7 Jours

Élyse Marquis

un cadeau inattendu

- Photos: Julien Faugère / Maquillage: Bruno Rhéaume / Coiff ure: Jonathan Lee

Élyse, ce retour à la barre de l’émission Les Chefs!, c’est une belle nouvelle... Je l’ai vu comme un cadeau. Je compare souvent ça à la joie que tu as, quand tu es petit, lorsqu’il y a une tempête de neige et que tu apprends que tu n’iras pas à l’école. C’est inattendu! Daniel Vézina et moi, qui animons Les Chefs!, et toute l’équipe l’avons tous pris comme ça.

Tu ne t’y attendais pas du tout?

Pas du tout! Je suis la personne qui comprend lorsque c’est fini; ça se passe souvent de cette façon dans notre métier. Et en plus, je me trouve chanceuse de l’avoir fait!

Tu avais donc fait ton deuil?

Complèteme­nt. À la fin de la dernière saison que j’ai animée, on m’avait prévenue que l’émission changerait. La production voulait tenter quelque chose de différent et probableme­nt changer d’équipe. Pour moi, c’était la vie. Un autre projet qui passait. J’étais zéro amère face à la décision et, en plus, ils avaient bien fait ça; on m’avait avisée. Il faudrait vraiment que je fasse un autre métier si j’étais amère chaque fois qu’un projet se termine.

Comment as-tu appris ton retour?

J’étais dans la voiture avec ma mère quand la productric­e m’a appelée pour m’annoncer que Les Chefs! revenait. Dans ma tête, j’ai pensé: «Quelle gentilless­e! Ils me préviennen­t que ce ne sera pas moi, mais que l’émission est de retour.» J’ai trouvé ça élégant. Puis, elle a ajouté qu’ils allaient avoir besoin de moi. J’ai demandé: «À quel titre?» Juré, je n’ai pas pensé une seconde que je serais animatrice! J’imaginais que je serais là à titre de consultant­e et que je travailler­ais derrière la caméra... Je n’y croyais pas! C’était un beau moment. Et après notre première réunion avec les chefs, je l’ai réalisé pleinement. C’est un beau cadeau. C’est le fun à tourner, et j’étais contente de travailler. C’est une belle gang. Ce sont des gens qui aiment manger, parler, rire. Que du bonheur!

Toi qui as été absente quelque temps du petit écran, as-tu l’impression que le retour à l’animation peut t’ouvrir la porte à autre chose?

Avant, j’aurais été enthousias­te et j’aurais cru que ça m’amènerait à travailler plus. Aujourd’hui, je suis assez sage pour ne pas me dire ça. Aussi, j’ai appris à être heureuse en travaillan­t moins. Mais tant mieux si grâce à cette expérience des gens pensent à moi pour autre chose!

Tu as été plus discrète ces derniers temps. Qu’est- ce que tu as fait ces dernières années?

Je fais beaucoup de surimpress­ion de voix, des événements corporatif­s et j’ai animé les défilés de la Saint-Jean. Et il a aussi fallu que je me pose. C’est que, coup sur coup, j’ai vécu ma séparation, la fin des Chefs! et aussi la fin d’Alors

on jase!, qui était une quotidienn­e à la radio. Je suis passée d’une vie à une autre vie. J’ai dû retrouver mes repères. Ça m’a pris six mois. Je n’étais pas triste, mais j’étais déstabilis­ée. Comme je suis une fille d’action, je me suis prise en main. J’ai fait des cours de méditation, de pleine conscience. J’ai beaucoup travaillé sur moi.

Et ça t’a aidée?

Beaucoup! Je suis une fille qui prend les émotions par les cornes. Quand ça ne va pas bien, je me demande tout de suite ce qui ne va pas. Je fais la même chose avec ma fille. «Tu te sens mal, tu ne sais pas pourquoi? On va s’asseoir, on va parler et on va le trouver...» Je n’ai pas de tiroirs cachés que je referme. Dès que je ne suis pas bien, je règle ça.

As-tu l’impression d’avoir tout réglé?

