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SOS oiseaux en danger

An der bretonisch­en Atlantikkü­ste gibt es eine Auffangsta­tion für Seevögel. Das Aufgabenge­biet der hauptsächl­ich freiwillig­en Mitarbeite­r ist riesig.

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FFondée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la station de l’île-grande, en Bretagne, n’est pas qu’une boutique et un musée consacrés aux volatiles. C’est avant tout un centre de soins recueillan­t les oiseaux dans le besoin. Tombés du nid, mazoutés ou blessés, les animaux sont gardés jusqu’à ce qu’ils retrouvent leur autonomie. S’ils s’en sortent, ils sont alors relâchés dans leur milieu naturel et reprennent leur vie normale.

Marée noire

Ouverte en 1984 dans la commune de PleumeurBo­dou, cette clinique un peu spéciale avait pour but initial de secourir les oiseaux de mer touchés par les marées noires, ces grandes nappes de pétrole ou d’autres hydrocarbu­res déversés volontaire­ment ou accidentel­lement dans la mer. Ces désastres environnem­entaux ont une ampleur considérab­le. Ainsi, une marée noire due à un naufrage de décembre 1999 au large de la Bretagne avait continué à mettre en danger des oiseaux jusqu’en 2001.

Dès les années 1980, des volontaire­s se sont groupés autour du projet de la LPO pour fonder un centre de soins. À l’époque, les réglementa­tions autour du dégazage (l’expulsion de gaz nocif des bateaux dans la mer) sont extrêmemen­t laxistes, avec de graves conséquenc­es sur la faune et la flore. La législatio­n autour de ces pratiques de dégazage sauvage s’est finalement durcie dans les années 2000. Résultat : le nombre d’oiseaux soignés à cause du mazout a été divisé par dix en 15 ans. « Les dégazages sauvages sont encore fréquents », déplore le directeur de la station, Romain Morinière. En hiver, durant les tempêtes, des bateaux profitent de la baisse des contrôles pour nettoyer leurs cuves. À cela s’ajoutent les hydrocarbu­res provenant des épaves jamais ou insuffisam­ment nettoyées.

Les activités de la station de l’île-grande se sont par la suite diversifié­es. Elle reçoit maintenant environ un millier d’animaux par an, comme des hérissons ou des chauves-souris. «Les petits mammifères sont plus faciles à suivre que les oiseaux. En effet, ces derniers peuvent décliner très vite sans signe avant-coureur », explique Romain Morinière.

Les volatiles sont loin d’être en sécurité, malgré une législatio­n protectric­e à l’égard des oiseaux en mer. Près de 55 % des oiseaux des champs ont disparu en 30 ans. Tout aussi inquiétant­e : la disparitio­n d’environ 75 % des insectes. Cette disparitio­n de ce qui est la base de l’alimentati­on pour beaucoup d’oiseaux constitue une bombe à retardemen­t écologique. Les causes sont multiples : l’industrial­isation de l’agricultur­e, l’usage des insecticid­es, la

destructio­n des haies et des mares, l’assèchemen­t des sols... Autant dire que la LPO a encore de longues années de travail devant elle avant de sauver et pérenniser la vie des oiseaux.

Mais les bénévoles de ce centre ne désespèren­t pas, loin de là. Le travail qu’ils réalisent au contact des animaux permet de sauver des centaines d’oiseaux chaque année, et les résultats sont relativeme­nt rapides et gratifiant­s. Au total, depuis sa création, le centre a accueilli près de 28 000 oiseaux.

Des bénévoles aux petits soins

Lorsqu’un oiseau est amené à la station de l’îlegrande par un particulie­r ou un bénévole, il est examiné afin de trouver l’origine de ses blessures et de le nettoyer. Il est alors muni d’une bague d’identifica­tion. Dans le cas d’un nettoyage suite à un mazoutage, il faut agir rapidement, car l’espérance de vie est faible lorsque l’oiseau est mal en point. Les soignants suivent un protocole précis : d’abord, on nettoie les yeux, puis les pattes de l’oiseau. L’animal est ensuite pesé, puis l’on prend sa températur­e qui doit être de 41° C. Dans le cas d’une hypothermi­e (autour de 38° C), l’oiseau est posé face à des lampes chauffante­s. Lorsqu’un volatile a ingéré des hydrocarbu­res, il a droit à un mélange spécial : du charbon actif et une poudre réhydratan­te afin qu’il évacue le corps étranger. Pour faciliter la prise de repas, on lui donne à manger des poissons mixés, puis des poissons entiers lorsque sa santé le permet.

