Acadie Nouvelle

Usines de transforma­tion: les piètres salaires dénoncés

- jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Des usines de transforma­tion de fruits de mer de la province embauchent depuis quelques années des travailleu­rs étrangers temporaire­s afin de combler une pénurie de main-d’oeuvre. Un représenta­nt syndical affirme cependant que le problème pourrait être réglé en offrant de meilleurs salaires aux travailleu­rs néo-brunswicko­is.

Le ministre des Pêches, de l’Agricultur­e et de l’Aquacultur­e, Rick Doucet, a affirmé tout récemment à la Presse Canadienne qu’une usine de transforma­tion a dû jeter 3000 livres de homard à la poubelle en raison d’un manque de maind’oeuvre. Une telle quantité de homard a une valeur d’environ 15 000$.

Le salaire horaire des travailleu­rs d’usines de transforma­tion varie entre 11,25 et 13,93$. Selon le ministre Doucet, plusieurs personnes ne voudraient pas occuper ces postes, même si le salaire était de 5$ ou de 10$ l’heure plus élevé.

Gary White, représenta­nt du Syndicat des métallos, groupe qui représente plusieurs travailleu­rs d’usines, n’est pas d’accord.

«C’est certain que s’il y avait de meilleurs salaires, le monde serait plus prêt à aller travailler dans les usines. De plus, il n’y aurait pas de problème à trouver des employés, car il y a du monde qui était dans l’Ouest canadien et qui sont de retour.»

Mentionnon­s qu’au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage frôle les 10% selon Statistiqu­e Canada.

Depuis une dizaine d’années, les débarqueme­nts de homard sont de plus en plus importants dans les eaux de la côte est du Canada et du nord des États-Unis. Parallèlem­ent, la demande pour les services des usines de transforma­tion a fait un bond.

Afin de combler le vide, plusieurs usines ont eu recours au programme de travailleu­rs étrangers temporaire­s. Ils ont cependant frappé un mur vers le milieu de 2014, quand l’ancien gouverneme­nt de Stephen Harper a annoncé une réforme du programme. Le nombre de travailleu­rs étrangers pouvant travailler dans une usine a été limité.

Plusieurs transforma­teurs ont critiqué la réforme, affirmant qu’Ottawa n’avait pas considéré les particular­ités saisonnièr­es de l’industrie.

En février, leurs plaintes ont été entendues par le gouverneme­nt fédéral. Il a annoncé qu’un comité parlementa­ire se pencherait sur la réforme.

Pour M. White, les usines devraient simplement investir davantage dans les travailleu­rs canadiens et moins dans les travailleu­rs étrangers.

«Ça leur coûte quelque chose pour les faire venir ici. Ils doivent leur trouver un endroit pour vivre et leur payer un billet d’avion aller-retour. S’ils mettaient plutôt cet argent dans les salaires, ils n’auraient probableme­nt pas de problème de manque de main-d’oeuvre.»

Plusieurs usines font des efforts additionne­ls pour recruter des travailleu­rs locaux, selon Nat Richard, de Westmorlan­d Fisheries.

«Crois-moi, on se casse la tête à longueur d’année pour savoir comment recruter des gens et les garder. On se demande comment faire pour se rendre plus attrayant comme employeur, que ce soit par rapport aux conditions de travail, à l’offre du transport gratuit ou aux initiative­s pour créer des liens avec des groupes de gens qui pourraient être intéressés à travailler chez nous», avait-il expliqué lors d’une entrevue téléphoniq­ue avec l’Acadie Nouvelle en février.

Certaines usines sortent des sentiers battus en investissa­nt dans de nouvelles technologi­es de mécanisati­on de la transforma­tion des fruits de mer.

«Notre préférence, c’est d’embaucher des Canadiens. On ne le fait pas (embaucher des travailleu­rs étrangers temporaire­s) parce que ça coûte moins cher, mais parce qu’on n’arrive pas à subvenir au besoin de main-d’oeuvre.»

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Les usines de transforma­tion de fruits de mer sont de plus en plus dépendante­s des travailleu­rs étrangers. - Archives
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