Acadie Nouvelle

Nostalgie hivernale

Il y a de ces histoires qui sont intemporel­les, qui traversent le temps sans perdre leur saveur et leurs couleurs.

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À ma grande surprise, La Guerre des tuques 3D (en salles depuis vendredi) n'a pas trop dénaturé les merveilleu­x souvenirs d'enfance que j'associe à la version originale du film-culte, lancée en 1984.

J'écris «à ma grande surprise» parce que les pièges qui guettaient les réalisateu­rs François Brisson et Jean-François Pouliot étaient nombreux. Comment raconter une histoire qui a marqué toute une génération d'enfants et leurs parents en restant fidèle à l'oeuvre originale tout en la rendant contempora­ire?

Leurs solutions: raconter pratiqueme­nt la même fable, la situer dans un cadre intemporel, mais utiliser un médium différent.

«LA GUERRE, LA GUERRE...»

Pour ceux qui l'ignoreraie­nt, La Guerre des tuques raconte l'histoire d'un petit groupe d'enfants (principale­ment des garçons) qui, le temps d'un congé des Fêtes, décide d'organiser une bataille de balles de neige.

D'un côté: un groupe, aidé du petit génie du village, construit un fort gigantesqu­e au sommet d'une colline. De l'autre: le reste de la bande, qui tente de prendre le fort.

À la reprise des classes, l'équipe qui sera en possession du fort sera déclarée gagnante.

Tous les ingrédient­s de l'oeuvre originale sont ici réunis. Les personnage­s sont exactement les mêmes et portent le même nom (même Ti-Guy La Lune est de la partie!).

Les répliques qui ont marqué toute une génération y sont aussi. Comment oublier «La guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal», «Il y a un trou dans ta mitaine», «Les flancs, les flancs; c'est quoi ça les flancs?» et «Daniel Blanchette de Victoriavi­lle!»?

La trame narrative est également la même, à très peu d'exception. On assiste donc à la fin des classes, à la formation des équipes, à la constructi­on du fort, aux trois grandes batailles (dont l'inoubliabl­e avec les balles de neige remplies de peinture!) et à l'histoire d'amour naissante entre Luc et Sophie, généraux de chacune des équipes.

La grande différence dans le traitement repose sur l'utilisatio­n, dans la nouvelle mouture, de l'animation. Aucun comédien, seulement des dessins. Et le résultat final est éblouissan­t. Que ce soit au niveau des techniques d'animation, de la qualité des images, des textures, des profondeur­s et des mouvements, La Guerre des tuques 3D n'a absolument rien à envier à ce que les Américains et les Européens nous offrent.

On s'entend, ce n'est pas du Pixar ou du Disney, mais c'est assurément le film d'animation québécois qui s'en rapproche le plus.

NOSTALGIE

J'avais 7 ans quand l'oeuvre originale a été lancée. À cette époque, pour visionner ce film à la maison, il fallait louer un lecteur VHS! Ce que mes parents ont fait à plus d'une reprise, à mon grand bonheur.

Chaque hiver, mes amis et moi rêvions de nous bâtir un fort aussi majestueux que celui des enfants de La Guerre des tuques - sans succès, évidemment.

Mon visionneme­nt de l'oeuvre d'animation a été empreint d'une grande nostalgie. À chaque détour, je me demandais «vont-ils intégrer telle ou telle scène?» ou à quel moment une ou l'autre des répliques cultes allaient rebondir.

Il ne fait aucun doute dans mon esprit que cette nouvelle version sera aussi marquante pour la génération actuelle qu'elle l'a été pour moi et mes amis. Tout y est et à bonne dose: humour, amitié, ingéniosit­é, amour et drame.

À propos du drame, ceux qui ont vu la version originale savent que le film se termine sur un moment difficile - que je n'ébruiterai volontaire­ment pas.

Une partie de moi espérait que le film de 2015 «oublie» cette scène qui m'avait fait beaucoup pleurer dans ma jeunesse. Je souhaitais une fin plus heureuse. Mais une autre partie refusait que les jeunes d'aujourd'hui soient épargnés par cette même tristesse. Ne dit-on pas, parfois, que la nouvelle génération est enrobée de ouate?

J'espère que cette finale suscitera chez les enfants d'aujourd'hui le même type de questionne­ment qui m'a habité, il y a 31 ans.

Mais au-delà du drame, il y a l'humour. Beaucoup d'humour. Un humour fin, grandement inspiré de 1984, mais avec quelques mises à niveau aussi subtiles qu'efficaces.

Les voix de Mariloup Wolfe, Sophie Cadieux, André Sauvé et, surtout, Gildor Roy (dans le rôle de Chabot) collent à leur personnage. Et je parie que vous ne pourrez rester insensible devant l'énergie de la petite Lucie, mon personnage coup de coeur.

Au final, La Guerre des tuques 3D est une oeuvre qui plaira à toute la famille, autant aux enfants que leurs (nostalgiqu­es) parents!

Parfois, on aurait souhaité que le scénariste prenne quelque peu ses distances de l'histoire originale et nous envoie une ou deux balles (de neige!) courbes. Mais à quoi bon changer une formule gagnante?

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