Acadie Nouvelle

LA DURE RÉALITÉ DES TRAVAILLEU­RS D’USINE

«On devient fatigués, on devient épuisés, on tombe malade, on a mal ici...»

- jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Arthrite, rhumatisme­s, problèmes de dos et de jambes… Voilà à quoi peuvent s’attendre les employés d’usines de transforma­tion de fruits de mer à la fin d’une longue carrière dans le domaine.

De nombreux travailleu­rs d’usine de transforma­tion au pays sont près de la retraite. Force est de constater que les années de travail manuel ont laissé des traces.

«La récompense que tu as, à la fin d’une carrière dans une usine, c’est que tu restes avec tes maux. Tu as mal au dos, tu as mal aux genoux. Ce monde-là travaille dur», assure Gary White, représenta­nt du Syndicat des métallos, un groupe qui représente plusieurs travailleu­rs d’usine.

Les douleurs font partie du quotidien de ces travailleu­rs.

Plusieurs employés passent la saison morte dans les hôpitaux afin de régler leurs ennuis de santé chroniques avant le début de la prochaine saison.

«UNE VIEILLE FEMME DE SHOP »

Quelques-uns ont accepté de témoigner dans nos pages, mais à condition que leur identité ne soit pas révélée.

«Moi je suis une vieille femme de shop. J’aime beaucoup mon travail. Mais on devient fatigués. On devient épuisés, on tombe malade, on a mal ici, on a mal là. Moi, j’ai de gros maux de jambes. Je passe beaucoup de temps dans les hôpitaux pour pouvoir retourner au travail. Tout le monde est plein de rhumatisme­s, d’arthrite, d’hernies…», explique Joanne.

«C’est répétitif. Physiqueme­nt, c’est dur sur le dos. Il faut, psychologi­quement, que tu te parles et que tu te motives. Surtout les grosses journées durant les grosses périodes», mentionne Henri.

Le travail saisonnier dans une usine n’a rien de glorieux. Il s’agit d’un métier difficile. Avec les mains et les pieds mouillés, les travailleu­rs oeuvrent sur un plancher de ciment pendant au moins 10 heures par jour durant la saison de pointe. Quand les débarqueme­nts sont plus importants, les patrons demandent qu’ils travaillen­t les samedis et les dimanches.

«On travaille de longues heures, jour après jour, y compris les samedis et les dimanches. C’était toujours de même. Maintenant c’est un peu mieux. Ils ont des réfrigérat­eurs, donc au bout de deux ou trois semaines ils peuvent nous donner une journée de congé.»

Plusieurs intervenan­ts auxquels nous avons parlé ont fait savoir qu’ils ont découragé leurs enfants de poursuivre une carrière dans les usines.

«S’il y a beaucoup de homard, ça se peut qu’on nous demande de faire un quart de travail de 12 heures. On sort de là à 20h ou 23h. Tout ce qu’on peut faire pour se lever le lendemain matin, c’est de prendre d’autres Tylenols, et on y va», affirme Joanne.

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Avec les mains et les pieds mouillés, les travailleu­rs oeuvrent sur un plancher de ciment pendant au moins 10 heures par jour durant la saison de pointe, y compris les samedis et dimanches. - Archives
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