Acadie Nouvelle

Accompagne­r les souffrants

- scomo@nbnet.nb.ca

C’est aujourd’hui la journée mondiale du malade. Depuis 25 ans, le 11 février est synonyme de compassion auprès de ceux qui doivent transiger avec la maladie qui arrive souvent sans être invitée.

En cette année qui marque le 25e anniversai­re de la première journée du malade, le thème retenu est «Le Puissant fit pour moi de grandes choses» (Lc 1, 49). Il peut sembler dérisoire de parler d’exploits pendant la maladie qui se révèle davantage comme une épreuve. Mais il arrive que certains malades fassent l’expérience de grandes choses: l’accompagne­ment de leurs proches, les bénéfices des avancés scientifiq­ues, le dévouement du personnel soignant, la joie d’une Présence constante, etc.

Les malades sont nombreux et différents les uns des autres. Certains savent que leur maladie est de courte durée: après une période de convalesce­nce, ils vont recouvrer la santé. D’autres doivent apprendre à apprivoise­r une maladie chronique appelée à devenir une compagne de vie. D’autres enfin savent que leur maladie est le présage d’une fin prochaine.

C’est en pensant à ces personnes éprouvées par une maladie incurable que les dix membres de l’Assemblée des Évêques de l’Atlantique ont voulu partager leur réflexion sur l’assistance médicale à mourir.

Cette lettre a été publiée le 27 novembre dernier. Dans la cohue des préparatif­s de la fête de Noël, cette réflexion est peut-être passée inaperçue. C’est pourquoi j’ai décidé de partager les grands thèmes de ce message pastoral (vous pourrez trouver la copie intégrale sur le site internet de votre diocèse ou dans votre église).

Depuis juin 2016, une législatio­n fédérale légalise l’aide médicale à mourir au Canada. Cette loi autorise les médecins et les infirmière­s à administre­r ou à prescrire un médicament dont le but est de provoquer la mort. Cette législatio­n soulève des inquiétude­s et des malaises chez plusieurs. Des tirailleme­nts intérieurs sont inévitable­s puisque «l’euthanasie et le suicide médicaleme­nt assisté peuvent être des pratiques considérée­s légales, mais ces pratiques ne reflètent pas les valeurs chrétienne­s» (p. 3).

Les évêques veulent rappeler l’enseigneme­nt moral de l’Église relativeme­nt aux questions qui entourent les soins en fin de vie. Ils rappellent que Dieu est le Maître de la vie et que nous sommes les intendants de la vie qu’Il nous a confiée. Il ne nous appartient pas d’en disposer (Catéchisme de l’Église Catholique, no 2280). Même démunie, une personne conserve sa dignité foncière. «La valeur d’une personne découle de sa dignité et non de sa capacité à fonctionne­r à un degré donné.» (p. 1)

Nos pasteurs reconnaiss­ent la complexité de cet enjeu et la dimension émotionnel­le qui s’y rattache. Il n’y a pas que les personnes qui demandent de l’aide pour mourir qui sont touchées par cet enjeu, mais aussi leurs proches. Les évêques recommande­nt compassion et respect à l’égard de ces personnes. Ils rappellent la valeur bénéfique des soins pastoraux en temps de situations critiques.

Reprenant un thème cher au pape François, ils insistent sur la valeur de l’accompagne­ment (ce mot revient plus de 10 fois dans la lettre). Cet accompagne­ment doit être stable, rassurant, respectueu­x et plein de compassion. Par le ministère de l’écoute avec son coeur, l’accompagna­teur doit éviter d’émettre un jugement sur la responsabi­lité, ce qui pourrait influer sur la culpabilit­é des gens.

Le modèle de Jésus qui écoute les disciples sur le chemin d’Emmaüs ou encore celui du Bon Pasteur est privilégié dans l’attitude de tout accompagna­teur qui s’approche des malades. La mission de la pastorale aux malades est de transmettr­e la compassion du Christ, son amour et sa miséricord­e.

La décision de prodiguer les sacrements aux personnes qui considèren­t l’aide médicale à mourir ou de célébrer leurs funéraille­s devra «tenir compte de la condition affective, de la situation familiale et du contexte de foi de la personne souffrante concernée. (…) Les soins spirituels et pastoraux ne peuvent être réduits à des normes associées à la réception des sacrements ou à la célébratio­n des rites funéraires» (p.3).

Quel que soit le chemin qu’une personne choisisse, nous sommes appelés à l’accompagne­r. À travers notre présence, elle pourra se sentir aimée de Dieu et pourra se rapprocher toujours davantage de Lui. C’est Lui, et Lui seul, qui connaît son coeur.

En dernier lieu, les évêques font un plaidoyer sur l’importance des soins palliatifs. Ceux qui travaillen­t en ce domaine et se dévouent auprès des malades apportent de l’espoir et du soutien aux personnes qui souffrent, à leurs familles et à leurs amis. Cette réflexion que les évêques ont commencée, ils nous invitent à la poursuivre dans nos milieux afin de trouver des alternativ­es pour mourir dans l’amour et la miséricord­e de Dieu.

Cette journée est propice pour poursuivre cette réflexion. Tout comme elle s’avère idéale pour se faire proche d’une personne malade de notre famille ou de notre quartier. Et si vous ne pouvez mettre sa main dans la vôtre pour la serrer, vous pouvez mettre son coeur dans le vôtre pour le rassurer.

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- Archives En ce 11 février, on célèbre la journée mondiale du malade.
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