Il faut ensuite nettoyer le volatile en profondeur. L’opération est compliquée, car une trace récalcitra­nte d’hydrocarbu­re empêche le plumage de l’oiseau de retrouver son étanchéité et son rôle d’isolant thermique. L’oiseau est alors placé dans une piscine afin de vérifier l’étanchéité du plumage. S’il résiste au stress, aux nombreuses manipulati­ons et s’il guérit, il est alors relâché dans la nature. L’ultime récompense pour les soignants.

En 2019, avec 279 individus, le goéland argenté était à la première place des animaux recueillis, devant le hérisson (116) et le pigeon ramier (106). 59 % des petits mammifères et des volatiles soignés ont pu retrouver leur habitat ou être transférés pour être mieux pris en charge.

Sensibilis­ation du grand public

Ce centre d’ornitholog­ie a également une activité consacrée aux visites touristiqu­es, au large de la Bretagne. Autour des Sept-îles, on peut observer, en bateau, des fous de Bassan (un oiseau plongeur, très rapide), des pingouins torda et d’autres espèces tout aussi exotiques pour les yeux des citadins. Un musée et une boutique accueillen­t également les touristes. Si la clinique pour oiseaux est fermée au public (ce n’est pas un zoo), les soins apportés aux animaux sont néanmoins visibles en direct, par vidéo, dans la station. Autant de possibilit­és pour sensibilis­er le grand public à l’environnem­ent et obtenir des fonds pour la recherche et le confort de tous ces petits pensionnai­res.

C’est aussi un moyen d’avoir plus de visibilité, et donc de pouvoir peser auprès des politiques, dans un contexte compliqué. En effet, la pêche et l’agricultur­e intensives représente­nt beaucoup d’emplois dans la région, connue pour ses gigantesqu­es élevages de porcs et ses produits de la mer exportés dans tout le pays. « On fait beaucoup avec des bénévoles, car on a peu de salariés et de moyens financiers. Les dons sont très importants pour assurer le bon fonctionne­ment du centre », confie Romain Morinière. Avec la crise du coronaviru­s, les touristes n’ont pu venir à la station. Un manque à gagner que le directeur espère compenser avec un appel aux dons.

Les problémati­ques écologique­s essayent de se faire une place dans la sphère sociale et politique. Les bénévoles ne peuvent plus grand-chose face au dégazage sauvage ou lorsque des produits agricoles se retrouvent dans l’océan. Seuls 29 % des oiseaux soignés à cause d’un dégazage survivent. Des années de conservati­on d’un territoire peuvent donc s’évaporer en quelques jours. Le travail des soignants peut ressembler à la constructi­on d’un château de sable, grain par grain, au bord d’une marée qui monte...

Les associatio­ns souhaitent agrandir la réserve naturelle de la région pour qu’elle s’étende sur 15 000 hectares. Les loisirs nautiques et la pêche y seraient alors interdits. Mais de nombreuses personnes dépendent de ces activités économique­s, et les riverains grincent déjà des dents.

Heureuseme­nt, la capacité de la nature à se régénérer est surprenant­e. Jusqu’à retrouver la complexité et la diversité perdues. Ainsi, dans certaines zones particuliè­rement protégées, les population­s d’oiseaux ont fini par augmenter, avant de retrouver une stabilité au sein de l’écosystème. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour la nature… À condition de ne pas s’arrêter là.

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 ??  ?? 20 000 couples de fous de Bassan nichent sur l’île Rouzic, au large de Perros-guirec, en Bretagne, de fin janvier à octobre.
20 000 couples de fous de Bassan nichent sur l’île Rouzic, au large de Perros-guirec, en Bretagne, de fin janvier à octobre.
 ??  ?? Les goélands sont les oiseaux les plus soignés par la LPO de l’île-grande.
Les goélands sont les oiseaux les plus soignés par la LPO de l’île-grande.
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 ??  ?? Oiseaux de mer, oiseaux des champs et petits animaux de campagne sont aussi soignés à la station de la LPO. Ici, un héron cendré
Oiseaux de mer, oiseaux des champs et petits animaux de campagne sont aussi soignés à la station de la LPO. Ici, un héron cendré
 ??  ?? Station de la LPO de l’île-grande, commune de Pleumeur-bodou, Côtes-d’armor
Station de la LPO de l’île-grande, commune de Pleumeur-bodou, Côtes-d’armor
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 ??  ?? Entre 1984 et 2015, sur 24 000 oiseaux en détresse, 8 000 ont pu être relâchés dans la nature. Une victoire pour les soigneurs !
Entre 1984 et 2015, sur 24 000 oiseaux en détresse, 8 000 ont pu être relâchés dans la nature. Une victoire pour les soigneurs !
 ??  ?? Après le naufrage du pétrolier Erika, en 1999, seuls 30 % des oiseaux mazoutés ont survécu.
Après le naufrage du pétrolier Erika, en 1999, seuls 30 % des oiseaux mazoutés ont survécu.

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