Usines de transformation: les piètres salaires dénoncés
Des usines de transformation de fruits de mer de la province embauchent depuis quelques années des travailleurs étrangers temporaires afin de combler une pénurie de main-d’oeuvre. Un représentant syndical affirme cependant que le problème pourrait être réglé en offrant de meilleurs salaires aux travailleurs néo-brunswickois.
Le ministre des Pêches, de l’Agriculture et de l’Aquaculture, Rick Doucet, a affirmé tout récemment à la Presse Canadienne qu’une usine de transformation a dû jeter 3000 livres de homard à la poubelle en raison d’un manque de maind’oeuvre. Une telle quantité de homard a une valeur d’environ 15 000$.
Le salaire horaire des travailleurs d’usines de transformation varie entre 11,25 et 13,93$. Selon le ministre Doucet, plusieurs personnes ne voudraient pas occuper ces postes, même si le salaire était de 5$ ou de 10$ l’heure plus élevé.
Gary White, représentant du Syndicat des métallos, groupe qui représente plusieurs travailleurs d’usines, n’est pas d’accord.
«C’est certain que s’il y avait de meilleurs salaires, le monde serait plus prêt à aller travailler dans les usines. De plus, il n’y aurait pas de problème à trouver des employés, car il y a du monde qui était dans l’Ouest canadien et qui sont de retour.»
Mentionnons qu’au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage frôle les 10% selon Statistique Canada.
Depuis une dizaine d’années, les débarquements de homard sont de plus en plus importants dans les eaux de la côte est du Canada et du nord des États-Unis. Parallèlement, la demande pour les services des usines de transformation a fait un bond.
Afin de combler le vide, plusieurs usines ont eu recours au programme de travailleurs étrangers temporaires. Ils ont cependant frappé un mur vers le milieu de 2014, quand l’ancien gouvernement de Stephen Harper a annoncé une réforme du programme. Le nombre de travailleurs étrangers pouvant travailler dans une usine a été limité.
Plusieurs transformateurs ont critiqué la réforme, affirmant qu’Ottawa n’avait pas considéré les particularités saisonnières de l’industrie.
En février, leurs plaintes ont été entendues par le gouvernement fédéral. Il a annoncé qu’un comité parlementaire se pencherait sur la réforme.
Pour M. White, les usines devraient simplement investir davantage dans les travailleurs canadiens et moins dans les travailleurs étrangers.
«Ça leur coûte quelque chose pour les faire venir ici. Ils doivent leur trouver un endroit pour vivre et leur payer un billet d’avion aller-retour. S’ils mettaient plutôt cet argent dans les salaires, ils n’auraient probablement pas de problème de manque de main-d’oeuvre.»
Plusieurs usines font des efforts additionnels pour recruter des travailleurs locaux, selon Nat Richard, de Westmorland Fisheries.
«Crois-moi, on se casse la tête à longueur d’année pour savoir comment recruter des gens et les garder. On se demande comment faire pour se rendre plus attrayant comme employeur, que ce soit par rapport aux conditions de travail, à l’offre du transport gratuit ou aux initiatives pour créer des liens avec des groupes de gens qui pourraient être intéressés à travailler chez nous», avait-il expliqué lors d’une entrevue téléphonique avec l’Acadie Nouvelle en février.
Certaines usines sortent des sentiers battus en investissant dans de nouvelles technologies de mécanisation de la transformation des fruits de mer.
«Notre préférence, c’est d’embaucher des Canadiens. On ne le fait pas (embaucher des travailleurs étrangers temporaires) parce que ça coûte moins cher, mais parce qu’on n’arrive pas à subvenir au besoin de main-d’oeuvre.»