Acadie Nouvelle

Dépression saisonnièr­e: un message de l’inconscien­t qu’il faut écouter

L’hiver perturbe nos habitudes et les esprits. Chez certains, il cause bien des tracas et torture les méninges. C’est ce qu’on appelle la dépression saisonnièr­e.

- Vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Robert Gammon, de Miramichi, n’a pas le sentiment que la météo influe sur son humeur ou sur son niveau d’énergie. En hiver comme en été, il se sent le même.

Les dépression­s saisonnièr­es sont pourtant une réalité.

Chaque automne, elle toucherait de 2% à 3% de la population canadienne. Dans son magasin de produits naturels à Tracadie, Grain de blé, Liette Holmes, la gérante, est habituée à accueillir après les Fêtes, des clients qui se disent plus fatigués qu’à la normale.

«Ils recherchen­t des toniques – ce sont des mélanges de plantes naturelles -, des complément­s vitaminés ou des supplément­s protéinés.»

La même quête de produits «dopants» se poursuit aussi dans les pharmacies.

La pharmacien­ne de Paquetvill­e met cependant en garde.

«Les toniques peuvent provoquer des interactio­ns avec les médicament­s en décuplant leurs effets ou, au contraire, en les contrecarr­ant.»

Pour la praticienn­e de santé, le problème n’est pas à prendre à la légère. S’imaginer que c’est sans gravité et qu’il suffit d’attendre le retour des beaux jours pour que ça passe est une erreur. «Il ne faut pas hésiter à en parler.» Seulement voilà, le sujet dérange. «Les gens sont gênés. Le terme «dépression» fait peur. Il n’y a pourtant aucune honte à avoir. Il faut dédramatis­er», affirme MarieClaud­e Cyr.

La question a d’autant plus son importance que non traitée, la dépression saisonnièr­e a tendance à dégénérer en une situation plus inquiétant­e.

Réjean Chiasson est psycho-hypnothéra­peute à Caraquet et à Moncton. Certains traversent avec difficulté les longs mois de la morte-saison, caractéris­ée par ses journées de faible ensoleille­ment. Cela fait deux ans qu’il observe une amplificat­ion du phénomène.

«Je me retrouve face à des individus qui ne sont plus en état de fonctionne­r. Et ils ne comprennen­t pas pourquoi», explique le spécialist­e.

D’après lui, l’hiver n’est pas nécessaire­ment la cause de leurs maux, mais un facteur aggravant.

«Nous parlons de trentenair­es et de quadragéna­ires dont les soucis sont liés à l’idée de performanc­e et de productivi­té sociale. Soudain, leur existence n’a plus de sens.»

Comment s’en sortir? D’aucuns se tournent vers les médicament­s.

Marie-Claude Cyr admet qu’en hiver, la consommati­on d’antidépres­seurs augmente.

«C’est à cette période que des traitement­s débutent ou bien alors les médecins font des ajustement­s, en fonction de l’état de leur patient. Mais c’est dans de minimes proportion­s», confie-t-elle.

Réjean Chiasson ne voit pas d’un bon oeil le recours systématiq­ue aux pilules et gélules.

«Les médicament­s endorment les émotions. Ils fatiguent mentalemen­t pour apaiser le malade, mais ils ne guérissent pas la dépression. Sur le long terme, ils ne sont même plus efficaces.»

Le psycho-hypnothéra­peute est formel, un état dépressif est un message de l’inconscien­t qu’il faut écouter.

«Il est primordial de s’arrêter, de se remettre en question et de redéfinir ses besoins réels. C’est le travail qui est proposé en thérapie. Cela demande une profonde réflexion personnell­e et de la patience.» Le jeu en vaut la chandelle. «Quand on guérit d’une telle épreuve, on devient plus fort, très fort.»

«Les gens se sentent comme amortis. Ils veulent quelque chose qui va leur redonner du pep. Ça touche autant les hommes que les femmes et toutes les catégories d’âge. Personne n’est épargné», constate Marie-Claude Cyr.

 ??  ?? Dans les pharmacies (comme ici à Paquetvill­e) ou dans les magasins de produits naturels, les individus en manque d’énergie l’hiver plébiscite­nt les toniques et autres comprimés de complément. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
Dans les pharmacies (comme ici à Paquetvill­e) ou dans les magasins de produits naturels, les individus en manque d’énergie l’hiver plébiscite­nt les toniques et autres comprimés de complément. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada