Chasseurs F15: libéraux et conservateurs croisent le fer
La défense nationale a provoqué des échanges acrimonieux entre les libéraux et les conservateurs au 50e jour de la campagne électorale, dimanche, tandis que le passé est revenu hanter Thomas Mulcair, encore une fois.
Le chef libéral Justin Trudeau a pris de flanc une des positions les plus vulnérables du gouvernement Harper: le controversé programme d’achat des chasseurs F15 pour remplacer les vieux CF-18 des Forces armées canadiennes.
M. Trudeau a promis de renoncer à l’achat de ces appareils pour les remplacer par des avions moins coûteux. L’argent ainsi économisé serait réinvesti dans la marine et les chantiers maritimes à Halifax et à Vancouver.
De passage à Halifax, où les chantiers maritimes sont un rouage important de l’économie locale, M. Trudeau a dit qu’il mettra au rebut l’achat prévu des 65 avions furtifs F15 qui, selon des experts, coûterait au Trésor public quelque 44 milliards $ au cours des quatre décennies pendant lesquelles ces appareils doivent être en service.
« Les chantiers maritimes de Halifax et de la côte Ouest ont besoin qu’on leur garantisse qu’on continuera d’investir, at- il déclaré. Nous construirons ces navires. Nous empêcherons les retards dans les embauches, la formation et les investissements afin de s’assurer que ces navires soient livrés dans les délais, tout en respectant les budgets. C’est sur quoi les libéraux se concentrent et nous allons y parvenir. »
Pour le chef conservateur Stephen Harper, les engagements de M. Trudeau prouvent que les libéraux ne prennent pas la question de la sécurité des Canadiens au sérieux.
Il a souligné que l’aviation canadienne avait besoin de ces appareils et de leurs capacités pour remplacer les CF- 18 qui participent à l’intervention militaire contre le groupe armé État islamique en Syrie et en Irak.
«Permettez-moi d’être clair: nous n’abandonnerons pas notre lutte contre l’État islamique, nous n’abandonnerons pas nos alliés, nous n’abandonnerons pas la population de cette région, nous n’abandonnerons pas les capacités de notre force aérienne et nous n’abandonnerons pas notre industrie aérospatiale » , a- t- il lancé.
De son côté, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a promis de rouvrir le Centre secondaire de sauvetage maritime de la capitale de Terre-Neuve fermé par le gouvernement en mai 2012.
UN PASSÉ HANTANT
Le passé est revenu hanter M. Mulcair, dimanche, et deux fois plutôt qu’une.
M. Mulcair s’est notamment excusé pour avoir utilisé l’expression « Newfie » lors d’un échange houleux à l’Assemblée nationale, il y a près de 20 ans, et a dû revenir sur sa démission du conseil des ministres de Jean Charest en 2006.
Samedi, des anciens collègues libéraux de M. Mulcair, Monique GagnonTremblay et Pierre Reid – tous deux députés de la région de l’Estrie –, ont contredit la version du chef néo- démocrate en affirmant au quotidien La Presse que c’est lui qui, le premier, avait proposé de vendre des terrains du parc provincial du mont Orford à des promoteurs privés.
Ces allégations ont sidéré Thomas Mulcair.
« C’est assez curieux. Le tout est tellement public depuis une dizaine d’années (...). J’ai refusé de signer le décret ( autorisant la vente). J’ai quitté le conseil des ministres en me tenant debout sur cette question de principe (...). Ce décret a été signé à la première réunion du conseil des ministres après mon départ » , a- t- il réitéré.
100 MILLIONS $ POUR LES ENTREPRISES MANUFACTURIÈRES
De leur côté, les conservateurs ont promis de dépenser jusqu’à 100 millions $ pour aider les entreprises manufacturières à lancer leurs produits sur le marché.
L’argent ne sera toutefois pas disponible à court terme. Les conservateurs prévoient lancer leur Stratégie d’allégement fiscal et d’équilibre budgétaire pour la fabrication au cours de l’exercice financier 2017- 2018. Elle s’étendra ensuite sur cinq ans.
Le nouveau Fonds de démonstration des technologies de fabrication de 100 millions $ sera mis à la disposition des sociétés privées collaborant avec des petites et moyennes entreprises, des universités ou des cégeps pour commercialiser un projet ou une idée « dans le secteur manufacturier de pointe » .
Selon les conservateurs, ce fonds aidera les entreprises canadiennes à maintenir le rythme de leurs concurrentes japonaises, allemandes, coréennes et britanniques sur les marchés mondiaux.
« Avec notre plan, les Canadiens vont bénéficier de nouveaux investissements majeurs dans la recherche et le développement industriels, et notre secteur manufacturier va rester concurrentiel sur le marché mondial», a fait valoir M. Harper dans un communiqué.
Le chef conservateur a fait cette promesse alors qu’il menait campagne à Windsor, en Ontario, une région qui compte un important secteur automobile.