L’HOMME QUI RAMASSE LES SERINGUES
Un homme de Moncton dit ramasser plus de 4000 seringues souillées par an dans les parcs et sentiers de la municipalité. Voilà près d’une dizaine d’années que Richard Hyslop est sur une quête pour éliminer ces dangers pour la sécurité des enfants des lieux publics.
«J’en avais assez que tout le monde se passe la balle. Je me suis dit que si je ne le faisais pas, que personne ne le ferait. La balle, elle s’arrête ici.»
Pour déceler les seringues, Richard Hyslop compte sur l’aide de ses quatre chiens, Tiny, Reese, Bam Bam et Bandit.
«Le chien va pointer la seringue du museau. Je prends ma paire de pinces, je la prends, et je la dépose dans un contenant rigide et je referme le couvercle. Ensuite, j’emporte mes seringues à Sida Moncton ou dans une pharmacie pour en disposer», explique Richard Hyslop.
Il en trouve partout. Près des maisons, dans les parcs publics, dans les sentiers, dans les buissons, dans les coins sombres des ruelles… et même près des écoles.
Cet été, Richard Hyslop a retrouvé quelques seringues souillées près de la clôture d’un enclos d’une garderie «bien connue» de la ville. Il était hors de lui. «J’étais tellement en colère quand j’ai vu ça. Certaines personnes n’ont aucun scrupule, ou simplement pas conscience des dangers.»
L’Acadie Nouvelle rapportait la semaine dernière qu’un père de famille a découvert une vingtaine d’aiguilles souillées au parc Jones, près d’où ses trois enfants s’amusaient. M. Hyslop s’est senti interpellé par le cri du coeur de Gabriel Girouard. Il entreprendra une opération nettoyage sur le site au cours des prochains jours.
Malgré sa volonté de fer, Richard Hyslop ne peut se déplacer sur de longues distances.
L’homme est aux prises avec plusieurs problèmes de santé. Un accident de travail l’a laissé avec des maux de dos chroniques, des implants en métal aux jambes et des troubles de stress post-traumatique. Il reçoit aujourd’hui des prestations d’invalidité, avec lesquelles il peine à nourrir ses quatre compagnons poilus. Il lui est déjà arrivé de se priver de loyer pour un certain temps afin de subvenir à leurs besoins.
M. Hyslop a approché la municipalité pour recevoir une rémunération pour ses services, ou du moins de la nourriture pour ces chiens. Il affirme avoir été accueilli plutôt froidement. «Ils m’ont demandé d’arrêter de faire ça parce c’est dangereux. Je sais ce que je fais et j’accepte les risques.»
L’homme âgé de 56 ans estime avoir sauvé des milliers de dollars aux contribuables en frais de soins de santé, grâce à son initiative.
Peu importe ses difficultés financières, ce qui compte est le sentiment d’accomplissement qu’il tire de son travail.
«C’est une religieuse, Auréa Cormier, qui m’a montré la valeur d’aider les autres. Je lui dois beaucoup. Aujourd’hui, ma santé ne me permet pas de faire grand-chose. Mais si je peux sauver la vie d’un enfant, ça vaut tout l’or du monde.»
Il entend continuer de ramasser des seringues souillées pour aussi longtemps qu’il le pourra.