Être un Tom Brady
Ça, c’était en 2000. Dix-sept ans plus tard, ce gars sur qui les recruteurs avaient la dent dure compte maintenant cinq conquêtes du Super Bowl et quatre titres de joueur par excellence de cette classique. À 39 ans, il a orchestré, dimanche contre les Falcons d’Atlanta, probablement la remontée la plus spectaculaire du sport en comblant un retard de 25 points en moins de 23 minutes.
Plusieurs estiment qu’il est maintenant le plus grand quart de l’histoire de la Ligue nationale de football. Devant Joe Montana. Devant Peyton Manning. Devant Terry Bradshaw. Devant Roger Staubach. Ce ne sont pas des pieds de céleri, ces gars-là.
Il s’agit pourtant de ce même gringalet maigrichon qui n’avait apparemment aucune aptitude physique et mentale pour occuper le poste le plus important dans une équipe de football.
On parle de Tom Brady, des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Incroyable, n’est-ce pas? On peut facilement tirer des leçons de son parcours atypique qui a débuté par un obscur choix de 6e tour en 2000.
Des leçons que nous pouvons certainement appliquer chez nous, dans nos actions de tous les jours. Ici, au NouveauBrunswick.
La vie d’un athlète ou d’une équipe n’a rien d’un long fleuve tranquille, spécialement dans une petite province comme la nôtre. Les défis sont nombreux. Les épreuves se succèdent souvent à un rythme un peu trop effréné à notre goût. Les commentaires des autres sont autant de petits clous que l’on enfonce dans la peau.
Pire, ces paroles sont si blessantes qu’elles deviennent un poids insupportable.
La pression est souvent forte pour qu’on réussisse. Elle vient de l’entourage direct - les parents, les entraîneurs, les amis. Elle vient aussi de soi. Elle vient aussi de ces analystes qui connaissent le sport qui cherchent à mettre à l’avantplan vos moindres défauts, comme s’il s’agissait d’une tare repoussante.
Dans ces conditions, il y a deux façons de réagir: la facile et la plus dure.
On peut baisser les bras et prendre ces évaluations comme la vérité toute crue. Se dire que ça ne sert à rien de continuer nos efforts. Abandonner. C’est la solution facile. Tom Brady aurait très bien pu prendre la documentation des recruteurs qui ne voyaient rien en lui et se dire qu’il ne fera jamais carrière dans le sport qu’il aime.
Le poids des mots l’aurait écrasé comme une mouche.
Par contre, on peut utiliser ces commentaires comme une source intarissable de motivation. «C’est ce que vous pensez de moi? Regardez-moi bien aller!» On intensifie le travail, on améliore la technique et l’exécution. On devient plus fort, autant physiquement qu’entre les deux oreilles. On étudie, on réfléchit, on agit. Et on finit par faire ravaler les paroles de ces soit-disants experts quand on brandit les bras en l’air après une victoire ou une performance inspirante.
On peut saisir sa chance. Mais pour la saisir, il faut la provoquer. Ce n’est pas en restant assis, à croire tout ce que l’on dit de négatif, qu’on va la trouver.
Évidemment, c’est le chemin le plus difficile. Il va demander de nombreuses heures de sacrifices, à répéter, à s’entraîner, à dépasser les limites de notre corps et de notre esprit. Ça va faire mal, c’est
On le disait très lent et peu athlétique. Ses qualités pour le poste de quart étaient très limitées, selon les recruteurs. Maigre, faible, frêle, disait-on aussi. Très facile à jeter au sol, manque de mobilité, incapable d’échapper à la pression, avait-on également remarqué. Incapable de lancer une spirale ou de jouer dans beaucoup de systèmes différents, incapable de lancer de longues passes, incapable de mener une attaque sur une longue distance…
certain. Mais c’est celui qui est le plus gratifiant.
Je suis convaincu que nous avons tous de cette graine de gagnant. Que nos athlètes et nos équipes sont tous, à quelque part, des champions, des meneurs, des inspirations. Parfois, c’est enfoncé dans un coin caché de nous. Il suffit de se réveiller, de lui donner un électrochoc pour nous mener jusqu’au touché victorieux en prolongation d’un match de championnat.
Oui, nous pouvons tous être un Tom Brady.