Acadie Nouvelle

LA POLICE RÉVISE DES DOSSIERS REJETÉS

Les forces policières du NouveauBru­nswick réviseront les allégation­s d’agressions sexuelles désignées comme étant sans fondement.

- jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Une enquête exhaustive menée par le Globe & Mail a braqué les projecteur­s sur les pratiques policières du N.-B. Sur une période de cinq ans, de 2010 à 2014, 32% des plaintes de crimes sexuels reçues par les forces de l’ordre ont été désignées sans fondement, c’est-à-dire que l’enquêteur a conclu qu’aucun crime n’a eu lieu. C’est le taux le plus élevé au Canada. Les neuf corps policiers municipaux ou régionaux du Nouveau-Brunswick n’ont pas pris la nouvelle à la légère. Les chefs se sont concertés sur le sujet mardi lors d’une conférence téléphoniq­ue. Ils ont décidé d’agir immédiatem­ent en révisant tous les dossiers non fondés pendant la période de l’étude du quotidien national.

«Tous les chefs se sont entendus pour dire que ça serait prudent de faire une révision des dossiers. C’est ce qui a lieu tout de suite», assure Paul Fiander, chef de police de Miramichi et vice-président de l’Associatio­n des chefs policiers du Nouveau-Brunswick.

Certains chefs policiers croient que le taux élevé au Nouveau-Brunswick est le produit d’un simple problème de classifica­tion. Des dossiers sont désignés «non fondés» alors qu’ils sont plutôt «inactifs».

«Toutes les plaintes d’agression sexuelle sont prises au sérieux. Je pense que la classifica­tion a porté à confusion. Le dossier du Globe & Mail semblait indiquer que les policiers ne croient pas les plaignante­s, mais je ne pense pas que c’est le cas», mentionne Gilles Lee, chef policier d’Edmundston et président de l’associatio­n des chefs.

La GRC a aussi réagi à l’enquête cette semaine. Elle n’ira cependant pas aussi loin que les forces municipale­s et régionales du N.-B.

Dans un communiqué de presse, le bureau national de la GRC a indiqué que les «commandant­s de division d’un bout à l’autre du pays» ont reçu l’ordre de réviser les dossiers de plaintes désignées non fondées en 2016. Elle révisera aussi «un échantillo­n» de dossiers des années précédente­s.

«Il peut être ardu et complexe pour les enquêteurs de déterminer les circonstan­ces précises entourant une allégation d’agression et de recueillir et de préserver la preuve. Comme l’a dit le commissair­e lundi dernier devant le Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense, les conclusion­s d’une enquête doivent s’appuyer sur des preuves, et non sur des opinions», peut-on lire dans le communiqué.

La GRC et les forces municipale­s et régionales assurent que si leur enquête interne dévoile des lacunes dans les techniques d’enquêtes sur les agressions sexuelles, elles effectuero­nt une révision des politiques et envisagero­nt des formations additionne­lles.

Le Conseil des femmes du NouveauBru­nswick demande au gouverneme­nt provincial d’intervenir. L’organisme revendique un plan, élaboré en collaborat­ion avec les intervenan­ts institutio­nnels et communauta­ires, visant à aider les victimes de violence sexuelle dans le cadre de leurs interactio­ns avec le système de justice.

«Dans leur état actuel, les systèmes en place ne peuvent répondre aux besoins particulie­rs des personnes ayant survécu à une agression sexuelle. Le Nouveau-Brunswick doit se doter d’un plan exhaustif et coordonné afin de mieux aider ces personnes», a affirmé Beth Lyons, directrice générale du conseil.

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De 2010 à 2014, 32% des plaintes de crimes sexuels reçues par les forces de l’ordre ont été désignées comme étant sans fondement, c’est-à-dire que l’enquêteur a conclu qu’aucun crime n’a eu lieu. - Archives
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