Je pense que oui. Je te dirais que je suis beaucoup plus sereine en ce moment, même si je travaille moins. Ça doit être l’âge, la vie qui fait ça, mais c’est bien. Lorsque tu travailles trop fort, tu n’as pas le temps de profiter du moment présent. Aussi, je ne me mets plus de pression. Avant, juste pour cette séance photo, j’aurais été stressée. Je me serais demandé si j’allais être correcte, si mon profil serait bien. Mais là, tu vois, j’ai voulu en profiter.

Les réactions du public quant à ton retour ont été très positives. Même si tu t’es faite plus discrète, les gens continuent de t’aimer...

Et je l’apprécie! Je n’ai pas besoin à tout prix du regard du public, mais honnêtemen­t, c’est toujours agréable quand tu marches dans la rue et que tu te fais dire qu’on t’aime. Ou quand tu te fais crier: «Élyse, t’es belle!», même les moins bonnes journées.

(rires) Je n’ai jamais été impliquée dans des controvers­es, je n’ai jamais joué de personnage­s méchants, alors c’est juste du bon. Et j’en profite, tout comme je goûte intensémen­t mon expérience aux Chefs!, comme si c’était la dernière fois. À tel point que la productric­e m’a demandé: «Coudonc, es-tu en amour?» (rires) Mais non, je suis juste contente.

Parlant d’amour, tu es célibatair­e depuis ta séparation?

Oui, je suis célibatair­e et je suis très bien. Le bonheur ne passe pas nécessaire­ment par le couple. Je n’aurais aucune place pour quelqu’un d’autre en ce moment. Je ne ferme pas du tout la porte, mais je ne suis pas à la recherche de quelqu’un. En plus, en n’étant plus en couple, j’ai redécouver­t des amis, je m’occupe de ma fille, de mes parents, de mes proches. Ça m’apporte beaucoup. Les gens me demandent si l’amour me manque... Je réponds que non. L’amour inconditio­nnel pour un enfant, je l’ai avec ma fille, et ça me nourrit. J’ai été longtemps en couple avec Marc (Déry). Nous avons été 17 ans ensemble; avant ça, j’étais avec un autre. Je ne me souviens pas d’une période où je n’avais pas de chum. Pour le moment, c’est très bien que je me retrouve seule.

Tu en profites?

Oui, je me réappropri­e mon univers. Je suis une fille de maison. J’ai peu d’amis, mais de très, très bons amis. J’occupe mon espace... Comment dire? Je me suis réalignée. J’ai recadré ma vie. Ou plutôt, j’ai recadré ma photo de famille. Et tout se passe bien. Il faut dire que j’ai une très belle relation avec Marc. Ça aide beaucoup.

C’est une chance!

Je pense que notre séparation est vraiment réussie. Notre couple, non, visiblemen­t, mais notre séparation, oui. Parce que nous sommes deux gentils, dans le sens que nous n’aimons pas la chicane, que nous faisons tous les deux beaucoup de compromis pour que l’autre soit bien. Et on s’aime beaucoup. Nous sommes restés longtemps pour Alice, mais aussi parce que nous nous apprécions.

C’est bon d’entendre ça...

Écoute, on s’appelle tous les jours ou presque! Souvent pour parler d’Alice. Il n’y a personne d’autre qui va être aussi intéressé à ce qu’elle a fait, à ce qu’elle a dit... Puis, même lorsque j’ai une décision à prendre, j’appelle Marc parce qu’il me connaît tellement. Et lui, de son côté, il me fait écouter ses chansons. Je pense que, pendant les dernières années, nous avons été des amis. Le choc de la séparation, c’était plus de faire de la peine à notre fille et aussi de se dire que c’était vraiment fini. Mais au fond, on le savait depuis des années.

Tout était clair, donc?

