Acadie Nouvelle

À petit feu

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Statistiqu­e Canada a dévoilé ses premières données du recensemen­t 2016. À moins de vivre dans la région de Moncton, vous ne trouverez pas grand-chose pour vous réjouir.

Le Nouveau-Brunswick est la seule province ou territoire dont la population a diminué au cours des cinq dernières années.

La situation n’est pas catastroph­ique. On parle ici d’une réduction d’environ 4000 citoyens, sur une population de presque 750 000 habitants. Le Nouveau-Brunswick se vide lentement mais sûrement, mais nous ne sommes pas à la veille de voir le dernier résidant quitter notre province en fermant les lumières derrière lui.

Que l’on parle d’une augmentati­on ou d’une diminution de 4000 personnes ne change que très peu de choses. Dans les deux cas, il y a stagnation. Quand on sait à quelle vitesse augmente les coûts pour offrir des services gouverneme­ntaux de qualité à la population (santé, éducation, route, services sociaux, etc.), inutile de préciser qu’une hausse du nombre de citoyens de 0,2%, comme on retrouve en Nouvelle-Écosse, est loin d’être suffisante.

Le fait que le Nouveau-Brunswick est la seule province à gérer une décroissan­ce démographi­que a toutefois le mérite de placer cet enjeu sous le feu des projecteur­s.

Il sera plus difficile de tourner la page, comme cela aurait été le cas avec une minihausse de population.

Par ailleurs, le recensemen­t contient, comme à l’habitude, une mine d’or d’informatio­ns à propos de nos communauté­s.

Moncton est désormais la ville la plus populeuse du Nouveau-Brunswick, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Elle est plus centrale que Saint-Jean, son économie est plus diversifié­e et elle est linguistiq­uement plus représenta­tive de l’ensemble de la province.

La population de Moncton (+4,1%) et de Dieppe (+8,9%) n’augmente toutefois plus à un rythme aussi spectacula­ire qu’autrefois, Moncton ayant même chuté sous la moyenne nationale (+5%).

Néanmoins, la croissance reste robuste et profite à toute la région, comme on peut le constater à Memramcook (+4,2%) et surtout à Shediac (+10%).

Il y a une dizaine d’années, la Ville de Shediac s’était donné la mission de devenir la ville dortoir du Grand Moncton. Les chiffres nous dévoilent que c’est mission accomplie.

Sans grande surprise, les données nous révèlent que le déclin démographi­que se poursuit dans les régions rurales. Ce phénomène ne se fait pas sentir uniquement dans le Nord.

Des villes comme Bouctouche (-2,6%) et Richibucto (-1,6%) ont aussi été touchées.

Néanmoins, les communauté­s du Nord sont celles qui vivent la décroissan­ce la plus importante. Des chefs-lieux tels que Bathurst (-3,1%), Campbellto­n (-6,8%), Grand-Sault (-6,7%), Lamèque (-10,3%) et Shippagan (-1,9%) ont vu leur population diminuer.

Edmundston a fait bande à part (+3.4%), renversant ainsi une tendance lourde des dernières années.

C’est par contre la saignée dans les communauté­s voisines du Haut-Madawaska. On comprend mieux leur décision de fusionner afin de former une communauté rurale.

Ce phénomène n’est pas unique au Nouveau-Brunswick. Partout au Canada, des gens quittent les régions pour déménager dans les villes. Le marché de l’emploi a un impact immense sur ses mouvements de population. Nous avons beau vanter la qualité de vie en Acadie, ce n’est pas suffisant pour limiter les dégâts.

Cela a un impact économique concret. Moins de citoyens signifie moins de services (pensez aux fermetures des petites écoles), moins de main-d’oeuvre et moins de création d’emplois. La population est aussi un critère utilisé par les gouverneme­nts quand vient le moment de déterminer le montant des subvention­s à accorder aux communauté­s. D’où l’importance de se regrouper là où il est pertinent de le faire.

Si l’immigratio­n est une partie de la réponse au problème démographi­que du Nouveau-Brunswick, ce n’est probableme­nt pas le cas dans les régions rurales. L’expérience des réfugiés syriens nous a appris que les immigrants préfèrent les centres urbains plus populeux.

La solution passe plutôt par une politique de développem­ent des régions et, surtout, par une politique de la natalité.

Il est difficile d’augmenter et de rajeunir sa population avec un solde de migration interprovi­nciale négatif, un faible taux d’immigratio­n et un nombre de naissances qui dépasse à peine celui des décès.

Il faut prendre le problème au sérieux. Le plus tôt sera le mieux. La décroissan­ce démographi­que et le vieillisse­ment de la population nous causeront bientôt de gros maux de tête.

Nos dirigeants n’ignorent pas le problème, comme le démontrent les récents investisse­ments dans les services de garde de même que la mise en place de stratégies pour attirer plus d’immigrants. Néanmoins, il n’y a pas de temps à perdre si nous ne voulons pas que nos communauté­s disparaiss­ent à petit feu.

Nos efforts actuels sont largement insuffisan­ts. Un gros coup de barre devra être donné.

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