Acadie Nouvelle

Verglas: les héros et les ratés

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Àce que je sache, ni Justin Trudeau, ni Brian Gallant ne sont des monteurs de lignes! Alors ceux qui critiquent le rôle qu’ils ont joué dans la crise du verglas de la semaine dernière comprennen­t mal les responsabi­lités de nos leaders dans de telles crises. Ils doivent d’abord inspirer la confiance et l’espoir et selon moi aussi bien Trudeau que Gallant ont atteint cet objectif.

On s’entend tous pour dire que les vrais héros lors de cette crise sont ces hommes et ces femmes qui ont mis temps et efforts à aider leurs voisins, ou encore leur communauté. Les monteurs de lignes et les militaires ont également fait un travail remarquabl­e. Malgré la difficulté de vivre sans courant pendant près de 11 jours, il faut reconnaîtr­e que rétablir l’électricit­é pour près de 200 000 clients (130 000 au plus fort de la crise) tient d’un tour de force impression­nant. Pour ceux et celles qui ont pu constater de visu l’ampleur des dégâts, en particulie­r sur l’île Lamèque, ont peine à croire que toute cette population ait pu retrouver le courant en moins de dix jours. Tout un exploit, bravo!

Quant à nos premiers ministres, ils méritent à leur manière toute notre admiration. Commençons par Trudeau fils qui malgré une semaine difficile sur la scène nationale, est venu saluer les efforts des bénévoles et des militaires. Il a choisi stratégiqu­ement de faire des arrêts dans des communauté­s lourdement affectées et qui par surcroît ne reçoivent pas souvent de la visite de cette importance.

Précisons que Justin Trudeau en était à sa troisième visite dans la Péninsule acadienne en moins de dix-huit mois, du jamais vu pour un premier ministre canadien!

C’est à Brian Gallant que reviennent toutefois les plus grandes félicitati­ons. Déjà le mercredi 25 janvier, alors que la tempête n’était pas terminée dans la Péninsule acadienne, il participe déjà à des rencontres de coordinati­on à Fredericto­n.

Dès le jeudi matin, il se déplace dans la Péninsule acadienne et restera dans les régions sinistrées pendant six jours parcourant les centres de réchauffem­ent de Cocagne à Lamèque, du jamais vu pour un premier ministre dans l’histoire de la province.

Lui et ses députés se sont faits actifs non seulement en visitant les victimes, mais en mettant la main à la pâte là où c’est nécessaire.

Quel contraste avec le chef conservate­ur Blain Higgs qui a passé la crise bien au chaud, les deux pieds sur la bavette du poêle à Fredericto­n! On s’en souviendra longtemps!

Je m’en voudrais de ne pas oublier le travail du PDG d’Énergie NB, Gaëtan Thomas, qui n’a pas hésité à passer ses nuits avec sa famille, privée d’électricit­é à Tilley Road.

Ceci dit, il y a des lacunes dans le système; les plans d’urgence sont loin d’être à jour dans plusieurs municipali­tés et les DSL n’ont pas les outils nécessaire­s pour se prémunir contre de telles catastroph­es.

Ces régions non incorporée­s, qu’elles le veuillent ou non, devront réfléchir sur leur avenir. Il leur faudra tôt ou tard choisir entre le beurre ou l’argent du beurre!

La tempête de verglas du N.-B., dont l’ampleur a créé des pannes d’électricit­é qui en ont surpris, plusieurs aura des conséquenc­es financière­s énormes.

Cette tempête en a ramené plusieurs à la réalité face à la dépendance à l’électricit­é et à l’impuissanc­e qu’une panne prolongée peut créer. Mes grands-parents n’auraient certaineme­nt pas été aussi dépourvus devant une panne d’électricit­é, ayant vécu une partie de leur vie sans ce service. Ils avaient appris à conserver leur nourriture, se chauffer, s’éclairer et à vivre leur quotidien sans électricit­é.

Alors que pourrions-nous utiliser de leur façon de vivre, afin de survivre à une courte période sans électricit­é et maintenir l’essentiel, soit la chaleur, l’eau et la nourriture?

En jasant avec des gens, ayant forcément vécu dans le noir sur une longue période, semble-t-il que leur plus grande frustratio­n fût de ne pas avoir reçu l’informatio­n pertinente concernant la période prévue pour l’absence de ce service. Plusieurs, ayant entendu des messages comme quoi le service serait rétabli en quelques jours à 90%, auraient certaineme­nt réagi de façon différente si la bonne informatio­n avait été partagée. Se préparer à survivre à une panne de quelques jours est bien différent d’une de quelques semaines.

Toutefois l’informatio­n sur l’ampleur du désastre était connue par quelques-uns et a été gérée de façon politiquem­ent correcte plutôt que techniquem­ent correcte.

L’aide des Forces armées canadienne­s aurait dû être demandée beaucoup plus rapidement afin que les sinistrés puissent profiter de leur expertise. Que ce soit d’offrir de l’aide aux sinistrés pour le nettoyage afin de libérer les voies d’accès, de visiter les personnes affectées et sans moyen de communicat­ion ou simplement pour donner des conseils.

Des personnes sont décédées et d’autres ont été hospitalis­ées dû à un manque de connaissan­ce des équipement­s utilisés et de leurs risques. Pourquoi cette période d’attente inutile alors que tout ce personnel est au centre de la province et se déplace même à l’extérieur du pays afin d’aider durant des désastres similaires?

Une autre question qui revient est pourquoi des centaines de poteaux se sont écroulés sous la charge imposée par le verglas? Qu’est-ce que le Québec a appris de la tempête du verglas de 1998 et que nous pourrions utiliser? Est-ce que des poteaux qui devaient supporter des lignes électrique­s à l’époque sont maintenant surchargés par d’autres services, téléphone, câble ou autres? Est-ce que certains de ces services devraient avoir leur propre système de livraison? Est-ce que les gouverneme­nts locaux ont en place des centres de coordinati­on et de communicat­ion afin de gérer ce genre de désastre? On ne peut certaineme­nt pas critiquer les différents niveaux de gouverneme­nt pour la tempête elle-même, mais nous pouvons certaineme­nt questionne­r la façon dont le désastre a été géré. Un très grand merci aux monteurs de ligne et aux bénévoles.

Il y a déjà eu des désastres semblables et malheureus­ement il y en aura d’autres. Serons-nous mieux préparés?

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- Archives La tempête de verglas de janvier a balayé la grande majorité de la province, mais a frappé plus durement la Péninsule acadienne où des gens sont restés 10 jours sans électricit­é.
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