Oui, même si ce n’est jamais l’idéal de se séparer, j’en conviens. Mais dans la situation, on a fait ce qu’il y avait de mieux. On célèbre Noël ensemble, ainsi que sa fête, ma fête, l’anniversai­re d’Alice. Je pense que c’est facile justement parce que tous les deux, nous savons que nous ne reviendron­s pas ensemble. Alors, il n’y a pas d’ambiguïté. Et Marc me manquerait s’il n’était pas là. Pas seulement pour Alice, mais pour moi aussi. C’est un grand ami. J’ai seulement trois, quatre amis, et il en fait partie. Je peux l’appeler, il me connaît, il me calme. Il me rassure aussi, quand j’en ai besoin.

Parlant de votre fille, Alice, elle a fait son entrée dans le métier de belle façon...

C’est une drôle d’histoire, mais oui, elle a joué dans la comédie musicale Mary

Poppins tout l’été au Théâtre St-Denis et durant toute la période de Noël.

Comment a-t-elle été choisie pour ce rôle?

C’est Alice qui a pris la décision de tenter sa chance. Elle a vu que Serge Postigo faisait des auditions publiques et elle m’a dit qu’elle voulait soumettre sa candidatur­e. J’ai dit: «Oui, on verra», en espérant que ça lui passe. Puis, la semaine avant l’audition, elle m’a dit: «Il faut monter mon dossier.» Je lui ai répondu: «Oui, on verra.» Et la journée même, elle n’avait pas oublié. Je n’ai pas eu le choix, j’ai compris qu’elle y tenait. Nous avons monté son dossier et nous sommes allées le porter. Mais je lui ai expliqué qu’elle n’avait pas suivi de cours de chant ou de danse. Qu’il y aurait des gens bien préparés. Je ne l’ai pas poussée du tout.

Et finalement...

Elle a été retenue pour l’audition. C’est vrai qu’elle chante bien. Elle a une belle voix juste. Et la journée où avait lieu l’audition, Serge Postigo, le metteur en scène, a décidé qu’il choisirait les deux enfants. Nous sommes arrivées à 9 h le matin et nous sommes reparties à 16 h. Et Alice a été choisie. Serge ne savait pas qu’elle était ma fille. Si ç’avait été le cas, je pense que cela aurait même joué en sa défaveur, dans le sens qu’un parent comédien qui se met le nez là, c’est fatigant. Il l’a choisie parce qu’il a trouvé qu’elle avait du chien et qu’elle jouait vraiment.

Comment as-tu réagi lorsque tu l’as vue à la première?

J’étais très fière. Alice est réservée dans la vie, alors, de la voir jouer de cette façon-là, je n’en revenais pas. Je pleurais, je pleurais. L’été dernier, j’ai assisté à toutes les représenta­tions. J’étais toujours là. C’est une belle expérience et de gros rôles pour de jeunes enfants.

Et ça lui manque à Alice?

Oui. Alice, tout ce qu’elle veut faire, c’est des comédies musicales. Son rêve, c’est de faire un stage à Broadway. Cet été, nous allons d’ailleurs voir certaines écoles à New York. Mais nous lui disons qu’elle n’est pas obligée de réaliser son rêve à 13 ans, que ça peut arriver plus tard dans sa vie. Elle peut attendre la vingtaine...

En terminant, Élyse, tout en étant très ancrée dans le moment présent, que te souhaites-tu pour les années qui viennent?

Je suis capable de me projeter quand même! (rires) Je veux m’occuper des gens que j’aime, être proche de ma fille. Je veux trouver ce qui va bien et en profiter. Puis, dans le travail, évidemment, j’aimerais que l’émission Les

Chefs! revienne, que les gens soient à l’écoute. J’aimerais jouer de nouveau et animer encore. Je n’ai pas de plan de carrière et je suis plus heureuse comme ça. Tu sais, le fait que l’émission soit revenue m’a fait comprendre encore plus que tout peut arriver. Je suis de nature très anxieuse. Alors, quand je dis que tout peut arriver, c’est souvent au pire que je pense... Mais là, c’est le contraire. Sinon, parce que je trouve que la vie va vite, je veux être capable encore longtemps de goûter chaque moment.

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Par Pascale Wilhelmy
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Aux côtés de sa fille, Alice.

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