Cancer du sein: l’accès aux traitements est inéquitable
Un nouveau rapport publié la semaine dernière par le Réseau canadien du cancer du sein déplore les longs délais d’attente pour les femmes souffrant d’un cancer du sein métastatique. Elles peinent à obtenir un traitement en raison de l’absence de médicaments couverts par les régimes publics provinciaux d’assurance médicaments.
L’organisme estime que ces longs délais d’attente pour obtenir un traitement sont le résultat de l’absence d’échéances fermes imposées aux provinces pour l’ajout des médicaments, et que ces temps d’attente peuvent parfois être une question de vie ou de mort.
«Il y a en Atlantique un temps d’attente plus grand que dans les autres provinces», affirme sans détour Cathy Ammendolea, la présidente du conseil d’administration Réseau canadien du cancer du sein.
L’étude en vient à la conclusion qu’il existe un décalage de deux ans ou plus entre les provinces en ce qui a trait à la décision de rembourser un médicament ou non.
L’absence du Halaven dans la liste de médicaments remboursés au NouveauBrunswick, même si le Programme pancanadien d’évaluation des médicaments oncologiques a émis cette recommandation, est également dénoncée par l’organisme.
Après cette recommandation en 2012, le Québec n’a pourtant pris que trois mois pour inscrire Halaven sur sa liste de médicaments remboursés.
Le médicament breveté, qui est utilisé pour traiter les cancers du sein métastatiques chez les patientes qui ont précédemment subi au moins deux chimiothérapies, est reconnu dans huit autres provinces canadiennes.
Selon elle, les conclusions du rapport vont inciter l’organisme à poursuivre sa mission d’éducation plus que jamais auprès de la population.
«J’ai dû traverser le pays pour assister à des ateliers me permettant de rencontrer d’autres femmes souffrant d’un cancer du sein métastatique. Nous avons besoin de données pancanadiennes précises sur le fardeau que représente cette maladie pour que les patients et les gouvernements prennent des décisions éclairées au sujet du coût de l’assurance médicaments. En ce moment, nous devons nous battre seules pour avoir accès aux médicaments. Nous devons nous mobiliser», déplore pour sa part une Néo-Brunswickoise atteinte de ce type de cancer, qui a préféré garder l’anonymat.
Le Réseau canadien du cancer du sein croit de plus que les délais d’attente de ces médicaments vitaux sont causés par les coûts parfois très élevés de ceux-ci et par le nombre relativement peu élevé de femmes qui en sont atteintes.
«En fin de compte, la facture totale pour le gouvernement provincial serait assurément peu élevée», estime Mme Ammendolea.
«La réponse est toujours qu’il y a une longue liste de médicaments sur le bureau qui doivent être étudiés et qu’il y a certains médicaments qui touchent plus de gens, qui sont donc plus urgents que d’autres».
«Notre pays est doté d’un bon système, mais il n’est pas parfait. Un des plus grands défis est l’absence d’échéances fermes imposées aux provinces pour l’ajout de médicaments sur leur liste après leur homologation et la conclusion d’une entente relative à leur prix. Si le Nouveau-Brunswick ne peut pas offrir un médicament qu’une patiente en Ontario peut obtenir, ce n’est pas normal et c’est tragique», conclut Mme Ammendolea.
«Certaines patientes du Nouveau-Brunswick peuvent bien l’utiliser, mais c’est très cher et c’est à leurs propres frais. Je n’ai pas de chiffre exact, mais on parle d’une somme qui peut atteindre 4000 $ par mois», a-telle indiqué à l’Acadie Nouvelle.