«ON SE CROIRAIT DANS LE TIERS-MONDE»
L’accès à l’internet demeure difficile pour certains Néo-Brunswickois qui vivent en milieu rural. L’intermittence ou la lenteur du réseau compliquent la vie des utilisateurs.
De nombreuses régions dont la densité de population est faible restent délaissées par les géants des télécommunications comme Bell Aliant ou Rogers.
C’est le cas des citoyens du chemin Pleasant Ridge à Rogersville, qui ne bénéficient pas du réseau internet par câble dans leur secteur.
Ils n’ont donc pas d’autre choix que de faire affaire avec Xplornet pour obtenir la câblodiffusion et l’accès à l’internet.
L’entreprise, dont le siège social est situé à Woodstock, utilise un réseau de tours sans fil et la technologie satellite pour transmettre les données internet.
Kevin Arseneau, copropriétaire de la Ferme Terre Partagée, déplore des coupures du signal à répétition.
Il assure avoir contacté Xplornet à plusieurs reprises qui lui a conseillé de changer de routeur. Malgré l’achat d’un modèle dernier cri, les problèmes continuent. Cela représente un poids pour le fermier qui se prépare à transférer les commandes de ses produits et la gestion des paniers biologiques sur une plateforme en ligne.
«Ça devient frustrant. Je travaille présentement sur notre site web et c’est arrivé à plus d’une reprise de perdre tout ce que j’avais fait. Parfois, je réponds à mes courriels, mais ça ne l’envoie pas. Je le réalise quelques jours plus tard et ça crée des délais.»
L’ex-enseignant Jacques Verge possède une résidence secondaire à Cap Spear, à proximité du Pont de la Confédération. Pour lui aussi, la transmission satellite est la seule option.
Il doit donc composer avec des limites de téléchargements et une vitesse de connexion très réduite. Le signal est régulièrement coupé en cas de mauvais temps, explique-t-il.
«S’il y a beaucoup de pluie, de la neige, tu n’as aucune connexion. On se croirait dans le tiers-monde!»
M. Verge estime que les régions non desservies par les services à haute vitesse sont handicapées dans leur développement.
«C’est un service essentiel. Les gens et les entreprises n’iront pas s’établir ici, dit-il. Il est impossible de travailler depuis la maison.»
Selon Kevin Arseneau, des investissements publics seraient nécessaires pour étendre le réseau internet par câble aux zones éloignées.
«On devient moins efficaces, moins compétitifs. Ça limite l’innovation, ça freine aussi certaines personnes qui veulent s’installer dans les régions rurales.»
Leur cas n’est pas isolé. En novembre, l’Acadie Nouvelle faisait écho des difficultés éprouvées par des clients du comté de Kent et de la Communauté rurale de BeaubassinEst.
Ceux-ci se plaignaient eux aussi des interruptions fréquentes du signal et la lenteur de la connexion.
«Ça me ralentit dans mon travail de tous les côtés», s’exaspère l’agriculteur président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.