Jean-Philippe Perras
UN BON GARS
Jean-Philippe, viens-tu d’une famille artistique?
Non! Mon père a travaillé dans la fabrication de meubles après avoir étudié l’ébénisterie, et ma mère a possédé plusieurs entreprises, dépanneur, boulangerie, crèmerie...
Elle a l’entrepreneuriat dans le sang. Mon frère n’a jamais été attiré par tout ce qui est artistique, alors que moi j’ai toujours tripé musique, cinéma et improvisation. J’ai étudié les arts et lettres au cégep de Granby–Haute-Yamaska, avec entre autres mon bon ami Alex Nevsky. Puis, une fois mon diplôme d’études collégiales en poche, j’ai ressenti un urgent désir de découvrir le monde. Je suis parti voyager en France et au Maroc pendant cinq mois et demi! C’est lors de ce voyage que mon désir de devenir acteur est né, sans être totalement assumé.
Que veux-tu dire?
J’ai étudié pendant deux ans et demi en animation et recherche culturelle à l’UQAM avant de tenter ma chance aux auditions de l’École nationale de théâtre, encouragé par mes amis qui étaient tannés de m’entendre dire que je voulais devenir acteur sans jamais passer à l’action! (rires)
Tu as décroché un rôle dans 30 vies, peu de temps après avoir obtenu ton diplôme de l’École nationale de théâtre!
Pour un gars qui n’avait jamais fait de télé, je me trouvais choyé d’avoir Élise Guilbault et Benoit McGinnis comme partenaires de jeu! À ma sortie de l’école, je n’avais aucune référence, je pensais que le rythme de travail effréné de cette quotidienne était la norme! (rires) Ce plateau a été très formateur pour moi.
Est-ce vrai qu’à l’École nationale de théâtre, quelqu’un t’a dit que tu décrocherais seulement des rôles de gentil au petit écran?
Oui, c’est vrai. Et je comprends pourquoi! Traditionnellement, les téléspectateurs devaient savoir au premier regard si tel ou tel personnage était gentil ou méchant. Mais heureusement, le petit écran change de plus en plus, ose davantage avec des anti-castings! J’ai débuté avec des personnages bienveillants: Francis dans 30 vies et Sébastien dans Toi & Moi, le summum du bon gars! Puis les choses ont changé lorsque le réalisateur Stéphan Beaudoin a vu en moi le bum Raphaël Boudrias, dans L’heure bleue, ou encore Kevin, le trafiquant de drogue dans le film Yankee.
Quand on te rencontre en personne, on se demande comment un gars aussi sweet que toi peut jouer les bums à la Raphaël Boudrias!
Merci, c’est un beau compliment! Je pense que, malgré ma face de gars qui médite, se prépare des jus verts le matin et fait de la course à pied, j’ai un petit fond de Raphaël Boudrias. D’ailleurs,
« Je pense que malgré ma face de gars qui médite, se prépare des jus verts le matin et fait de la course à pied, j’ai un petit fond de Raphaël Boudrias.»
je suis persuadé qu’on a tous quelque part un côté bad boy! C’est juste qu’on ne l’exprime pas, parce que c’est socialement inacceptable. Cela dit, je m’entends bien avec ma blonde, mes amis, mes parents, je n’ai pas de problème de consommation comme Raphaël, je n’ai pas de conflit qui me torture de l’intérieur... Mais je dois avouer que c’est le fun de pouvoir sacrer, crier, être bête et laisser sortir le méchant par le biais de ce personnage.
Parallèlement à ton métier de comédien, tu fais de la musique...
Oui! Mon ami Adrien Bletton et moi formons le duo Gustafson. Deux nouvelles chansons verront le jour au printemps. Je décrirais notre musique comme étant électro-pop-romantique-nostalgique. Adrien et moi, nous faisons de la musique d’abord et avant tout par plaisir. Pour l’instant, nous avons une belle notoriété dans le milieu underground, mais nous avons le goût de faire connaître nos chansons, de les faire voyager.
Tu écris aussi des chansons pour d’autres artistes!
Avec Alex Nevsky, nous avons composé la chanson Le temps manque à l’amour, pour Jean-François Breau et MarieEve Janvier. Marie-Eve, Alex et moi sommes tous originaires de la région de Granby. D’ailleurs, je connaissais bien son frère, Louis-Philippe Janvier (emporté par le cancer en 2013). Écrire cette chanson a été une magnifique
expérience. J’ai le goût de répéter l’aventure.
Qu’est-ce que la musique apporte dans ta vie?
Lorsque je suis sur les plateaux en train d’interpréter un personnage, je me sens vivant, ma créativité est comblée. Mais entre les tournages, je peux rapidement tourner en rond. La musique vient donc à la rescousse. Jouer du piano ou de la guitare me garde allumé et nourrit mon besoin de création. Me louer un chalet dans le bois, travailler des tounes durant deux ou trois jours: c’est le bonheur!
Un autre de tes bonheurs, c’est voyager!
En novembre dernier, Alex Nevsky et moi sommes partis au Mexique pour suivre notre formation de plongée sous-marine à Cozumel: les récifs longeant cette petite île figurent parmi les destinations de plongée les plus populaires des Caraïbes. Nous avions au préalable fait les examens théoriques sur internet. Il ne nous restait que les examens pratiques: quatre plongées, dont une à 18 mètres de profondeur!
Étais-tu nerveux?
Oui! Je n’ai presque pas dormi la nuit précédant cette plongée. Cela dit, je m’inquiétais pour rien! Être à une telle profondeur procure un état quasi méditatif. C’est un sentiment difficile à expliquer... C’est comme découvrir un autre monde auquel on n’appartient pas. Les poissons multicolores, les paysages sous-marins à couper le souffle, figurent parmi mes plus belles expériences à vie!
L’heure bleue, mardi 21 h, à TVA.