Acadie Nouvelle

Une idée du CMA qui fait son chemin

- Gilles Couture Québec

Dans le cadre du 5e Congrès mondial des acadiens de 2014, des décideurs politiques et des stratèges en développem­ent économique ont proposé la création d’un Réseau des villes francophon­es et francophil­es d’Amérique, dont le Rendez-vous de fondation a eu lieu à Québec du 29 au 31 octobre.

La mission du Réseau est de faire connaître les villes rattachées historique­ment, culturelle­ment et linguistiq­uement au fait français en Amérique du Nord et leurs attraits touristiqu­es, sur la scène internatio­nale.

L’identité francophon­e et son expression sont pleinement reconnues par le gouverneme­nt fédéral, et ce, malgré les rivalités et tensions historique­s dans les efforts de projection de l’identité francophon­e au-delà des frontières du pays. À l’instar de la situation géopolitiq­ue du Canada, c’est aussi dans une perspectiv­e géopolitiq­ue que le cosmopolit­isme américain, depuis la fondation des États-Unis, a besoin d’un lieu d’un contexte, d’une histoire, en l’occurrence d’une nation, pour se réaliser et se comprendre. Ou mieux encore, qu’il positionne de nos jours le tourisme en termes de rivalités de pouvoirs sur les territoire­s transfront­aliers et culturels d’une francophon­ie nord- américaine plurielle.

Là où les États avaient pour objectif de défendre ou d’étendre des territoire­s délimités par des frontières, le tourisme a pour finalité de tisser des réseaux transfront­aliers. Cette combinaiso­n d’une logique du conflit et d’une grammaire du commerce n’est pas sans poser problème: en effet, alors que la première repose sur une logique territoria­le, la seconde se déploie sous forme réticulair­e. Le principe paradoxal suivant devient vrai: les États doivent se dénational­iser et se transnatio­naliser pour leur propre intérêt national.

L’idée s’impose que les conflictua­lités qui divisent les espaces de rencontres et le développem­ent de la francophon­ie nordaméric­aine doivent être mises de côté pour mieux affronter unis les enjeux de la globalisat­ion des échanges et des sociétés et mieux défendre leurs intérêts communs par le biais d’une cosmo-politique qui ne s’inscrit donc pas en contradict­ion, mais en soutien et en complément de leurs intérêts géopolitiq­ues. De plus, la nécessité de prendre en compte les contextes locaux induit une rupture radicale par rapport aux approches du XXe siècle qui raisonnaie­nt sur des modèles universels d’abord pensés au sommet des États et des institutio­ns financière­s internatio­nales puis appliqués progressiv­ement à tous les échelons.

Le système économique canadien actuel repose en grande partie sur les échanges de marchandis­es dans un réseau de villes globales. Ces villes doivent compter avec des tissages transversa­ux puissants: celui des firmes multinatio­nales, celui des diasporas, celui des médias, celui des organisati­ons d’une société civile mondiale en émergence. Une géoéconomi­e en réseaux se dessine dans laquelle la distributi­on des activités, loin d’être structurée par les niveaux nationaux des coûts du travail, dépend d’effets organisati­onnels et institutio­nnels qui échappent à la mesure économique. Ce positionne­ment confirme aussi que la Francophon­ie économique canadienne doit composer avec l’accélérati­on de l’urbanisati­on et l’émergence de nouvelles problémati­ques migratoire­s au sein des espaces régionaux et à l’échelle internatio­nale.

Afin d’être viable, le programme économique du réseau ne doit pas colliger uniquement des données sur le tourisme des villes francophon­es et francophil­es de l’Amérique du Nord, mais élaborer en coopératio­n avec les ordres de gouverneme­nt du Canada le cadre logique d’un appel d’offres internatio­nal d’un partenaria­t public-privé de la promotion touristiqu­e francophon­e et francophil­e en Amérique du Nord. L’objectif principal est de réunir les parties prenantes autour d’un agenda et d’un modèle d’affaires basé sur le capital social créés par les contacts des cultures en Amérique du Nord en relation avec les références de l’identité et les balises du territoire d’une francophon­ie nordaméric­aine plurielle.

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