Jonathan Roberge
« J’ai longtemps douté que j’étais un bon père »
Jonathan Roberge fait partie de cette génération de pères qui ont créé leur propre modèle. Avec sa blonde, Léa, et son ex, Caroline, l’auteur de la série Papa a constitué une cellule familiale unie qui se préoccupe du bien de son fils, Xavier. Et, pour son plus grand bonheur, Jonathan renouera avec la paternité en décembre.
Jonathan, à quoi attribues-tu le succès de ta série Papa, qu’on a vue sur le web, puis à TVA? Je crois que tout ce qui est vrai a du succès au Québec. Plus tu es authentique, plus tu as de chances de voir tes trucs fonctionner. Papa est tellement collée à la réalité... Même si les personnages sont loufoques, c’est le côté véridique qui touche les gens. Au Québec, un couple sur deux divorce, et plusieurs de ces couples ont des enfants et ont vécu les situations que je décris. Je trouvais aussi important de proposer un personnage féminin fort. Ç’a plu aux gens.
La paternité semble être un thème récurrent chez toi. Qu’est- ce qui te fascine tant dans le rôle de père?
Je pense que les gars de ma génération sont parmi les premiers papas qui se sont impliqués. Mon père a été très présent dans ma vie, mais je peux compter sur les doigts d’une main les fois où il est venu à l’école. Je n’ai rien contre mon père, j’ai une super relation avec lui, mais c’était le rôle qu’on accordait aux pères à l’époque. Si ma mère n’est pas disponible et que j’appelle mon père pour lui poser une question liée à la paternité, il ne sait pas quoi me dire... Mon père servait à nous chicaner! Mes amis de gars et moi, on a des tatouages, des barbes, on prend un verre et on va voir des matchs de hockey au Centre Bell, mais on assume nos responsabilités envers nos enfants. Il était temps!
As-tu voulu être impliqué dans la vie de ton fils, Xavier, dès le départ?
Je le voulais, mais je ne savais pas comment faire. J’ai vu la place qu’il y avait et je l’ai prise naturellement. La mère de Xavier, mon ex-copine, prenait beaucoup de place au début. Elle a fini par réaliser qu’elle devait m’en laisser. Je ne peux pas allaiter, c’est vrai, mais je peux faire bien d’autres choses! Puisque je n’ai pas eu de modèle sur ce plan, j’ai dû le créer. Mon fils, lui, aura une référence: il m’a vu aller à l’école, jouer au hockey, faire ses lunchs le matin... Il m’a vu m’impliquer.
En assumant ton rôle, as-tu été en mesure de confirmer que tu es un bon père?
Pendant longtemps, j’ai douté que j’étais un bon père. Jusqu’à l’âge de 30 ans, je me suis défini dans le regard des autres. J’avais des tatouages et j’avais l’impression que, dans la tête des gens, j’avais l’air d’un motard. Lorsque j’étais seul avec mon fils, je me disais qu’on me prenait sûrement pour un père de famille monoparentale qui faisait une activité avec son fils, alors que, dans les faits, je laissais dormir sa mère! Ma blonde, Léa, m’a fait réaliser que je suis un bon père. Elle m’a souvent incité à arrêter de ma taper sur la tête. J’avais toujours l’impression que j’avais quelque chose à prouver aux autres, alors que c’est plutôt à moi que j’avais quelque chose à prouver.
As-tu développé une super relation avec ton fils?
On dit toujours, Xavier et moi, qu’on est les meilleurs amis du monde. J’ai des amis dans la trentaine, ça va de soi, mais je m’entends bien avec mon fils.
Léa attend un bébé. Tu as donc décidé de vivre à nouveau l’expérience de la paternité...
Oui, tout à fait. J’ai ressenti beaucoup de stress à l’arrivée de mon premier enfant, mais je sais maintenant ce qui m’attend. J’ai hâte d’avoir ce deuxième bébé. Depuis cinq ans, Léa s’occupe de Xavier avec moi, mais le bébé à venir est son premier enfant. Léa et Caroline se textent régulièrement. Mon ex et moi, on s’est séparés plus ou moins en bons termes, mais aujourd’hui on
«On dit toujours, X av ier et moi, qu’ on est les meilleurs amis du monde. Je m’ entends bien avec mon fils .»
s’entend super bien. Si on ne passe pas par-dessus les conflits, c’est notre enfant qui en sera la première victime. Je vois des couples séparés qui sont vraiment imbéciles: ils s’engueulent devant les enfants. Caroline et moi, on sait que notre relation, c’est jusqu’à la mort: on sera toujours les parents de Xavier. Ça n’a pas toujours été rose pour nous, mais on n’a jamais oublié qu’on avait un enfant. Ce n’est jamais facile, une rupture, surtout que mon ex, je l’ai quittée pour une autre fille...
As-tu ressenti une grande culpabilité quand c’est arrivé?
Dans ma tête, je brisais ma famille, j’étais le pire père du monde. Aujourd’hui, je suis persuadé que mon fils a une meilleure vie que si j’étais resté avec sa mère. On se crée une image de la famille idéale; pourtant, il en existe plusieurs modèles. J’ai des amis qui sont parents de trois enfants et qui sont toujours ensemble, d’autres qui se sont mariés en formant une famille recomposée...
Avoir un autre enfant est donc une décision mûrement réfléchie?
Oui, on a eu plusieurs discussions à ce sujet. Bébé est attendu en décembre prochain. On ne connaît pas encore son sexe, mais on a le feeling que c’est une fille. Cela dit, quel que soit son sexe, je vais donner un coup de poing dans le vide en criant: «Yes sir!» Je veux juste un bébé en santé.
Comment Xavier a-t-il réagi en apprenant la nouvelle?
Ça faisait deux ans que Xavier nous demandait un frère ou une soeur, et ça faisait un an et demi qu’on essayait d’avoir un enfant. Ç’a été difficile... C’est pour cette raison qu’on est si heureux! Lorsque la grossesse de Léa a été confirmée, on a demandé à Xavier ce qui manquait à notre famille. «Un chien?» a-t-il lancé. «Plus que ça!» que je lui ai dit. «Deux chiens?» a-t-il risqué. (rires) Il est heureux de savoir qu’un bébé s’ajoutera à notre famille. Il fait des câlins au ventre de Léa. Xavier, c’est un enfant tellement facile à élever!
Çan’apas toujoursétérose avecmonex, maisonn’a jamaisoublié qu’onavait unenfant.