FRANCO-AUTRICHIEN
Christina Pluhar: eine österreichische Musikerin in Paris
C’est une spécialiste des cordes pincées. Née à Graz en Autriche, Christina Pluhar est guitariste, harpiste, luthiste, théorbiste, et une grande passionnée de musique ancienne – composée avant 1750. En 2000, elle fonde l’ensemble vocal L’arpeggiata, connu pour ses prestations laissant une large place à l’improvisation et à la créativité. La musicienne vit à Paris depuis 1992.
Qu’est-ce qui vous a amenée à Paris et vous y a fait rester ?
Le travail ! (Rires) Après mon bac en Autriche, j’ai fait des études en Hollande puis en Suisse pour apprendre le luth. À la fin de mon cursus, il s’est trouvé que j’ai commencé à beaucoup jouer en France. C’est donc tout naturellement que je me suis installée à Paris et que j’y suis restée. Il faut dire que grâce à une multitude de festivals, d’orchestres, d’ensembles, la France est le pays qui a toujours le mieux accueilli la musique ancienne. En somme, un pays stimulant et actif dans mon secteur.
Comment l’expliquez-vous ?
En Allemagne, de nombreux évènements s’articulent autour de la musique ancienne, mais c’est plus récent. Dans les années 1980, la Hollande et la Belgique étaient à l’avant-garde dans ce domaine musical. Puis la France s’est greffée, et seulement une quinzaine d’années plus tard, l’allemagne et l’autriche.
Pourquoi ce décalage ?
Très tôt, la France a favorisé la musique ancienne en lui ouvrant les portes de lieux historiques comme des cathédrales, des monastères, des châteaux. Ainsi, dans les années 1980, on a assisté à la création de nombreux festivals, le festival de l’abbaye de Saint-michel en Thiérache, d’ambronay, de Saintes, de Sablé (à Sablé-sur-sarthe)… Je pense que c’était dans un souci de décentralisation. En Allemagne, avec le système des Bundesländer, les festivals qui existaient déjà ont inclus la musique ancienne peu à peu mais aussi plus tardivement. Même chose en Autriche, pays certes plus petit, mais qui a introduit la musique ancienne dans plusieurs festivals comme celui de la Styriarte à Graz, ou celui de Vienne, d’innsbruck, et plus récemment, de Salzburg. Auparavant, la programmation se concentrait fortement sur la musique classique.
Y a-t-il dans la musique ancienne un public qui témoigne plus d’intérêt dans un pays que dans un autre ?
Non, je ne dirais pas. En Autriche, grand pays de mélomanes, le public est toujours très enthousiaste, les concerts toujours pleins. J’observe que le public en France a un peu vieilli, peut-être parce que l’engouement pour la musique ancienne a commencé, comme je vous le disais, plus tôt et que le public a pris de l’âge, sans se renouveler. En Allemagne, en revanche, c’est très mixte.
Dans quel pays vous sentez-vous plus libre d’improviser ?
En général, l’improvisation et les programmes un peu libres, qui font notre originalité, sont mieux accueillis en Allemagne et en Autriche.
À ce niveau-là, la France est très conservatrice dans sa manière d’écouter et de regarder la musique ancienne. Si les spectateurs français sont fiers de cette longue tradition de musique ancienne dans leur pays, une partie du public reste, il faut l’avouer, assez classique et même rétrograde.