Chrystine Brouillet
En 1982, Chrystine Brouillet a publié Chère voisine, son premier roman, pour lequel elle a reçu le prix Robert-Cliche. Depuis, elle s’est fait connaître à titre de romancière en écrivant plus d’une cinquantaine de romans, principalement des romans policiers qui ont connu un grand succès, dont Le collectionneur et Indésirables. Maud Graham, son personnage d’inspectrice, est devenue une icône du genre policier au Québec, et les romans dans lesquels elle apparaît se sont vendus à plus de 700 000 exemplaires. Cet été, l’auteure renoue avec son personnage en offrant aux lecteurs, dès le 29 juillet, la 19e enquête de Maud Graham dans le roman policier Les cibles. Crimes homophobes et xénophobes, c’est à cette triste réalité que Maud Graham et son équipe doivent faire face.
Nicole, qu’est-ce que la méditation exactement?
Méditer est un verbe, ce qui fausse tout. On pense que c’est l’action de faire quelque chose, alors que la véritable méditation, celle qui a traversé les siècles, c’est se donner la permission d’être tel que nous sommes, avec ce qui est là, que ce soit confortable ou pas, sans juger. C’est le plus important. Quand quelque chose est observé, inévitablement, il change. Quand on observe notre état, y compris notre stress et nos pensées anxiogènes, sans juger quoi que ce soit, c’est appelé à changer. Les neurosciences le confirment désormais: méditer permet de reprogrammer nos conditionnements neuronaux.
Est-ce que la période actuelle, avec le déconfinement, la peur du virus, le télétravail, est un bon moment pour commencer à méditer?
Absolument. Les gens se mettent souvent à la méditation en plein chaos, et c’est correct! D’ailleurs, on devrait plutôt parler des méditations. Méditer permet de faire la paix avec l’impermanence des choses, une idée que l’on avait tendance à oublier. En fait, c’est principalement un entraînement de notre cerveau pour reprogrammer le fonctionnement du système nerveux.
Comment peut-on arriver à méditer avec tout ce qui se passe actuellement?
Le plus grand défi, c’est qu’il faut sortir de nos têtes. Par exemple, je médite depuis quelque temps couchée au sol, parce que je suis traversée par de nombreuses vagues d’émotions. Il y a de nombreuses personnes autour de moi qui souffrent. Je me couche au sol et je me laisse traverser par le souffle. On peut aussi faire un exercice physique avant de méditer pour relâcher le surplus de tension. Pour méditer, il faut passer par le corps et la respiration naturelle profonde, en insistant sur l’expiration.
La méditation n’est pas toujours facile, et beaucoup se découragent rapidement. Comment faut-il l’aborder pour arriver à en faire régulièrement?
Le plus grand problème — et généralement la raison pour laquelle les gens abandonnent —, c’est que plusieurs personnes s’imposent le stress de se calmer ou de chercher un état propice pour entrer en méditation. L’autre chose qui crée beaucoup de dommages, c’est le perfectionnisme. Cette pandémie nous a donné une grande leçon d’humilité; on a pris conscience de notre vulnérabilité et c’est une grande force. Être capable de dire qu’on n’y arrive pas, c’est une prise de conscience. Et si c’est accompagné de bienveillance, tout ça va permettre de se concentrer sur ce qui est en notre pouvoir. La seule chose qu’on peut contrôler, c’est notre façon de voir la situation. Les êtres les plus courageux sont ceux qui sont les plus intimes avec leurs peurs. Il faut donc honorer nos peurs pour pouvoir les surmonter. Méditer fait de l’espace pour les accepter.
Les enfants peuvent-ils aussi profiter des bienfaits de la méditation, et si oui, comment?
Il faut amener les enfants ou les ados à commencer la méditation. L’idée est de les outiller, car ils vont devoir faire face à une société dans laquelle les changements seront de plus en plus importants et fréquents. S’ils peuvent voir les épreuves comme des défis, ça les aidera individuellement. La méditation pour les enfants ou pour les ados, c’est la même chose que pour les adultes, mais en plus court.