nouvelles mesures interdisant certaines techniques d’intervention étaient la goutte qui a fait déborder le vase. Les policiers se sont sentis trahis. Ils ont manifesté leur rasle-bol, leur mécontentement. Ils ont jeté, partout en France, leurs menottes à terre, et menacé de ne plus intervenir…
Petit espoir cependant pour eux : depuis le 6 juillet, un nouveau ministre, Gérald Darmanin, a été nommé à l’intérieur. Réussira-t-il à calmer le jeu ?