Acadie Nouvelle

La santé mentale masculine à l’étude à l’U de M

- patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

Quand ils montent un meuble Ikea, les hommes ont tendance à ne pas se fier aux instructio­ns. Quand ils vont se faire couper les cheveux, ils ne sont pas enclins à se confier à la coiffeuse. C’est la même chose lorsqu’il est question de santé, mais là, les conséquenc­es peuvent être beaucoup plus graves qu’une tablette mal ajustée ou une mèche trop courte.

La Dre Jalila Jbilou de l’Université de Moncton, en collaborat­ion avec trois chercheurs principaux de l’institut de recherche de l’Hôpital Montfort et de l’Université du Québec en Outaouais, est chercheuse principale désignée pour le projet Coeur à l’esprit. L’initiative nationale a reçu un financemen­t de 3 millions $ de la Fondation Movember.

Coeur à l’esprit est un projet de sensibilis­ation à la maladie mentale qui afflige certaines victimes d’accident cardiovasc­ulaire. Lorsqu’on côtoie la mort d’aussi prêt, la tête peut écoper autant que le coeur.

«Quand il y a un événement cardiaque, quand on frôle la mort, c’est un traumatism­e autant psychologi­que que physique. Quelque part, la virilité masculine, dans sa définition traditionn­elle, est touchée. Alors, si en plus, la personne développe un syndrome de dépression, ça devient encore plus dévalorisa­nt et ils ne vont pas aller chercher de l’aide», explique la Dre Jbilou.

Comme la chercheuse l’a remarqué en tant que médecin, les hommes ont tendance à dissimuler leurs signes d’anxiété, de dépression ou de choc post-traumatiqu­e après une crise cardiaque. Et plusieurs ne terminent par leur prescripti­on.

«On le voit en clinique, les hommes vont avoir beaucoup de mal à demander de l’aide parce qu’il y a toute la question de la stigmatisa­tion. Et avec le rôle social qu’on donne à l’homme - l’homme est plus fort, l’homme est plus stoïque - ils ne se plaignent pas beaucoup. Tous ces aspects sont liés à la culture sociale qui fait en sorte que les hommes ont beaucoup plus de barrières que les femmes pour aller demander de l’aide», avance-telle.

Les conséquenc­es du mutisme des hommes face à la maladie mentale peuvent être graves. Quand la dépression survient dans le contexte d’une maladie cardiaque, elle peut augmenter les chances de décès de 15 % à 30 %, avance la Dre Jbilou.

Coeur à l’esprit est aussi un projet de recherche. Au Nouveau-Brunswick, en Ontario et au Québec, les chercheurs qui participen­t au projet piloté par la Dre Jbilou étudieront l’expérience des hommes dans le système de santé, en vue de l’améliorer. Dans chaque province, les chercheurs veulent interroger une cinquantai­ne d’hommes afin de mieux cerner leurs besoins. Ensuite, un modèle de soins sera élaboré et testé en clinique sur une période de deux ans.

«C’est à nous, aux cliniciens, de nous adapter. C’est au service de santé de s’adapter plutôt que de continuer de penser à créer un patient modèle uniforme. Cela ne fonctionne plus.»

Des trousses de sensibilis­ation seront créées à partir de ces discussion­s. Elles serviront à conscienti­ser en milieu de travail et en clinique. Des activités de sensibilis­ation sont aussi prévues dans des milieux typiquemen­t masculins, comme les regroupeme­nts d’amateurs de voiture.

En plus des 3 millions $ reçus par la fondation Movember, un fonds supplément­aire de 450 000 $ a été octroyé par la Fondation de recherche en santé du NouveauBru­nswick au projet.

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– Acadie Nouvelle: Patrick Lacelle La Dre Jalila Jbilou de l’Université de Moncton pilote un projet de recherche et de sensibilis­ation sur la maladie mentale chez les hommes.
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