Fraude dans une association des loisirs de Tracadie
Victime d’un détournement d’argent obtenu auprès du gouvernement fédéral en 2013, l’Association des loisirs de Leech, à Tracadie, vit des moments difficiles. Elle espère rebondir. L’affaire est portée devant les tribunaux.
Officiellement, l’Association des loisirs de Leech est toujours active. Dans les faits, elle paraît plutôt en sommeil, agitée par des démêlés judiciaires.
Le 14 octobre, une septuagénaire a comparu en cour provinciale de Tracadie. Elle est accusée de fraude et de détournement d’argent au détriment de l’association. Que s’est-il passé? De quel montant s’agit-il? Peu d’informations ont filtré lors de cette première comparution.
Le juge a accordé un délai à l’accusée lui permettant de consulter un avocat. Elle est à nouveau convoquée le 25 novembre.
Nous avons voulu en savoir plus. Selon ce que nous avons découvert, les faits se sont déroulés en 2013. À cette époque, cela fait un an que l’Association des loisirs de Leech n’utilise plus son centre situé 36, chemin Bellerive. Édifié en 1973, le local est devenu vétuste. La toiture pose problème.
La présidente d’alors se met d’accord avec une amie non membre de l’association, celle qui s’est retrouvée au tribunal le mois dernier. Cette dernière dépose un dossier à Ottawa pour bénéficier d’une subvention qui lui est accordée en juillet.
Le gouvernement a émis un chèque de 25 000 $ au nom de l’association. La somme doit financer les travaux de couverture. La présidente a alors donné 5000 $ à son amie qui lui a permis d’acheter une maison.
Un artisan de Le Goulet a été sollicité. Il a estimé le chantier à 58 000 $. En guise de premier versement, il a reçu près de 18 000 $. Découvrant cela, des membres de l’association ont demandé des explications à l’amie qui leur a assuré qu’elle leur rembourserait les 5000 $ dans les semaines qui viennent.
Ne recevant aucun autre acompte, l’artisan n’a pas entamé les travaux et a gardé les 18 000 $; les membres n’ont jamais revu la couleur des 5000 $. Au 36, chemin Bellerive, le bâtiment est laissé à l’abandon.
«Il y a encore des affaires à l’intérieur, mais le local est magané. Ça sent le moisi, il y a des champignons. On ne peut plus l’utiliser», révèle Lester Doiron.
Le nouveau responsable de l’Association des loisirs de Leech déplore la situation. Pour lui, cette histoire nuit à l’image de l’association. Il a hâte que l’affaire soit jugée.
«Tout ça, c’est le résultat d’une mauvaise gestion. Ce qui est fait est fait, on veut tourner la page et aller de l’avant.»
Lester Doiron a pu compter sur le soutien de la mairie. Le conseil municipal a accordé à l’association 350 $ pour consulter un avocat. Aldéoda Losier, le maire de Tracadie, trouve tout cela «très regrettable». Il espère que cette structure se remette rapidement sur les rails.
«Elle est un atout pour ce secteur de notre municipalité.»
Plus largement, cette affaire pose la question de l’utilisation de l’argent public et du suivi opéré par le fédéral après avoir alloué une subvention.