Pornographie et sexualité chez les jeunes: Soeur Marie-Paul Ross veut «sauver» les Acadiens
La doctorante en sexologie clinique, Soeur Marie-Paul Ross, souhaite transformer l’enseignement de la sexualité au NouveauBrunswick. Elle quitte le Québec pour s’installer à Cocagne et fonder une école de la santé sexuelle.
«Les jeunes sont rendus trop loin dans leur confusion sexuelle. Le Québec est en retard d’une quinzaine d’années sur le NouveauBrunswick de ce côté-là. Ils ont laissé les jeunes patauger dans une pornographie omniprésente.»
Soeur Marie-Paul Ross est très critique à l’égard des jeunes Québécois. Elle affirme qu’il est trop tard pour changer quoi que ce soit à leur éducation sexuelle, gangrenée par la pornographie trop facilement accessible sur internet.
Elle se tourne aujourd’hui vers l’Acadie, qui peut encore être «sauvée». C’est l’aspect communautaire et la proximité de l’interaction entre les individus qui l’ont séduit.
«Au Nouveau-Brunswick, c’est très différent. Les jeunes possèdent une bonne attitude. Ils sont intéressés à apprendre. Au lieu d’être écrasés dans leurs chaises à regarder partout, ils écoutent et posent beaucoup de questions. C’est pour ça que je veux m’y installer.»
Elle souhaite fonder une école de gestion d’autonomie sexuelle et ensuite approcher les autorités éducatives de la province pour s’immiscer dans l’éducation sexuelle des jeunes à l’école. Soeur Marie-Paul Ross affirme qu’elle ne souhaite pas «prendre la place de personne», mais bien collaborer avec le personnel en place et offrir ses services pour améliorer la santé des Néo-Brunswickois.
La doctorante est l’auteure de cinq livres à succès abordant différents aspects de la vie et de la sexualité, dont une autobiographie. En plus d’être la fondatrice de l’Institut international de développement intégral du Québec, qui offre des services cliniques et d’éducation, elle a reçu en 2012 la Médaille du jubilé de diamant de la reine, en guise de reconnaissance à sa contribution au service du Canada.
Soeur Marie-Paul Ross souhaite entamer une discussion sur la sexualité en Acadie, pour en déboulonner les mythes et les tabous.
«C’est de la santé globale, de la gestion du malaise, de la gestion du bien-être dont il est question. La santé et la sexualité sont reliées de très près. Par exemple, on sait très bien qu’une sexualité mal vécue va engendrer énormément de problèmes de santé. J’espère outiller les gens et ils pourront en outiller d’autres gens à leur tour.»
LA RELIGION ET LES TABOUS SEXUELS
Questionnée à savoir comment elle parvient à réconcilier sa profession et ses croyances religieuses, Soeur Marie-Paul Ross ne se gêne pas pour dénoncer les excès de l’Église. «L’enseignement est tout croche. Les erreurs que l’Église a commises pendant toutes ces années... On a eu des siècles de répression sexuelle, de culpabilisation. Aujourd’hui, nous avons perdu l’érotisme, nous sommes dans la porno par-dessus la tête. Et c’est grave.»
Elle se désole de constater que l’attitude du clergé a très peu changé au fil des ans.
«Je ne suis pas très aimée du monde religieux, ça, je le sais. Au Québec, ça a été épouvantable, mais en Acadie j’ai trouvé les gens beaucoup plus ouverts à la question sexuelle, malgré la présence religieuse.»
Elle assure que le centre qu’elle veut fonder à Cocagne sera non confessionnel.