7 Jours

La subjectivi­té du temps

- Par Josée Boudreault

Je réalise que le temps est tellement subjectif. Dernièreme­nt, je pensais à mon après-AVC. Ces mois ont paru interminab­les, mais maintenant, ils semblent avoir passé en un clin d’oeil. Quand on est dans un moment plus difficile, tout semble aller à pas de tortue, mais après coup, bizarremen­t, on finit par avoir quand même l’impression que ç’a passé vite.

Chaque hiver arrive un temps où j’ai l’écoeurette de la neige. J’ai beau aimer cette saison, j’ai le mode printemps qui entre en fonction très facilement. Et lorsque quelques tempêtes de neige viennent briser cet élan printanier, je ne peux m’empêcher de me répéter: «Ça va-tu finir?» L’hiver joue des tours! Il laisse croire qu’il s’en va en offrant des journées de douceur, en découvrant les routes... On change l’heure, il fait clair en soirée, les enfants sortent leur skateboard et leur trottinett­e. On est heureux, on se dit que ça sent le printemps. Et puis, bang! L’hiver fait volte-face en enseveliss­ant les villes de sa lourde neige.

PAS DÉJÀ!

Mais juste comme je trouve que l’hiver est long sans bon sens, je suis contactée par mon concession­naire automobile, qui m’annonce que je dois prendre rendez-vous pour mes pneus d’été. «Y est-tu fou? Je viens juste de faire installer mes pneus d’hiver!» Ç’a déjà été assez compliqué de trouver une date pour les faire poser, je ne peux croire que je dois déjà les faire enlever!

DE L’ÉTÉ À L’HIVER...

Il me semble qu’hier encore je rangeais le patio, déplaçais la table à pique-nique, entreposai­s tout dans le cabanon et fermais la piscine. Comment l’hiver a pu être si long et si court en même temps? L’autre jour, j’ai enfin rangé le pingouin lumineux qui se tenait sur le perron. Mon chum était surpris: «Ben voyons, pourquoi tu rentres déjà le pingouin? Je viens de l’acheter!» Pourtant, ça faisait des mois que le pauvre animal décoratif traînait devant la maison. Même Anabelle m’a dit: «Il faut ranger le pingouin de Noël à papa, je ne suis plus capable!»

C’ÉTAIT HIER...

Le temps est tellement subjectif. Ma fille Chloé achève sa cinquième secondaire. Il me semble qu’hier j’allais visiter l’école avec elle. Elle était impression­née, les corridors du collège lui paraissaie­nt longs. Devant elle s’ouvraient les portes d’une étape importante de sa vie. J’avais magasiné son matériel scolaire et son uniforme, que j’avais acheté dans une friperie. Il était usagé mais comme neuf. Me semble que je viens tout juste de le lui procurer, quoique, l’autre jour, je voyais qu’il était défraîchi et qu’il commençait à avoir des trous. Si je le vends à quelqu’un d’autre, ça ne pourra être qu’à un gars qui fait des contrats de peinture.

ALLER JUSQU’AU BOUT

J’ose dire à Chloé à quel point le secondaire a passé vite, et elle me répond: «T’es folle de dire que ç’a passé vite! C’était si long. J’ai changé de gang au moins trois fois et j’ai dû pleurer l’équivalent de deux litres juste à cause des maths! C’était l’affaire la plus longue au monde, le secondaire!» Je suis certaine que, dans quelques années, elle se dira que ç’a passé vite, qu’elle n’a pas vu le temps passer. Même si certains moments sont difficiles et semblent interminab­les, je pense qu’il faut savoir les apprécier et aller jusqu’au bout. Dans chaque chose accomplie, on apprend. Et quand ce sera terminé, on se dira: «Maudit que ç’a passé vite!»

« Dans chaque chose accomplie, on apprend. Et quand ce sera terminé, on se dira: “Maudit que ç’a passé vite! ”»

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