LA LOTERIE DU FLÉTAN
Le cinéaste de Lamèque Pat Gauvin braque son objectif sur l’une des pêches côtières les plus étonnantes. Le sprint au flétan suit quatre équipages de la Péninsule acadienne qui se lance dans cette course à la ressource d’à peine une journée.
Depuis quelques années, le réalisateur de Lamèque suit de près l’univers des pêcheries côtières. Après s’être intéressé au hareng, il donne la parole aux pêcheurs de flétan. La particularité de cette pêche est que la saison ne dure que quelques heures par année. À l’instar de son documentaire sur la pêche au hareng, Le sprint au flétan, qui sera diffusé également sur Canal D, a une facture très dynamique. La caméra suit quatre équipages; celles des capitaines Samuel Larocque, Denis Haché, James Stewart et Guillaume Haché. Le tournage s’est déroulé à l’été 2014. Ils ont filmé l’ensemble des préparatifs, pour ensuite tourner en mer pendant les 10 heures de la saison. Il s’agit d’une véritable course contre la montre et le film de Pat Gauvin témoigne bien de cette effervescence. L’opération est parfois dangereuse, apprend-on dans cette nouvelle réalisation des Productions du Milieu.
«Le fait que c’est tellement rapide, les gars risquent de faire des erreurs plus facilement. Il y a aussi beaucoup de pêcheurs qui n’ont jamais pratiqué cette pêche», a expliqué Pat Gauvin qui cherche à montrer la réalité des pêcheurs.
«Je vis dans une place côtière et je veux montrer leur quotidien sur l’eau et les défis personnels auxquels ils font face», a souligné le cinéaste au cours d’un entretien téléphonique depuis Lamèque où il tourne une nouvelle série documentaire de huit épisodes sur la pêche au hareng.
Le sprint au flétan est présenté en première à l’Aquarium et Centre Marin de Shippagan, vendredi, dans le cadre de l’Éco Festival. Les équipages vedettes sont très différents les uns des autres. Chacun a son histoire, certains étant des pêcheurs expérimentés, tandis que d’autres sont de nouveaux venus. C’est le cas, entre autres, de Guillaume Haché, optométriste de formation qui a décidé de revenir vivre dans sa région pour pratiquer le métier de pêcheur. Le nouveau capitaine en était à sa première expérience de pêche au flétan. C’est assez fascinant de suivre leur parcours.
«C’était extrêmement complexe de faire la préparation de ce tournage-là. On les suit au jour le jour et il n’y a pas d’horaire fixe. La date officielle de la pêche a été annoncée à la dernière minute. Pendant la journée de pêche, j’étais en mer avec les équipages et plusieurs équipes de tournage», a expliqué le réalisateur qui a eu recours à un caméraman et un preneur de son par bateau.
«C’était assez stressant d’envoyer plusieurs équipes et je devais les guider sur le contenu. Ça passait ou ça cassait. On a été chanceux et ç’a bien marché», a exprimé Pat Gauvin. Les images de son film sont parfois saisissantes tout en étant près des gens. Les pêcheurs se livrent avec beaucoup de naturel et parlent de leur quotidien avec aisance, sans artifice donnant ainsi quelques répliques assez savoureuses quelques fois très drôles et touchantes. Il s’approche du cinéma-vérité. Les pêcheurs comparent cette pêche à une loto, ne sachant jamais à quoi s’attendre d’une saison à l’autre. Pat Gauvin confie qu’il respecte beaucoup le travail des pêcheurs. En réalisant des films sur les pêcheries, il veut en quelque sorte redonner ses lettres de noblesse à ce métier difficile et parfois dénigré.
«Les gens sont vraiment fiers de se voir à la caméra, de voir leur métier à la télévision. Nos capitaines sont fiers de participer au projet et ils disent que c’est important pour leur métier, l’industrie, la relève et de montrer qui ils sont. Des fois, les témoignages que je reçois sont vraiment émotifs», a ajouté le cinéaste.
En plus de terminer le tournage de la série sur la pêche au hareng, il travaille au développement d’autres projets pour Canal D, dont un sur l’industrie de la tourbe et un autre sur la pêche des bayous en Louisiane.
Le sprint au flétan est présenté à l’Aquarium et Centre marin vendredi à 15h30. Le documentaire sera diffusé sur Canal D le 27 septembre à 22h. La narration a été confiée au comédien et auteur-compositeur-interprète Raphaël Butler.