LES CONSERVATEURS DÉFAITS
À sa première tentative en politique, l’avocat restigouchois René Arseneault a signé une victoire sans équivoque et fait subir un cuisant revers conservateur sortant, et non le moindre, le ministre Bernard Valcourt.
De fait, le poids lourd conservateur – qui en était à son troisième mandat du côté fédéral (élections de 1984, 1988 et 2011) – s’est même retrouvé bon troisième, loin derrière le néo-démocrate Rosaire L’Italien.
En chiffre, au moment de mettre sous presse, le Parti libéral avait recueilli l’appui de 57 % de la circonscription, donc plus de 14 500 citoyens. Le NPD était bon deuxième avec 25,5 %, suivi du Parti conservateur avec 16 % seulement du suffrage.
Lundi en journée, le nouveau député libéral a traversé sa circonscription d’un bout à l’autre et terminé sa course chez lui, à Balmoral. C’est sous un salve d’applaudissements que l’élu a fait son entrée à la caserne de pompiers de l’endroit, attendu de plusieurs dizaines de militants, amis et membres de la famille.
«Je suis vraiment très excité. C’est une grande victoire d’équipe que l’on vit aujourd’hui et partout dans la circonscription, du Madawaska au Restigouche», a lancé d’emblée le gagnant de la soirée, avouant qu’il ne s’est jamais senti menacé par le tenant du titre, le conservateur Bernard Valcourt.
«J’ai lu quelque part que l’on parlait d’une lutte à trois. Sans prétention de ma part, ç’a toujours été clair pour moi que c’était en fait une lutte à deux», dit-il, faisant référence au candidat néo-démocrate, Rosaire L’Italien.
Avec sa victoire, M. Arseneault a hérité d’une circonscription qui comporte son lot de défis économiques. Lui qui a fait de l’économie son fer de lance tout au long de sa campagne a d’ailleurs donné le ton à son tout premier mandat en réservant son premier coup de fil au promoteur du projet Zenabis, cette usine de marijuana médicale qui désire s’établir à Atholville.
«On a des promoteurs qui sont déjà en place et qui veulent depuis belle lurette démarrer une usine et embaucher des gens. Tout le monde se demande pourquoi ça ne démarre pas, et on veut savoir pourquoi. Je viens de parler au promoteur et je vais le rencontrer dans deux jours. Ça sera mon premier dossier chaud», explique-t-il.
Le grand perdant de cette élection dans Madawaska-Restigouche a certes été le conservateur Bernard Valcourt qui n’a pu obtenir un deuxième mandat consécutif, subissant le même sort qu’en 1993 (alors aux mains de la libérale Pierrette Ringuette).
Il faut dire que son récent mandat n’aura pas été de tout repos, à commencer par le dossier de l’assurance-emploi dont il s’est fait le fier défenseur et qui aura été une épine au pied jusqu’à la fin. Au Restigouche, sa difficulté à conclure le dossier Zenabis aura également joué contre lui. Son bilan aux Affaires autochtones n’aura pas non plus réussi à épater la galerie. Dans le bureau de scrutin de la Première nation d’Eel River Bar au Restigouche, deux électeurs seulement ont coché le nom du conservateur qui est même arrivé à cet endroit derrière la candidate du Parti vert.
En s’adressant à ses militants à Edmundston et en énumérant une longue liste des projets auxquels il a contribué en tant que député-ministre, M. Valcourt a dit qu’il quittait la tête haute et avec le sens du devoir accompli.
«Je suis déçu, mais j’accepte avec sérénité le verdict des citoyens. On ne pourra me pointer du doigt pour mes réalisations», a-t-il dit.
Le ministre défait s’est dit conscient que son gouvernement pouvait faire face à une vague de mécontentement.
«Je ne peux pas faire l’autopsie de la campagne à ce stade-ci. Je suis un grand garçon et je savais que cela pouvait se produire. Après une dizaine d’années du gouvernement Harper, les gens voulaient un changement», a-t-il indiqué.
En ce qui a trait à son avenir, M. Valcourt, avocat de profession, a dit qu’il allait laisser retomber la poussière avant de réfléchir sur ce qui l’attend.
- Avec la collaboration du journaliste Gilles Duval