«C’est important de se rappeler la vie de nos aïeux»
Romancière assumée, Marthe Laverdière nous présente La Delle, un nouveau roman divisé en deux tomes. Le premier, intitulé Alvenia, est maintenant disponible, et le second le sera à l’automne. Une histoire qui se déroule à la fin du XIXe siècle et dans laquelle on suit la jeune Alvenia, dont la vie ne sera pas un long fleuve tranquille.
Madame Laverdière, où avez-vous puisé votre inspiration pour ce nouveau roman?
Je pars toujours d’une histoire vécue. Lorsque j’étais jeune, là où je suis née, une histoire circulait au sujet d’une vieille fille: les gens disaient qu’elle aurait eu un enfant et qu’elle se serait organisée pour qu’il soit placé à côté de chez elle pour veiller sur lui. C’était des ouï-dire, mais je suis partie de cette rumeur pour parler des femmes qui donnaient leur enfant. C’est donc l’histoire d’une femme qui a beaucoup de volonté et de force, et qui tiendra tête à son père.
Vous dédiez justement ce premier tome à toutes ces femmes qui ont eu à abandonner leur enfant...
Oui, parce que je trouve ça terrible. Elles avaient toutes sortes de raisons de le faire, par exemple le contexte familial ou religieux. Je voulais mettre en scène une héroïne qui a décidé de ne pas le faire, mais elle devra passer par tellement de manigances… On va quasiment finir par la détester, car elle deviendra aussi dure que son père. Elle consacrera sa vie à son enfant et tout tournera autour de lui.
Votre roman raconte un pan de l’histoire du Québec.
Oui, et je trouve cette histoire importante, d’autant plus que je suis grand-mère. Mes petits-enfants sont tellement loin de cette façon de vivre que s’il n’y a pas d’écrits pour en témoigner, ils ne sauront même pas ce qui s’est passé. Je trouve ça important de se rappeler la vie de nos aïeux, de nommer leurs combats.
Aviez-vous un plan de match précis en tête pour cette nouvelle saga?
Je n’ai jamais de plan. Quand je m’assois devant l’ordinateur, j’ai l’impression que les personnages se créent d’euxmêmes et qu’ils vont là où ils veulent aller. Parfois, ça me fait de la peine de les voir se diriger vers un endroit ou un autre, mais ils y vont quand même. Le plus dur, c’est de laisser les personnages vivre leur vie. Je me retiens d’intervenir, car quand ils commencent à se former, je veux les laisser libres.
Vos petits-enfants ont-ils lu votre livre?
Non, et je ne voudrais pas qu’ils le lisent en ce moment, car il y a quelques passages érotiques. Ils ne sont pas prêts à lire cela. Je leur écris des histoires pour enfants. Mais quand ils auront l’âge de le lire, ils comprendront un peu plus ce que j’ai moi-même vécu. Il ne faut pas oublier le passé.
Avez-vous d’autres projets?
Je vais avoir mon émission à TVA cet été, une émission horticole avec un côté humoristique. J’ai aussi un autre projet de livre. Entre-temps, tous les droits d’auteur de mon livre sont remis à la Fondation Marthe Laverdière, qui vient en aide aux enfants handicapés. Ça fait déjà quatre ans que nous offrons du répit, des installations, de l’ergothérapie, de la physiothérapie et des camps de jour pour les enfants.
Tout ça par amour pour votre petite-fille, Jeanne.
Jeanne ne peut pas en bénéficier, mais il y a tellement d’enfants comme elle… Elle est chanceuse: elle a ses parents, et ses grands-parents sont aussi très présents, mais ce n’est pas la réalité de tous les enfants. Avec mon spectacle d’humour, j’ai dépassé les 100 000 billets vendus! Grâce à tout ce qui m’arrive, j’espère réaliser mon rêve de construire une maison de répit pour les enfants handicapés.
La Delle, tome 1: Alvenia est déjà disponible. L’émission Planter avec Marthe débutera le lundi
10 juin à 19 h, à TVA.
On s’informe sur ses projets au marthelaverdiere.com. Pour contribuer à sa fondation: fondationmarthelaverdiere.com.