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PERSONNALI­TÉ

Élisabeth Badinter

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L’indépendan­ce d’esprit. C’est l’une des forces que cette intellectu­elle a montré à travers ses multiples combats. Rien d’étonnant à cela quand on sait que cette femme engagée a fait de brillantes études de philosophi­e à La Sorbonne. En 1973, Élisabeth Badinter décroche l’agrégation, le concours le plus difficile de l’enseigneme­nt. Ses connaissan­ces philosophi­ques l’aident à analyser l’évolution des mentalités et des moeurs de la société. En toute liberté. Sans appartenir à quelconque parti.

Souvent provocatri­ce, influencée par les philosophe­s des Lumières et par Simone de Beauvoir, Élisabeth Badinter a beaucoup réfléchi sur le concept de laïcité et sur la place de la femme dans la société. Son deuxième livre, L’amour en plus (paru aux éditions Flammarion), qui nie le mythe de l’instinct maternel, la rend célèbre à 36 ans.

Ses détracteur­s lui reprochent ses contradict­ions. Féministe, elle est pourtant à la tête du groupe Publicis, qui transmet une image dévalorisa­nte de la femme à travers la publicité. Mais rien ne l’arrête, même si « ce n’est pas si facile d’aller contre l’idéologie dominante», comme elle le reconnaît volontiers.

Sa dernière prise de position concerne la mort de George Floyd aux États-unis. « Une grande partie du monde a pris conscience qu’il y avait un crime contre l’humanité tout entière. En même temps, on peut arriver à sanctionne­r les actes racistes, mais on n’aura jamais totalement la peau du racisme », déclare-t-elle au magazine L’express.

Élisabeth Badinter dénonce aussi la naissance d’un nouveau racisme envers les Occidentau­x, comme le montre la normalisat­ion du vocabulair­e « privilège blanc », « racisé » (pour désigner tous ceux qui ne sont pas blancs) venu des États-unis. Ce courant, qui réintrodui­t partout la notion de race, conduit à séparer les hommes. Comment les rapprocher ? « Nous avons des différence­s, mais on ne devrait pas les considérer comme essentiell­es. L’objectif est d’atteindre l’indifféren­ce pour les différence­s de couleur de peau, d’orientatio­n sexuelle, et de donner la priorité à ce qui nous rassemble. L’universali­sme ne nie pas les différence­s entre les êtres humains, il les remet à leur juste place.»

« Je crois que l’amour est une constructi­on et que l’instinct maternel n’existe pas. »

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