SANTÉ: LES SYNDICATS SONNENT L’ALARME
Venir en aide à son prochain fait partie du code génétique de tous les êtres humains. Mais consacrer une carrière de 27 ans à réduire la souffrance des plus démunis, dans certains des endroits les plus pauvres et les plus reculés de la planète? Voilà qui frôle la dévotion!
Âgée de 65 ans, Linda Allain, qui est originaire de Moncton, en a vu du pays. Ayant oeuvré dans le domaine du développement international et de la santé publique, elle est notamment intervenue en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Ghana, à Haïti, au Népal, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie, en Namibie, au Bangladesh et en ex-Yougoslavie.
À la retraite depuis 2010, Mme Allain a travaillé, entres autres, pour le Conseil canadien pour la coopération internationale, la Commission canadienne pour l’UNESCO, les Services internationaux de la Croix-Rouge canadienne et de la Croix-Rouge américaine, le Comité international de la Croix-Rouge et l’agence de santé publique John Snow.
En 27 ans de carrière (dont trois à titre de bénévole), l’éventail de l’aide qu’elle a offerte est aussi varié que la liste des pays qu’elle a visités. Pendant dix ans, elle avait, par exemple, le mandat d’assurer la disponibilité de médicaments de base dans plusieurs pays où elle se rendait de deux à trois fois par année.
«Souvent, les postes de santé sont assez éloignés des villages. Quand quelqu’un tombe malade, il arrive qu’après plusieurs heures de marche pour se faire soigner ou pour faire soigner un enfant, le poste de santé n’a pas le médicament. Ou si le médicament nécessaire est disponible, il est périmé», raconte Mme Allain.
«Mon travail consistait à faire une analyse de la chaîne gouvernementale d’approvisionnement et de proposer un plan pour assurer une alimentation régulière à chaque établissement de santé.»
Elle cite l’exemple du travail accompli auprès des patients séropositifs du Népal en 2005, aux prises avec de graves problèmes de disponibilités des médicaments.
«Quelques fois, les médecins recevaient trop de médicaments, ou le mauvais médicament, et d’autres fois, pas assez», raconte-telle.
«Un an et demi (après l’intervention de Mme Allain et de son équipe), les médecins ne cessaient de nous remercier, car ils pouvaient être sûrs que lorsqu’ils commençaient un traitement, ils étaient certains que les médicaments seraient disponibles. Ils ne cessaient de nous dire comment la vie et la santé de leurs patients s’étaient améliorées.»
Celle qui a quitté l’Acadie en 1983 a aussi fait beaucoup de travail humanitaire, notamment en Turquie (transport de tentes vers la région sinistrée d’Erzincan, en 1992), en Bosnie-Herzégovine (livraison de nourriture aux réfugiés des guerres de la Yougoslavie) et en Somalie (famine et guerre entre clans).
Invitée à raconter l’expérience la plus positive qu’elle a vécue dans le cadre de son travail, Mme Allain se souvient avec beaucoup d’émotion d’un voyage en Éthiopie, en 2002.
«Il y avait un village extrêmement pauvre et très isolé et la seule source d’eau était une rivière à trois heures de marche. La CroixRouge a fait creuser un puits près du village et j’ai été invitée à participer à la cérémonie d’inauguration. Le bonheur des villageois, surtout des femmes - celles qui devaient faire six heures pour aller chercher l’eau - était palpable», se souvient celle qui dit s’être toujours présentée comme Acadienne du Nouveau-Brunswick, même pendant ses voyages outre-mer.
Linda Allain confie avec candeur qu’enfant, elle souhaitait devenir religieuse mis- sionnaire. Difficile de ne pas la croire quand on constate à quel point sa vie a été consacrée à réduire la souffrance. Elle demeure toutefois très humble face à l’ensemble de ses accomplissements.
«Je ne considère pas le travail que j’ai fait pendant ces 27 années comme étant un sacrifice, dit-elle. Au contraire, j’en étais passionnée et je me considère chanceuse d’avoir pu faire un travail qui me plaisait beaucoup.»