Remaniement: Freeland remplace Dion aux Affaires étrangères
Ce qui ne devait être qu’un léger jeu de chaises musicales s’est plutôt transformé en remaniement majeur du conseil des ministres du gouvernement Trudeau.
Le tiers du cabinet est touché par les changements annoncés mardi après-midi.
Stéphane Dion a perdu son poste de ministre des Affaires étrangères et, ne siégeant plus au cabinet, a annoncé la fin de sa vie politique.
François-Philippe Champagne a été promu ministre. L’élu de la Mauricie s’était fait remarquer dans son rôle de secrétaire parlementaire du ministre des Finances. Il devient ministre du Commerce international. Mais le plus gros morceau de ce ministère, la relation Canada-États-Unis, demeurera entre les mains de celle qui le pilotait jusque-là.
Chrystia Freeland remplace donc M. Dion aux Affaires étrangères. Mais elle conserve la responsabilité des dossiers de commerce avec les États-Unis.
L’autre grand départ est celui de John McCallum, qui est nommé ambassadeur en Chine. C’est son collègue ontarien Ahmed Hussen qui quitte l’arrière-ban pour devenir ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
En annonçant ce changement, le premier ministre a vanté le travail de M. McCallum pour l’accueil de 39 000 réfugiés syriens l’an dernier. «Son travail (...) a inspiré tous les Canadiens et a donné l’exemple au monde entier», peut-on lire dans le communiqué de Justin Trudeau.
Le nouveau ministre de l’Immigration est, lui-même, un immigrant d’origine somalienne, arrivé au Canada en 1993.
Le premier ministre a renvoyé MaryAnn Mihychuk au rôle de simple députée. Patricia Hajdu aura donc dorénavant le portefeuille de l’Emploi, du Développement de la maind’oeuvre et du Travail.
Justin Trudeau a rétrogradé Maryam Monsef au ministère de la Condition féminine que détenait, jusque-là, Mme Hajdu. C’est l’Ontarienne Karina Gould, aussi nouvelle venue au cabinet, qui a obtenu le ministère des Institutions démocratiques, portefeuille qui inclut la réforme du mode de scrutin, un dossier malmené par Mme Monsef.
Ce bouleversement fait donc manifestement des gagnants et des perdants, certains plus mauvais perdants que d’autres.
L’opposition conservatrice n’a pas tardé à juger sévèrement le remaniement.
«Changer les visages au cabinet ne changera pas le mauvais jugement et l’orientation de notre pays fondamentalement erronée du premier ministre», a déclaré la leader parlementaire des conservateurs, Candice Bergen, dans un communiqué diffusé mardi aprèsmidi. Mme Bergen s’y inquiète aussi de l’avenir de la relation canado-américaine avec l’assermentation prochaine d’un président protectionniste.
Le ton du communiqué du Bloc québécois était plus dur encore. «C’est un changement purement cosmétique», de l’avis de Rhéal Fortin, leader par intérim du Bloc.
«Stéphane Dion n’a pas décidé tout seul d’approuver la vente d’armes à l’Arabie saoudite, tout comme ce n’est pas Maryam Monsef qui a décidé que le processus vers la réforme du mode de scrutin n’aboutirait à rien. Ils ont rempli le mandat intenable que leur a confié Justin Trudeau et aujourd’hui, de nouveaux valets reprennent le service», selon les bloquistes.