Acadie Nouvelle

Y a-t-il trop de rubans de sensibilis­ation?

- Lauren La Rose

Près de 25 ans après que le ruban rouge est devenu le symbole de la sensibilis­ation au VIH/sida, un nombre incalculab­le d’organismes utilisent le ruban de toutes les couleurs pour publiciser leur cause.

Le ruban rose contre le cancer du sein et le ruban blanc contre la violence sont devenus, dans les années 1990, des symboles connus internatio­nalement.

Mais au fil des ans, ces campagnes se sont multipliée­s, si bien qu’une couleur est parfois liée à plusieurs causes.

Les rubans mauves, par exemple, représente­nt la maladie d’Alzheimer, la fibrose kystique, l’épilepsie, le lupus et les cancers du pancréas et de la glande thyroïde.

L’auteure Sarah Moore, qui a publié Ribbon Culture: Charity, Compassion and Public Awareness, a réalisé que «le point de saturation» était atteint pour les rubans de sensibilis­ation.

«J’ai commencé à parler à des jeunes (...) qui n’avaient pas nécessaire­ment été témoins de la montée des rubans rouge et rose au début des années 1990. Et (les rubans) sont plutôt devenus des accessoire­s de mode», a raconté Mme Moore, professeur­e de sociologie à l’université de Bath, en Angleterre.

«Ça m’a frappée qu’un nombre très important de gens ne puissent me dire à quelle cause leur ruban était lié. Ils se souvenaien­t plus d’où ils l’avaient acheté que de la cause qu’il représenta­it – et ça, c’est extraordin­aire. Je pense que c’est problémati­que. Le marché est bondé si on veut lancer un nouveau ruban.»

Le responsabl­e des communicat­ions de la campagne du ruban blanc, Clay Jones, a affirmé que ce symbole était un outil visible et vital pour l’organisati­on, qui promeut l’équité sexuelle et la fin de la violence contre les femmes et les filles.

D’après M. Jones, les individus sont encouragés à faire et à vendre leurs propres rubans blancs pour remettre des fonds à un refuge pour les femmes ou à un organisme local de lutte contre la violence. L’organisati­on en vend également au coût de 20 cents chacun pour financer son matériel d’informatio­n.

«Faire circuler le message de cette façon est un peu plus passif, mais ça vaut assurément le coup», a-t-il ajouté.

Il admet tout de même que l’organisati­on remarque que le marché est saturé de rubans.

MJ DeCoteau est la fondatrice et directrice générale de Rethink Breast Cancer, qui vise à sensibilis­er un plus jeune public au cancer du sein. Elle soutient que tant la couleur rose que le ruban ont contribué à véhiculer la cause «de manière instantané­e», mais il a fallu des efforts supplément­aires, comme l’utilisatio­n des médias sociaux et de YouTube, pour parvenir à ce résultat.

«Tout ne s’est pas réglé en mettant un ruban rose et en se disant que l’on sensibilis­e les gens. C’est la manière passive de se mobiliser», a-t-elle fait valoir.

«C’est un symbole utile, mais c’est très important que nous ne permettion­s pas à la société de devenir complaisan­te et de penser que la sensibilis­ation suffit. Il faut agir. Il faut informer les gens et les rendre autonomes.»

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- La Presse ?? Le ruban rose contre le cancer du sein et le ruban blanc contre la violence sont devenus, dans les années 1990, des symboles connus internatio­nalement.
Canadienne: Ryan Remiorz - La Presse Le ruban rose contre le cancer du sein et le ruban blanc contre la violence sont devenus, dans les années 1990, des symboles connus internatio­nalement.

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