Acadie Nouvelle

Le fondateur de la FrancoFête et de Coup de coeur francophon­e prend sa retraite

- sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com

Après 37 ans à la barre du Service des loisirs sociocultu­rels de l’Université de Moncton, Louis Doucet, tirera sa révérence en décembre. Celui qui est à l’origine du réseau canadien Coup de coeur francophon­e et de la FrancoFête en Acadie fait un retour sur ces années passionnan­tes et exigeantes.

À quelques heures de l’ouverture de la FrancoFête, le téléphone ne dérougit pas dans le bureau de Louis Doucet. L’ancien président de la FrancoFête est un acteur majeur au sein de ce rendez- vous des arts de la scène en Atlantique. Il raconte que la première FrancoFête en 1997 visait plusieurs objectifs, les premiers étant d’accroître la visibilité des spectacles Coup de coeur francophon­e et de renouveler l’activité Contact- Acadie. C’était à deux ans de la tenue du Sommet de la Francophon­ie à Moncton et les organisate­urs, dont le regretté Marc Chouinard, cherchaien­t à créer une effervesce­nce francophon­e au centre- ville de Moncton. En 1999, la Stratégie de promotion des artistes acadiens sur la scène internatio­nale est née, permettant ainsi de créer des corridors avec l’Europe.

L’événement qui a évolué au fil des années a permis à l’industrie musicale acadienne de se profession­naliser, estime Louis Doucet.

« On a toujours eu de bons artistes, mais nous n’avions pas les moyens de les encadrer correcteme­nt. Nous n’avions pas d’agent, de gérant, de label, etc. Il y avait Distributi­on Plages qui en était à ses premières armes, mais on avait toute l’industrie à inventer ou à mettre en place » , a- t- il expliqué.

Parti d’un événement pluridisci­plinaire, la FrancoFête s’est recentrée avec les années en concentran­t ses activités autour de la musique et de la chanson, avec quelques clins d’oeil aux autres discipline­s des arts de la scène. Le Réseau atlantique de diffusion des arts de la scène (RADARTS), qui est en quelque sorte une retombée de la FrancoFête, a pris la relève pour l’organisati­on. Populaire et festif à ses débuts, l’événement est destiné maintenant davantage aux profession­nels de l’industrie. Le public est toujours invité, mais il se fait un peu plus rare.

« C’est moins facile d’attirer le public. Avant, la plupart des vitrines étaient présentées en formule cabaret au centrevill­e. Ça nous permettait de voir la réalité de ce qu’un artiste pouvait offrir avec un public, mais la qualité et le contrôle n’étaient pas tout à fait au rendez- vous. On a perdu le côté populaire, mais on a gagné du côté de la profession­nalisation. Tous les agents que je connais qui viennent de partout reconnaiss­ent que la FrancoFête offre une qualité de vitrine impression­nante. »

UN RICHE PARCOURS

Ayant grandi dans un univers où la culture était omniprésen­te, celui qui, à 10 ans, a vu Félix Leclerc en spectacle, semblait prédestiné à travailler dans le domaine culturel. Après des études en psychologi­e et en animation sociocultu­relle, il est devenu le directeur du Service des loisirs sociocultu­rels. Ce service a présenté plus de 1500 spectacles en 37 ans. De nombreux moments ont marqué le diffuseur. Il se souvient, entre autres, des premiers concerts de Céline Dion ou encore du spectacle de Roch Voisine au Colisée de Moncton à la suite de son grand succès avec Hélène.

Quand les diffuseurs préparent leur programmat­ion, ils doivent tenir compte de plusieurs facteurs.

«Je pense que le public francophon­e suit assez bien les spectacles. Là où on a encore un défi, c’est au niveau du goût du risque. Les gens n’ont pas encore tout à fait développé ce goût-là. Ils vont aller voir un artiste inconditio­nnel, la preuve étant Louis José Houde qui revient à Moncton avec le même spectacle depuis trois ans et qui remplit deux soirs», a exprimé le diffuseur qui vise l’équilibre entre les valeurs sûres et les découverte­s. Le financemen­t du secteur privé pour la diffusion est plus difficile à obtenir, mais en revanche les programmes d’appui à la diffusion des gouverneme­nts compensent, faisant en sorte que les artistes arrivent à circuler et que les programmat­eurs peuvent se sortir la tête de l’eau. Après son départ, Louis Doucet envisage de prendre une pause, même s’il ne pense pas rester loin du secteur culturel pendant très longtemps. Musique, arts visuels, théâtre, danse, cinéma; tout le passionne, rappelant comment l’art peut constituer un véhicule puissant d’émotions.

La personne qui lui succédera à la di- rection du Service des loisirs sociocultu­rels n’a pas encore été choisie. Le conseil d’administra­tion de RADARTS a décidé de donner le nom de Louis Doucet à son prix d’Excellence qui sera remis lors de l’ouverture de la Franco-Fête mercredi.

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- Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau La FrancoFête a permis à l’industrie musicale acadienne de se profession­naliser, estime Louis Doucet.
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