DE TOKYO À CAMPBELLTON
Ils sont de plus en plus nombreux à choisir le Nouveau-Brunswick francophone afin de s’immerger dans la culture canadienne et apprendre la langue de Molière.
Le programme des élèves internationaux en est à sa cinquième année d’existence dans la province, du côté francophone.
Depuis son lancement, des élèves des quatre coins de la planète sont venus étudier ici pendant un semestre ou deux. Cette année, ils sont 25 jeunes.
«Et en septembre, on s’attend à en recevoir 35», explique Suzanne Gagnon, coordonnatrice du programme. Du coup, celleci est en pleine phase de recrutement de familles pour accueillir les élèves lors du prochain semestre, notamment dans les régions de Campbellton, Dalhousie, Edmundston, Grand-Sault, Shediac et Bouctouche.
«Le programme grossit d’année en année. Le mot se parle à l’étranger si bien qu’on a plus de demandes. Le bilinguisme naturel du Nouveau-Brunswick est d’ailleurs très bien vu, car en plus d’apprendre le français, ils peuvent pratiquer leur anglais qui est aussi chez eux une langue seconde. Notre province leur fait moins peur puisque l’anglais est quand même présent pas mal partout. En cas de difficultés donc, ils peuvent toujours se faire comprendre», souligne Mme Gagnon.
Les jeunes participants au programme sont âgés de 12 à 18 ans.
«Ils sont ici d’abord pour apprendre une autre langue, mais aussi pour vivre l’expérience canadienne. Ils veulent essayer des sports qu’ils ne peuvent pas pratiquer dans leur pays, suivre des cours qui ne sont pas accessibles chez eux.
Et dans tout cela, les familles d’accueil vivent aussi une expérience très enrichissante. Ça va dans les deux sens. La preuve, certaines familles reviennent d’année en année», ajoute la coordonnatrice.
Le cas de Lisette Maltais au Restigouche est un exemple parfait.
Cette dernière a accueilli son premier élève en septembre 2014.
«Je suis tombée à la retraite et je me cherchais quelque chose à faire pour remplir mes journées. Et comme j’aime beaucoup voyager et être en contact avec différentes cultures, j’ai pensé participer au programme et apporter le monde chez moi au lieu de partir», exprime Mme Maltais.
«Ces enfants-là sont tellement spéciaux. Ils sont très ouverts sur le monde. Ils ont soif d’apprendre et le goût de l’aventure. Parce qu’il faut le dire, ce n’est pas fait pour tout le monde de quitter la maison pendant six mois ou un an», indique-t-elle.
Sa première participante fut une Autrichienne, Klara. Celle-ci s’est tellement plu au pays qu’elle a prolongé son séjour de trois semaines. Le second, Friedrich, était Allemand. Et depuis août 2015, la Restigouchoise héberge Kiyo, une jeune Japonaise de 17 ans originaire de Tokyo. Il s’agit de la première asiatique de tout le programme francophone. Et pour le prochain semestre, elle accueillera non pas une, mais deux élèves, soit une de la Turquie et une autre de l’Italie.
«On apprend en côtoyant ces jeunes, c’est incroyable. C’est ça la beauté de ce programme», explique-t-elle.
Mme Maltais entretient par ailleurs toujours de très bonnes relations avec ses anciens locataires.
«Friedrich viendra passer deux semaines dans la région ce mois-ci. Je parle à Klara presque tous les jours et elle prévoit venir ici en juillet passer un mois avec moi. On a tissé des liens vraiment très étroits. Je les ai tous adoptés à ma façon, comme mes propres enfants. Et c’est la même chose avec Kiyo avec qui j’aurai passé le plus de temps, tout près d’un an», indique-t-elle, prenant soin d’ajouter que la séparation prévue en juin est un sujet tabou.
«On ne parle pas de ça, car juste le fait d’aborder le sujet nous met les larmes aux yeux», confie-t-elle.