LE TIERS DES PLAINTES REJETÉES PAR LA POLICE
Le taux d’allégations désignées comme non fondées est très élevé à Saint-Jean (51%), mais plus bas à Fredericton (16%). La GRC Codiac, dans le Grand Moncton, a un taux de 33%, alors que le service municipal de Bathurst en a un de 39%. Campbellton est à 39%, Miramichi est à 28% et Edmundston est à 22%.
Les plaintes de victimes néo-brunswickoises d’agressions sexuelles sont plus susceptibles d’être classées non fondées que celles dans tous les autres provinces et territoires du pays.
Le Nouveau-Brunswick a le taux d’allégations d’agression sexuelle désignées comme non fondées le plus élevé au pays, a dévoilé en fin de semaine une enquête exhaustive du quotidien national Globe & Mail.
De 2010 à 2014, les forces policières de la province ont conclu que près du tiers des crimes sexuels allégués (32%) n’ont pas eu lieu.
Les Territoires du Nord-Ouest (30%), le Nunavut (28%) et l’Île-du-Prince-Édouard (27%) suivent dans l’ordre. La moyenne nationale est à 19%.
«Ce n’est pas un résultat qui est souhaitable au Nouveau-Brunswick, et ça doit appeler à une remise en question. On sait qu’en général, une victime sur 10 porte plainte à la police. Si cette victime a moins de chance d’être entendue - d’être prise au sérieux - ici qu’ailleurs au pays, c’est encore plus dommage pour nous», mentionne Marie-Andrée Pelland, qui est professeure de criminologie de l’Université de Moncton.
Mme Pelland remarque que certaines grandes villes, dont Toronto, ont réussi à maintenir un taux de désignations non fondées relativement bas grâce à des unités spécialisées dans les crimes sexuels.
«Les membres sont formés pour accueillir les victimes et utilisent des techniques d’entrevue particulières pour obtenir de la preuve. C’est peut-être ça qui manque au Nouveau-Brunswick comparativement aux grandes villes canadiennes.»
Une recherche approfondie est nécessaire afin de connaître la cause exacte du phénomène au Nouveau-Brunswick. Mme Pelland explique que plusieurs hypothèses peuvent être avancées, dont «l’application trop serrée du code judiciaire» et la possibilité que «les policiers n’aient pas une écoute attentive pour ce genre de plaintes».
Le Globe & Mail a étudié la question pendant 20 mois avant de publier le fruit de ses travaux, samedi. L’équipe a formulé plus de 250 demandes d’information touchant 1100 juridictions et effectué des dizaines d’entrevues.
Le dossier décrit la mésaventure d’une dénommée Ava, étudiante à la Western University de London, en Ontario, qui n’a pas été crue par un enquêteur de la force policière locale quand elle lui a raconté qu’un autre étudiant l’avait violé lors d’une fête étudiante.