Acadie Nouvelle

Tracadie: une fresque signée Raynald Basque sous la tapisserie du salon

- Vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Lors de rénovation­s, une famille de Tracadie a fait une surprenant­e découverte sous le papier peint du salon.

Paul St-Coeur est en pleins travaux. Il rénove le triplex qu’il possède, chemin Robinson, à Tracadie. La partie réservée à sa fille, de retour de Montréal, prend forme. Fin mars, elle devrait être habitable.

Il y a deux semaines, la Montréalai­se a dit à son père qu’elle n’aimait pas le papier peint à motifs fleuris qui recouvrait les murs du salon. Armée d’une spatule et d’une bassine d’eau chaude, elle s’est employée à le décoller.

Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant une figure peinte en dessous! Après avoir raclé tout le pan, elle s’est retrouvée face à une fresque murale de 27 pieds de long par 7 pieds de haut représenta­nt une scène de vie acadienne en bord de mer, signée Raynald Basque.

Près d’une grange ouverte et d’une maison en bardeaux bâtie sur la côte, une femme accompagné­e d’un chien désherbe un champ de plants de légumes. On aperçoit le toit d’autres habitation­s et le clocher d’une église à l’arrière-plan.

Ainsi (re)mise au jour, la peinture – qui impression­ne par ses dimensions – attise les curiosités.

«Ma famille et des amis sont venus l’admirer», confie Paul St-Coeur.

Mardi matin, Raynald Basque s’est déplacé pour revoir le résultat de son travail.

«Je ne pensais pas qu’elle existait encore», commentait-il, devant son oeuvre.

L’artiste se souvient de l’époque où il l’a créée.

«C’était le propriétai­re d’alors qui m’avait passé la commande. Je peignais de nuit parce qu’il travaillai­t de nuit. On était en 1978.»

Au cours de sa carrière, Raynald Basque a réalisé plusieurs fresques de cette taille, dont deux dans des églises. «Ça pouvait rapporter», souligne-t-il. Celle de Tracadie est sans conteste la plus personnell­e.

«Ce qu’on y voit condense toute mon enfance. La maison ressemble à celle où j’ai grandi. Le camion rouge est celui de mon père. La femme, c’est ma mère.»

Pour l’église, il s’est inspiré de l’édifice de Saint-Irénée d’où il est originaire. Raynald Basque serait prêt à se lancer à nouveau dans la réalisatio­n d’une oeuvre de cette ampleur, mais ce n’est plus à la mode.

«Hormis celle-là, toutes les fresques que j’ai faites ont disparu.»

Ce n’est plus qu’une question de temps avant que son oeuvre du chemin Robinson ne connaisse le même destin funeste. Dans quelques jours, Paul St-Coeur peindra toutes les cloisons du salon en gris, conforméme­nt aux souhaits de sa fille.

Une couleur neutre, c’est plus facile pour agencer sa décoration.

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